Casser les stéréotypes… en jouant à la poupée
11 septembre 2021, Journée Internationale des Filles. Si comme on le dit souvent, le futur sera féminin, c’est bien grâce à celles qui sont aujourd’hui des petites filles que ça se fera. Et si le miracle de l’égalité advenait en jouant à la poupée?
Rappel des origines
Les enfants, et les petites filles en particulier, n’ont pas toujours joué à la poupée. Ou, pour être plus juste, les poupées n’ont pas toujours servi de jouets aux petites filles, comme le rappelle très justement Titiou Lecoq dans son dernier (et édifiant) ouvrage Les grandes oubliées : pourquoi l’Histoire a effacé les femmes (éd. L’iconoclaste).
Comme le précise l’essayiste, à l’origine, les poupées servaient aux fabricants de vêtements pour présenter les modèles de collections aux clientes, avant de lancer la production. Les poupées étaient alors des jeunes femmes adultes. « C’est au XIXe siècle, vers 1850, que les poupées changent de fonction : au lieu de jeunes femmes, elles commencent à reproduire des formes de bébés, et deviennent alors un jouet de petite fille dans le but tout à fait assumé de former à la maternité. On ne joue pas à la poupée, en réalité, on joue à la maman. Or une maman, ça reste à la maison. »
Autrement dit, au milieu du 19e siècle, l’usage pratique a été détourné, pour que les poupées gagnent les bras des petites filles pour les habituer – conditionner- à la maternité et à une vie domestique auxquelles elles seront désormais cantonnées puisque femmes.
La poupée devient alors le jeu d’imitation – comme on les nomme dans les catalogues de jouets – par excellence.
Certes en 1959, Barbie – et ses 29 cm d’hyperféminité – apparait. Mais si elle est à nouveau non plus un bébé, mais une femme en miniature, difficile de s’identifier à ces proportions sans y laisser son indépendance d’esprit et rester une enfant avec des préoccupations et des rêves d’enfants. Irréaliste, voire invraisemblable dans sa morphologie, hyper sexualisée, longtemps cantonnée à ses passions pour le shopping, la cuisine et la vie de couple avec son Ken de mari, Barbie ne constitue pas une inspiration à la liberté pour les petites filles en quête de modèle d’épanouissement.
Des modèles justes
Il est donc particulièrement bienvenu de mettre un petit coup de projecteur sur les poupées Lottie.
En effet, ces petites créatures veulent elles aussi jouer sur la propension au mimétisme des enfants. Mais justement pour casser les stéréotypes, et l’image de la femme – mère cantonnée à un rôle domestique, ou perpétuant des clichés sur les filles et femmes, bardées de rose, de strass et des atours de la séduction.
En effet, les créateurs de ces poupées nées en 2012, ont eu à coeur depuis leur naissance d’en faire d’abord des vecteurs d’amusement pour les enfants, en gardant ceux-ci dans le monde de l’enfance. Sans pour autant qu’il soit celui des Bisounours. Pour cela, à la différence de nombre d’autres poupées, elles s’inspirent d’enfant existants. Lottie a un corps enfantin – donc non sexualisé – elle ne porte pas de maquillage, de bijoux ni de talons hauts, elle peut se tenir naturellement sur ses deux pieds, à l’instar des enfants, à qui elle permet de rester dans leur monde et les pieds sur terre, et non les plonger dans des problématiques de séduction et autres, qui n’ont pas lieu d’être quand on a pas encore ou à peine 10 ans.
Ensuite, ces poupées se veulent aussi des objets d’empowerment, c’est-à-dire d’inspiration pour les enfants à développer leurs propres capacités, leur potentiel. À se réaliser et réaliser leurs rêves en somme.
Ainsi, le modèle Kid Activist Lottie est inspiré de Mari Copeny, aussi connu par le surnom de Little Miss Flint, jeune militante devenue porte-voix des enfants de cette ville américaine victime de la pollution et où l’on ne peut plus consommer d’eau depuis 2014. Uniforme (tee-shirt à message Kids Voice Matters), veste kaki, coupe afro et porte-voix, cette figure de l’activisme est un modèle pour la génération actuelle.
Ou Abigail, future astronaute, ou encore Mia, mal-entendante et appareillée, photographe en herbe,un modèle lancé en partenariat avec Toy Like Me, première organisation à avoir réclamé à l’industrie que les jouets soient plus inclusifs. Exemple d’inclusion justement, la poupée Rose Boo, Lottie témoigne aussi que les enfants porteurs de handicaps ont leur place dans le game. Inspirée de Rosie, petite Anglaise atteinte du syndrome de Down de type 21 – ou trisomie 21 – qui aime jouer avec ses animaux de compagnie.
Mais aussi, parce que jouer avec des poupées et s’identifier à des congénères de caractère n’est pas réservé aux filles, les concepteurs ont imaginé Loyal Companion, inspiré de la personnalité d’Hayden Geraghty, petit garçon vivant en Irlande du Nord, passionné d’astronomie et par l’exploration spatiale. Atteint d’autisme et de TDAH, la poupée à son effigie est équipée de lunettes de soleil pour la sensibilité à la lumière, de protections auditives pour la sensibilité au bruit et d’un chien d’assistance, qui réconforte et guide le jeune garçon.
Quand les poupées permettent non plus de s’engouffrer dans les stéréotypes, mais de se saisir de la réalité pour se dépasser et se construire, on aurait presque envie de s’y remettre en tant qu’adulte.
Les poupées Lottie sont disponibles en Belgique dans tous les bons magasins de jouets
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