Mathieu Nguyen

Le designer, l’industriel et le politique à l’heure de l’urgence environnementale

« Même pour ceux qui pensent que l’espèce humaine s’éteindra à un moment plus ou moins proche dans le futur, le design représente un moyen de planifier une sortie plus élégante. Il peut faire en sorte que la prochaine espèce dominante se souvienne de nous avec un minimum de respect : comme des êtres, si pas intelligents, dignes et bienveillants. « 

Ce grinçant petit extrait clôturait le préambule de Broken Nature, l’une des expos les plus courues de la Design Week milanaise, et donnait le ton de cette dernière. Longtemps surnommé Salone del marketing pour ses spectaculaires dérives publicitaires, l’événement a vu souffler un vent rafraîchissant sur son édition 2019, qui semblait nettement plus concernée par les thématiques agitant l’actu du moment qu’auparavant. Et nombreux sont ceux qui se félicitent de voir le design se réemparer des grands enjeux sociétaux, préservation de l’environnement en tête, afin d’y ajouter un grain de sel bienvenu.

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Bien sûr, cela ne concerne pas l’ensemble des milliers de participants de cette semaine de folie en Lombardie, et tant de belles intentions préfigurent peut-être l’ère prochaine du Salone del greenwashing mais, quoi qu’il en soit, on ne boudera pas notre enthousiasme face à une nouvelle génération déterminée à questionner nos usages comme nos ressources, et étudier chacune des alternatives à notre portée. On aura besoin de leurs talents, que l’on adhère à la mobilisation façon Youth for Climate ou, au contraire, que l’on préfère s’en remettre à la science, laquelle trouvera certainement un moyen indolore d’assurer la persistance de notre mode de vie.

Nourri d’un confortable optimisme, le concept a de quoi séduire. Hélas, même au sein du corps scientifique, d’aucuns estiment qu’un colossal  » shift technologique  » ne suffirait sans doute pas à nous tirer de l’ornière ; il devient de plus en plus clair que, biomatériaux super-écolo ou pas, un changement drastique de nos habitudes de consommation est requis. Bref, même la foi en le progrès ne suffit plus à justifier que l’on reste les bras croisés. Et puis, quitte à miser notre survie sur de futures avancées, autant vraiment mettre le paquet, financer les recherches et booster l’inventivité. Or, on n’a pas l’impression que beaucoup de capitaines d’industries et de politiciens partisans d’un solutionnisme high-tech aient montré le moindre intérêt pour les projets transitionnels dévoilés au Salone : un vaste pan de la jeune création attend pourtant impatiemment que l’on soutienne ses idées, pistes et propositions.

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