Et si vous vous plongiez dans le Paris de Zola au coeur du Bon Marché?
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Du 2 septembre au 30 décembre, les étages du Bon Marché deviendront à la nuit tombée le théâtre d’un spectacle immersif librement inspiré par le roman Au Bonheur des Dames d’Emile Zola. L’occasion pour le célèbre grand magasin parisien de fêter dignement ses 170 ans. Toni Avenard, l’auteur de la pièce, nous dévoile les coulisses de ce projet fou.
Qui n’a pas rêvé de se retrouver enfermé, une fois les derniers clients partis, dans les dédales d’un grand magasin parisien? Du 2 septembre au 30 décembre, le Bon Marché vous invite à retrouver en ses murs, à la nuit tombée, les personnages mythiques d’Au Bonheur des Dames, l’un des plus célèbres romans d’Emile Zola. Une trentaine de comédiens seront dispersés un peu partout dans les rayons plongés dans la pénombre pour accentuer le mystère.
Chaque spectateur étant libre de déambuler comme bon lui semble à la suite des protagonistes de l’aventure, personne ne vivra la même expérience. Comme nous l’explique Toni Avenard, l’auteur de la pièce, “il ne s’agit pas ici d’une adaptation au sens strict du roman mais plutôt d’une sorte de “prequel” qui s’intéressera aux zones d’ombre entourant la création du premier temple du shopping”. Interview.
Comment vous est venue l’idée de monter ce spectacle immersif?
Notre société de production avait déjà monté un premier spectacle immersif durant l’été 2021. Cela s’appelait « Dernières fiançailles », nous l’avions joué pendant 4 mois dans un château à une heure de Paris. Il s’agissait d’un huis-clos familial pendant lequel se déroulait un meurtre et il fallait trouver le coupable. Frédéric Bodenes, le directeur artistique du Bon Marché est venu voir ce spectacle. Et il a eu un vrai coup de coeur. Quand il nous a proposé de le rencontrer la semaine suivante, nous pensions qu’il voulait nous demander d’organiser un événement d’un soir en collaboration avec une marque. Mais pas du tout. Il avait envie de marquer le coup pour les 170 ans du grand magasin en créant un spectacle inspiré par le roman de Zola. Nous sommes partis une semaine avec les équipes du Bon Marché en résidence d’artistes pour poser les bases du projet. J’ai commencé à écrire en novembre.
Doit-on s’attendre, comme dans le spectacle immersif à succès basé sur le roman Gatsby Le Magnifique à une reconstitution fidèle des aventures des héros du roman Au Bonheur des Dames?
Pas du tout. Nous avons gardé le cadre et quelques personnages. En particulier Octave, le directeur, et Caroline qui n’est citée qu’au tout début du livre. On y découvre alors qu’Octave a hérité du magasin suite au décès de sa femme morte en tombant dans les fondations du magasin. C’est le point de départ de notre intrigue : je me suis demandé s’il s’agissait vraiment d’un accident. Le spectacle est donc une sorte de “prequel” en fait. On se retrouve dans le magasin à l’époque de Caroline et on mène l’enquête.
Sans trop dévoiler l’intrigue, pouvez-vous nous expliquer comment cela va se passer pour ceux et celles qui pousseront la porte du magasin une fois les clients partis?
Chaque soir, 250 spectateurs seront conviés à découvrir les étages désertés du Bon Marché. Ils seront d’abord répartis en 8 groupes pour qu’on leur explique les règles de l’immersif : on ne parle pas, on n’interagit pas avec les comédiens, on peut déambuler à sa guise dans les 3000 m2 d’espace de jeu. Nous avons mis en place un scénario multiple : les gens peuvent se laisser guider par les comédiens et vivre ainsi leur propre expérience. Ils sont libres de suivre n’importe quel personnage, libres de s’attarder sur une scène, libres de s’imprégner de l’incroyable décor. Contrairement à une pièce de théâtre classique, Au Bonheur des Dames propose une narration non pas linéaire mais à 360°. Il est impossible d’assister à chacune des scènes. Mais c’est ça la magie et la beauté de l’expérience.
Cela veut dire que tout le monde ne verra pas la même pièce?
