Mario Ramos nous a quittés

© Julien Pohl/Mario Ramos

Triste jour pour la littérature Jeunesse: l’auteur bruxellois Mario Ramos est décédé laissant derrière lui une ribambelle de loups (pas si) méchants, de cochons (pas si) vulnérables et de rois (pas si) pédants.

Dans son livre Le plus malin (Ecole des Loisirs), sorti en 2011, le loup se retrouve dans le bois vêtu d’une nuisette de grand-mère. Un monde de cochons raconte les premiers pas d’un gentil louveteau dans une classe de vilains cochons. Le roi est occupé, lui, met en scène Sa Majesté sur le trône, comprenez… sur le pot ! Mario Ramos était comme ça, il aimait mettre du poil à gratter dans ses récits pour raconter la vie autrement. « Petit, j’avais du mal à trouver ma place. Mais devant une feuille blanche, je me sentais un peu Dieu, j’avais l’impression que je pouvais refaire le monde », racontait en octobre dernier, dans les pages du Vif Weekend, le dessinateur mi-belge, mi-portuguais.

Progressivement, l’intuition de gamin est devenue une conviction. « J’ai compris qu’un dessin pouvait faire passer une idée plus riche qu’un texte « . Durant ses études, il confirmera sa passion de petit garçon en rejoignant la section communication graphique de La Cambre, à Bruxelles. Il lui faudra néanmoins attendre la quarantaine, et les remises en question qui vont avec, pour décider de consacrer son talent non plus à la presse, aux affiches, à la publicité – « des voies qui permettent de gagner sa vie, ce qui est important aussi quand on crée » – mais à raconter des histoires pour les gosses.

Une décennie plus tard, il était toujours occupé, dans son atelier schaerbeekois, à croquer la vie sur calques pour le bonheur des enfants, mais aussi de leurs parents. « Pour transmettre le plaisir des livres à ses rejetons, il faut que l’adulte qui fait la lecture s’amuse aussi », insistait-t-il alors, heureux de susciter le rire  » de façon intergénérationnelle » à travers ses dessins et ses textes.

Son job, il le définissait comme  » pas sérieux » mais il le faisait pourtant « avec tout le sérieux qu’il nécessite  » ! « Il faut travailler énormément pour donner l’impression qu’il n’y a pas eu de travail derrière une oeuvre. Par la fiction, je peux faire des parallèles avec la vie réelle. Un monde de cochon, par exemple, représente, pour moi, l’univers de la finance. Un livre peut se comprendre à divers niveaux. Je conseille à tout le monde de ressortir ses classiques – Madame Bovary…

À chaque fois, en fonction de l’âge que l’on a, on a l’impression de découvrir une histoire », soulignait-il lors de notre interview, en dévoilant les croquis, gribouillés et tippexés, de divers projets en gestation. La plupart de ceux-ci ne verront hélas probablement pas le jour, suite au décès de leur créateur. Mais nul doute que dans de nombreuses chaumières, on évoquera encore, en souriant c’est évident, les récits tendres et absurdes de ce maître du livre pour enfant.

F.BY.

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