La chronique de Jérôme Mardaga: Jonny Greenwood Radiohead

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Au début, Radiohead ne m’intéressait pas. J’avais déjà trop à faire avec Portishead, Talking Heads, Motörhead… Et pourtant, en 1997, la planète entière se baissa plus bas que terre devant leur album Ok Computer, oeuvre de science-fiction romantique sur fond de frigidaire qui grésille.

Elle avait peut-être raison, la planète, pour une fois. Sans ici minimiser le travail du reste du groupe d’Oxford, ni la qualité des disques qui suivirent, Johnny Greenwood brille de mille constellations sur cet opus. Le son du vaisseau spatial qui survole en grand silence les chemins de campagne tard le soir. Le son d’un ordinateur de bord en proie au doute, à l’ennui et à la dépression. Le son d’un avion qui s’engloutit dans le lac gelé et n’épargne qu’un seul passager. Le son d’une grande planète bleue qui avale une plus petite. Le son d’un aéroport au ralenti. Le son d’un échangeur autoroutier fissuré. Le son d’une voiture allemande rapide et de son airbag qui claque en s’ouvrant face au poteau de signalisation. Le son de la pluie qui tombe du Très Haut. Le son de l’alarme d’un petit pavillon de banlieue bien comme il faut. Le son d’un cochon en cage et sous antibiotiques. Le son de la police du karma qui débarque en pleine surprise-party. Le son d’un discours présidentiel saturé d’interférences. Le son d’un rôdeur qui gratte à la porte cadenassée. 1997, le monde des ordinateurs envahit celui de la musique rock. Jonny Greenwood et Radiohead en composent la bande-son pionnière et définitive.

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J.M.

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