Nos favoris de l’été: la tunique unique

Un modèle de 1965, dans Vogue. © Conde Nast via Getty Images

Le caftan est bien plus qu’une longue robe déstructurée. Ce vêtement intemporel, grand favori de Demis Roussos et d’Elizabeth Taylor, est couvrant, confortable… mais également sexy. Oui, oui.

Un généreux métrage de tissu, une simple forme en T, avec des manches larges et parfois une capuche, richement brodée ou non : le caftan paraît simple à fabriquer, mais cache une belle complexité. Couvrant et confortable, il est aussi élégant et sensuel… surtout si on ne porte rien dessous, comme les Ecossais avec leur kilt. L’habit masque certes l’anatomie et pourrait être vu comme un symbole d’oppression, mais il peut aussi témoigner d’une forme de liberté, à l’instar de la pop star Billie Eilish qui arbore des tenues ultra oversized.

Cette tunique unique est aussi le vêtement inclusif par excellence, puisqu’il va aussi bien aux femmes qu’aux hommes, de tout format, âge et poids. Tout le monde donc, de la maman marocaine et anonyme à l’immense Andre Leon Talley, ex-bras droit d’Anna Wintour, la rédactrice en chef du Vogue US, si souvent vu en front row des défilés.

La top Cristina Ferrare, Vogue, 1974.
La top Cristina Ferrare, Vogue, 1974.© Conde Nast via Getty Images

Perse ancienne et télé-réalité

ALT, comme on le surnomme, avec son quasi-double mètre et ses 150 kg, s’est mis à porter des capes et caftans lorsque, voici environ une dizaine d’années, il n’est plus rentré dans ses costumes sur mesure. Il le raconte dans son autobiographie parue récemment (The Chiffon Trenches, en anglais). Il les commande notamment chez Tom Ford, Ralph Rucci, Nicolas Ghesquière, Karl Lagerfeld et Dapper Dan. En tant que membre du jury du programme de télé-réalité américain America’s Next Top Model, on l’a même vu affublé d’une version contemporaine de la tunique japonaise de samouraï, aka le kimono.

Car le caftan est un vêtement cousu d’histoire. Ses racines plongent dans la Perse ancienne. Entre les XIVe et XVIIIe siècles le costume faisait partie de l’uniforme des sultans ottomans. Leurs robes étaient en soie, coton ou laine, avec une ouverture sur le devant, des boutons ou une ceinture. Plus généralement, l’habit était surtout porté au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et occidentale. Il faut dire que cette silhouette ultrafluide permet une ventilation naturelle et aide le corps à abaisser sa température. Mais cette tenue a également fait bien plus que de la figuration au Japon et en Russie, où elle était accompagnée de fourrures. En Europe, la fameuse tunique débarque au XIXe siècle, avec son aura de rareté exotique, dans les bagages des aventuriers qui la rapportent de leurs voyages.

Un modèle en Dior, Vogue, 1969.
Un modèle en Dior, Vogue, 1969.© Conde Nast via Getty Images

Sexy et griffé

Il faudra attendre les années 50 et 60 pour que les couturiers, – Christian Dior et Cristobal Balenciaga – s’en emparent. En 1966, le magazine Vogue décrit le caftan comme une pièce essentielle de la garde-robe des jet-setteurs, le look idéal pour les cocktails au bord de la piscine. Dix ans plus tard, notre tunique est devenue aussi populaire que le jeans. Yves Saint Laurent en a porté et dessiné, tout comme le chanteur grec Demis Roussos. Quant aux hippies, ils en rapportaient de leurs séjours en Afghanistan au volant de leur VW Coccinelle.

Elizabeth Taylor en Givenchy, Vogue, 1967.
Elizabeth Taylor en Givenchy, Vogue, 1967.© Conde Nast via Getty Images

Au cours des années 80, la fan numéro un des caftans, Elizabeth Taylor – avant que sa silhouette ne s’enveloppe – en fera une robe sexy. En 1996, Tom Ford – époque Gucci – lui conférera même une note érotique, tout en transparence. Quelques saisons plus tard, lorsque Hedi Slimane fait ses débuts de créateur à la barre de l’Homme Saint Laurent Rive Gauche, il imagine une djellaba noire et sensuelle, variation sur le caftan, comme la cape, le muumuu hawaïen, le boubou et l’abaya. Un quart de siècle plus tard, la longue blouse joue toujours les caméléons, permettant de passer incognito dans une foule ou de se faire remarquer avec une pièce spectaculaire. Cet été, on en trouve chez Gucci, Sacai, Pucci, Missoni, Jil Sander… Même les grandes chaînes comme Arket et & Other Stories déclinent également ce basique ancestral.

Natan
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Sacai

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Gucci

Gucci
Twinset

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Arket

Arket
Filippa K (235 euros).

Filippa K (235 euros).

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