Kristen Stewart, l’interview prémonitoire…

L’héroïne de Twilight, la saga romantique de toute une génération, est devenue, à 22 ans, la comédienne la mieux payée du monde. Elle est aussi l’égérie du parfum Florabotanica de Balenciaga.

Un matin, dans la suite d’un palace parisien, Kristen Stewart, yeux verts, silhouette élancée, s’impatiente. « Pas de dictaphone ! », ordonne-t-elle d’une voix musclée, du haut de son mètre 67. « Prenez des notes ! Servez-vous de votre mémoire ! Inventez ! »

L’interview démarre mal. Mais elle éclate de rire. Humour. L’héroïne romantique de la saga crépusculaire Twilight, dont le dernier chapitre déferle sur les écrans, incarne depuis cinq ans Bella Swan, cette jeune fille amoureuse d’un vampire de 104 ans, qui lui a apporté sa renommée. Ce jour-là, Kristen Stewart n’imagine pas qu’elle sera au coeur d’un « scandale » estival ultramédiatisé.

L’actrice américaine, compagne de l’icône masculine de Twilight (Robert Pattinson), a été prise en flagrant délit d’adultère avec Rupert Sanders. Le réalisateur – marié et père de famille – l’avait choisie pour jouer l’héroïne de Blanche-Neige et le chasseur. Face au déchaînement médiatique, la « coupable » a dû présenter des excuses publiques… Jodie Foster a pris sa défense : « Si j’avais dû grandir dans cette culture médiatique, je ne pense pas que j’aurais survécu émotionnellement. » Aujourd’hui, Kristen poursuit son chemin, la tête haute. Écoutez ses paroles, libres, prononcées juste avant l’été : elles sont presque prémonitoires.

Parlez-nous de Bella Swan Dans ce nouveau film, elle n’est plus la jeune lycéenne romantique et timide que l’on connaissait mais une vampire, guerrière redoutable aux yeux rouge sang… Elle court désormais à la vitesse d’un guépard et gagne des bras de fer avec des monstres qui font trois fois sa taille… Pour me préparer à ce rôle, j’ai suivi un entraînement physique épuisant. C’est aussi la première fois que j’incarne une mère : ma petite fille est une vampiresse qui, à l’âge de 1 mois, mesure 1,20 mètre, parle et marche !

Qu’avez-vous ressenti lors du tournage de cet ultime Twilight ? De la mélancolie ou plutôt du soulagement ?

Je me suis surtout beaucoup amusée : il y avait 100 vampires sur le plateau, on se serait cru à Halloween ! Le sol était couvert de lentilles de contact rouge pailleté que nous perdions régulièrement… À l’époque du premier Twilight, j’avais tout juste 17 ans : aucun d’entre nous n’aurait imaginé un tel engouement ! Nous avons grandi ensemble au fil des épisodes, nous nous sommes soutenus, cela m’a beaucoup aidée. Ces cinq années m’ont permis d’évoluer au niveau personnel.

Le succès de Twilight vous a aussi ouvert en grand les portes du cinéma ?

Absolument ! J’ai accès à des rôles plus importants : Marylou dans Sur la route, de Walter Salles… Le roman de Kerouac m’accompagnait depuis toujours. J’adore Marylou, elle est drôle, intelligente, décomplexée, en avance sur son époque. Je me suis battue pendant des années pour aider ce film à se monter. Et avant le tournage, j’ai fait moi-même un road trip… avec des amies !

Vous reconnaissez-vous en elle ?

Oui et non. Je ne suis pas une avant-gardiste, ni une leader, et, hélas, je ne suis pas non plus habitée par cette pulsion qui accapare les artistes et les oblige à créer pour ne pas être dévorés par leurs démons. Par contre, j’ai un caractère fougueux, un côté absolutiste, parfois rigide. Je m’impose des règles : choisir des personnages forts qui me correspondent, à fleur de peau, torturés. J’ai besoin d’être honnête avec moi-même.

Quelle est votre définition de l’honnêteté ?

Difficile à expliquer. Ecouter mon coeur, mes tripes. Faire ce en quoi je crois profondément, même si je commets des erreurs. Mais comment regretter une chose à laquelle on a cru vraiment ? Comprendre qui je suis est ce qui m’importe le plus, et c’est le travail d’une vie. Cela nécessite aussi d’avoir des racines ; des valeurs, inculquées par son éducation.

Comment étiez-vous, enfant ?

J’étais sauvage, très timide. À l’école, on me surnommait « le mur » ! Je souffrais d’hyperactivité et de troubles de l’attention. J’ai quitté le lycée à 13 ans et suivi des cours par correspondance. Je m’épanouissais en cuisinant. Si je n’avais pas choisi le métier de comédienne, j’aurais probablement foncé dans la restauration. Mais j’ai le cinéma dans le sang depuis toujours : je suis pratiquement née sur un plateau. J’adorais accompagner mes parents [père régisseur, mère scripte] sur les tournages. J’ai commencé à jouer devant une caméra à 9 ans…

Quelles étapes ont été les plus formatrices ?

Panic Room, de David Fincher. J’y incarnais la fille diabétique d’une mère divorcée (Jodie Foster). J’avais 10 ans… Avec le recul, je me rends compte de la chance que j’ai eue, même si je n’étais pas à la hauteur. Jodie m’a encouragée. C’est pour moi un exemple. Je pense toujours à elle quand je tourne un film, à son intégrité. Un autre film important pour moi a été Speak, dans lequel j’interprétais une ado traumatisée par un viol. J’ai eu l’impression pour la première fois, de ne pas jouer mais de vomir mes émotions. Et puis, il y a eu cette rencontre avec Sean Penn et Into the Wild. Sean m’a donné des ailes pour me lancer dans ce cinéma indépendant que j’ai toujours aimé.

Avez-vous d’autres modèles ?

Oui. Charlize Theron avec qui j’ai joué dans Blanche-Neige et le chasseur. J’admire ses choix, sa façon de se métamorphoser au cinéma, sa gentillesse – c’est quelqu’un à qui je peux me confier. Ce n’est pas du tout une diva. Elle s’envisage plutôt comme un élément du film. Sinon, mon idole, celle à qui je voudrais tellement ressembler est… Brigitte Bardot. Je ne pouvais pas trouver plus différente que moi !

Récemment, Patti Smith nous confiait : « Kristen est charismatique. J’aimerais qu »elle joue mon rôle dans l’adaptation cinématographique de mon livre Just Kids. »

Patti Smith est une femme puissante, vraie, bouleversante. Je suis touchée par ses mots. C’est vrai que je suis une passionnée de musique. Je pratique la guitare depuis l’enfance, j’ai une collection de Telecaster et de Gibson. Mon père, un ancien hippie, m’a appris à repiquer les accords des morceaux de Neil Young et de Bob Dylan. J’écris des chansons qui sont de petits scénarios et que je ne partage qu’avec mes amis – tous musiciens. Mais on peut les entendre dans Into the Wild et dans The Runaways. J’aimerais bien enregistrer un disque de rock.

Comment avez-vous forgé votre style si personnel ?

Je suis une Californienne toute simple qui s’habille le plus souvent en jeans et sweat-shirt. Mais j’aime aussi les grands créateurs, en particulier la maison Balenciaga, dont les coupes et les imprimés ressemblent à des oeuvres d’art. J’ai accepté d’être l’égérie de Florabotanica, pour sa chimie, androgyne et ombrageuse, et son flacon qui est quasiment un objet d’art. Ce parfum possède un côté rock et épineux. Si j’étais une fragrance, c’est ce que j’aimerais exhaler.

Paola Genone

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