Laurence Tardieu

Ecrivaine et comédienne, Laurence Tardieu met l’amour au coeur de son écriture. A retrouver dans son dernier opus Un temps fou.

Ecrivaine et comédienne, Laurence Tardieu met l’amour au coeur de son écriture. A retrouver dans son dernier opus Un temps fou.

Votre premier amour ?
A 16 ans. J’étais éblouie et dévorée. Ce garçon-là m’a plongée dans la vie. Il m’a offert Noces de Camus, que j’ai relu cent fois. Dire qu’il y avait déjà ce lien entre l’amour et les mots.

Le couple, c’est…
Une drôle d’entité (rires) ! Quand le couple se fige, il devient prison. A un moment, je me suis sentie enfermée. Parfois, on est à deux, mais on peut être en même temps profondément seul.

Ce qui vous désarme ?
Le désir que provoque chez moi un homme. Lutter, c’est se fermer à la vie et passer à côté de l’amour. Parfois, on se réveille en réalisant qu’on s’était endormi. La vie est si courte, qu’on ne doit pas avoir peur de ne pas la maîtriser. L’amour doit nous brûler, nous emporter, nous faire perdre pied !

L’amour : effusion ou incompréhension ?
Ce roman retrace deux histoires, qui ne se rejoignent pas. Mes héros ont besoin l’un de l’autre or, ils se trouvent dans un territoire inventé, qu’ils n’ont pas quitté. Le décalage entre l’homme fantasmé et l’homme réel suscite un malentendu. Mais ce qui compte, c’est ce qu’on éprouve et ce que ça chamboule en nous.

La séduction : jeu ou vertige ?
Un jeu qui peut devenir une histoire. On se fait un film, qu’on repasse en boucle. Pour moi, le vertige surgit au moment de l’amour. La séduction, c’est l’intuition qui me fait tomber à la renverse.

Attendre l’amour : délice ou torture ?
Maud, l’héroïne de mon roman, attend que quelque chose se passe dans sa vie. Ce bonheur vire à la douleur, mais cela intensifie le désir. On vit dans un monde, où tout va vite. C’est merveilleux de prendre le temps d’éprouver des émotions.

Petite, vous étiez…
Secrète. Je ne parvenais pas à m’exprimer si ce n’est dans mon journal intime. La mort m’angoissait sans que je puisse le dire. Tant de choses étaient contenues en moi… L’écriture me connecte au monde, tout en laissant une part importante au rêve.

Un souvenir de cette enfance…
Une lumière et un goût pour la lumière. J’ai quitté Marseille à 6 ans, mais il en reste toujours quelque chose d’éblouissant au fond de moi.

Lire, c’est…
Ne plus entendre le bruit du monde. La musique du texte nous relie à une voix intérieure, qui résonne avec la nôtre. C’est quelque chose de fort et d’émouvant, qui me comble. Etre transportée dans ces voyages, m’a donné envie d’écrire.

Les livres qui vous ont marqués ?
Tous les contes, y compris les contes tibétains, chinois, perses et mongols. La lecture est une traversée, un regard qui me transforme, comme la trilogie d’Henry Miller. Il travaillait dans une société de courtage, mais il a tout arrêté pour écrire. Cela m’a aidée à partir vers mon rêve d’écriture, après mes études de commerce. Quand j’écris, je respire…

Le silence ou la musique ?
J’ai besoin d’un silence total lorsque j’écris. Je suis alors plongée en moi. La musique est néanmoins fondamentale. J’ai toujours baignée dedans et je continue à jouer du piano. Ma vénération pour la musique est telle, que j’aurais adoré en composer. Un livre est un son. Tant qu’on n’a pas le sien, on ne sonne pas juste.

Votre son préféré ?
C’est une voix très intérieure. L’ombre et la lumière cohabitent dans tous mes livres car, le désir de mort frôle le désir de vie. Je sais que la vie est précaire et fragile, mais il ne faut pas désespérer, parce qu’elle l’emporte toujours.

Les artistes qui vous touchent ?
Je redécouvre à chaque fois avec émotion Rembrandt, Van Gogh ou Munch. En musique, j’aime jouer Ravel ou Debussy et je suis fan de chanson française. Face à Barbara, Véronique Sanson ou Serge Reggiani, je ressens quelque chose de charnel, tant c’est de l’ordre de la poésie. Je ne différencie pas l’art et la vie, dont les grands artistes expriment l’intensité.

Vous pouvez passer un temps fou à…
Ecrire, lire, rêver et faire un câlin à ma fille.

Quand vous êtes-vous sentie devenir femme ?
C’est venu progressivement, vers 25-26 ans, et ça s’est accéléré après la naissance de ma fille aînée.

La première fois qu’on vous a dit que vous étiez belle ?
J’avais 13 ans et je me pensais laide. Une copine d’école est venue me dire le contraire.

… Et la dernière fois ?
Ma fille, lorsque j’ai mis une robe d’été après l’hiver. Etre belle, c’est rayonner.

Le look qui vous va ?
Soit un jeans, soit des robes très féminines. J’aime les choses simples, comme la marque Maje.

Votre parfum ?
Allure de Chanel. On dit que je ressemble à un oiseau, tant je semble aérienne.

Ce qui vous rend mélancolique ?
L’absence… de mes enfants par exemple. La mélancolie n’est pas la tristesse, mais elle me définit.

Et euphorique ?
Le chocolat, les profiteroles et le tiramisu !

Votre source de motivation ?
Il faut garder à l’esprit que je ne veux ni mourir ni m’endormir. Cette peur de perdre le battement de la vie fait partie de moi, tant je crains qu’elle soit une petite mort. Aussi suis-je capable de prendre des décisions radicales. L’écriture me réveille à chaque instant…

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

Un temps fou, par Laurence Tardieu, Stock, 236 pages.

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