Exactement. Il y a une intrigue commune mais elle est perçue et racontée au travers des différents protagonistes. Sur la trentaine de comédiens, il y a huit rôles principaux. Si l’on veut tout comprendre de l’histoire, le plus sûr est de suivre l’un d’eux. Mais ce n’est pas une règle absolue. Les spectateurs peuvent faire ce qu’ils veulent. Ce qu’ils adorent dans l’immersif justement, c’est de voir quelque chose que d’autres ne voient pas. Avoir un sentiment d’avoir vu une scène tout seul. Certaines personnes veulent tout comprendre, d’autres préfèrent suivre des personnages secondaires qu’ils trouvent attachant. Je pense aux vendeuses par exemple qui apportent une touche d’humour au spectacle.
Est-ce plus difficile à écrire et à mettre en scène qu’une pièce classique?
L’écriture n’est pas tellement différente qu’une pièce classique. Il y a un bonne soixantaine de scènes, l’enjeu c’est de faire en sorte que cette arborescence de scénarios fonctionnent, que les raccords se passent bien, que tout file comme il faut quand un acteur doit quitter un lieu pour en rejoindre un autre. Tout s’est ajusté sur place, pendant les répétitions dans le grand magasin. Même si tout est écrit et toute la trame verrouillée, il reste un gros travail d’impro dans l’immersif pour justement pouvoir s’adapter à ces moments de transition.
Vous jouez dans un temple du luxe… La direction n’a pas eu peur de voir disparaître des petits accessoires ou des produits de beauté ?
Si et c’est un élément dont nous avons dû tenir compte! Peut-être un peu naïvement, je me disais qu’il n’y avait a priori pas de différence entre être dans le magasin en journée ou le soir. Et que même, vu qu’il y avait moins de monde et plus de sécurité le risque était minime… Même si je suis convaincu que les gens ne viennent vraiment pour chaparder, tout est à portée de main, surtout dans l’espace beauté du rez-de-chaussée. Donc, nos spectateurs doivent tout laisser à la consigne – vestes, sacs… – et il y des vigiles en civils qui se baladent parmi eux. Et bien sûr il y a des caméras de surveillance, comme en journée.
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Avez-vous dû adapter certains espaces?
Nous jouons dans les allées du magasin mais plusieurs décors ont été créés pour l’occasion car la pièce ne se déroule pas aujourd’hui mais en 1862. Il y a 16 espaces de jeux, je pense à l’atelier, les espaces de vente, le bureau de la direction, le salon oriental… La difficulté, c’était de pouvoir monter ces espaces en une demi-heure, entre le moment où des derniers clients quittent le magasin et l’arrivée de nos spectateurs. Le reste du temps, on joue au milieu des marchandises du Bon Marché et grâce à la pénombre on oublie très vite que l’on est face à une collection Chanel 2022 et pas des vêtements d’époque. Lors des premières répétitions de nuit, c’était d’ailleurs déroutant. Nous avons travaillé deux semaines entre 21h et 6h du matin. On était entouré de sacs Hermès, de chaussures Gucci, on aurait rêvé pouvoir les porter un peu. Nous nous sommes habitués mais le spectateur sera plongé dans un bain de luxe qu’il aura à portée de main.
Qui dit spectacle immersif, dit j’imagine interaction avec le spectateur?
Bien sûr! C’est la base car les fans de ce genre d’expérience adorent ça. Dans les consignes, c’est vrai que l’on va demander aux participants de ne pas parler… sauf s’ils y sont invités. C’est nous qui improvisons et les choisissons. Avec l’expérience, on sent assez vite qui est partant, voire demandeur, et qui ne l’est pas. Mais bien sûr on ne va jamais forcer personne. Sur les 250 spectateurs, une cinquantaine aura des interactions one-to-one avec un comédien. Et une dizaine même prendra part à l’intrigue et au dénouement de la pièce.
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Les vendredis et samedis, à 20h30, du 2 septembre au 30 décembre. A partir de 12 ans. S’il vous prend l’envie de prendre part à cet hommage aussi ludique que flamboyant, ne traînez pas pour réserver: les dates de septembre et d’octobre affichent déjà complet. Réservations sur lebonmarché.com
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