Les 15 ans du prix du Designer de l’année: que sont devenus nos anciens lauréats?

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Aurélie Wehrlin Journaliste

Que sont devenus les lauréats de ce prix récompensant la jeune création? Regard en arrière… et vers l’avant!

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2014: Marina Bautier

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

Marina Bautier, couronnée en 2014, a décidé de se consacrer au développement de sa marque et, malgré un contexte difficile, fait tourner la boutique. Ce qui a toujours impressionné chez elle, c’est la détermination avec laquelle elle s’est extraite des circuits traditionnels pour créer son propre label (en photo, son banc Oak Dining). Une indépendance acquise au prix d’incalculables efforts, qui lui donna la liberté de rassembler sous le même toit son atelier, son studio et le point de vente de ses créations. Soit un mobilier qui va à l’essentiel, durable, fonctionnel et d’un goût irréprochable ; d’aucuns la classeraient volontiers dans la tendance japandi, élégant mariage entre l’esthétique scandinave et le minimalisme japonais. Côté actu, elle s’apprête à dévoiler un nouveau canapé et une collection de porcelaine, d’ici à la fin de l’année, et planche sur l’ouverture d’un espace café – en attendant, on patientera avec le Journal de son site Web, plein de recettes destinées aux amateurs de bonne chère et de belles tablées.

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2015: Muller Van Severen

2015: Muller Van Severen
2015: Muller Van Severen© SDP

L’avenir de Muller Van Severen en trois points.

Échanges

Avec leur partenaire de la première heure Valerie Objects, Fien Muller et Hannes Van Severen, gagnants 2015, viennent de développer une lampe et une série de tables en bois. Ils signent aussi le sofa The Pillow pour la marque de mode belge Kassl Editions. Sans oublier la cuisine Match pour Reform Copenhagen, qui a décroché cet été un Wallpaper Design Award. Le tandem annonce par ailleurs le début d’une série de collaborations pour les prochains mois. A côté d’une très attendue collection pour la marque danoise Hay (tables, lampes, vases et chandeliers), il y aura aussi un tapis pour cc-tapis. « Parallèlement au dialogue constant que Hannes et moi entretenons, c’est aussi passionnant d’échanger avec d’autres, affirme Fien Muller. Hay a une autre manière de travailler que Reform ou Kassl Editions, qui à leur tour sont complètement différents d’une galerie comme Kreo. Entre eux, il y a un éventail de nouvelles perspectives autour de la fabrication d’un objet. Mais nous ne voulons pas juste lancer un énième modèle. Nous voulons être sûrs que nous partageons une même vision sur le plan de la durabilité et de l’écologie. »

Anniversaire

L’histoire de design de Muller Van Severen a commencé il y a dix ans avec Valerie Traan. C’est pour cette raison que la galerie sera le lieu d’une exposition festive au printemps 2021. « Nous ne voulons pas donner un aperçu de ce que nous avons fait ces dix dernières années. C’est une rétrospective de ce genre qui était récemment présentée à la Villa Cavrois, précise Fien. Ce sera plutôt une installation qui nous permet de regarder notre propre travail avec une perspective complètement différente. » Egalement prévus lors de cette année anniversaire: un livre en collaboration avec Walther König et une exposition au Design museum de Gand, à partir de septembre 2021. « Ce sera la dernière avant que le musée ne ferme ses portes pour rénovation. Cette expo, c’est comme rentrer à la maison. Certainement après la tournée internationale qui nous attend au printemps. »

International

Une fameuse tournée internationale, en effet, puisqu’en 2021 sont prévues des expositions à New York (Matter), Barcelone (Side Gallery) et Berlin (Murkudis). L’intérêt pour leur travail, au-delà de nos frontières, qui s’est manifesté tôt dans la carrière du couple est toujours élevé. « C’est agréable d’être apprécié. Mais la reconnaissance dont nous jouissons en Belgique a quand même un goût particulier, avoue Fien. A l’étranger, là où on ne connaît personne, il est parfois simplement plus difficile de percevoir l’intérêt qu’on a pour nous. »

2014: Marina Bautier

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

Marina Bautier, couronnée en 2014, a décidé de se consacrer au développement de sa marque et, malgré un contexte difficile, fait tourner la boutique. Ce qui a toujours impressionné chez elle, c’est la détermination avec laquelle elle s’est extraite des circuits traditionnels pour créer son propre label (en photo, son banc Oak Dining). Une indépendance acquise au prix d’incalculables efforts, qui lui donna la liberté de rassembler sous le même toit son atelier, son studio et le point de vente de ses créations. Soit un mobilier qui va à l’essentiel, durable, fonctionnel et d’un goût irréprochable ; d’aucuns la classeraient volontiers dans la tendance japandi, élégant mariage entre l’esthétique scandinave et le minimalisme japonais. Côté actu, elle s’apprête à dévoiler un nouveau canapé et une collection de porcelaine, d’ici à la fin de l’année, et planche sur l’ouverture d’un espace café – en attendant, on patientera avec le Journal de son site Web, plein de recettes destinées aux amateurs de bonne chère et de belles tablées.

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2016: Vincent Van Duysen

2016: Vincent Van Duysen
2016: Vincent Van Duysen© KASIA GATKOWSKA/ SERAX

L’architecte anversois Vincent Van Duysen a consacré l’essentiel de son temps, depuis son sacre, à la direction créative de Molteni & C. Notre lauréat avait tant marqué l’année 2016 de son empreinte que notre jury de l’époque décida à l’unanimité de revoir les critères d’âge en vigueur pour lui permettre de recevoir son prix. Si depuis il s’est notamment illustré par des projets très médiatisés, comme la résidence de Kim Kardashian et Kanye West en février dernier, c’est donc son boulot de directeur créatif pour le label italien de meubles qui l’occupe au jour le jour. Depuis son intronisation en 2016, c’est lui qui est responsable de l’identité et de l’image de la prestigieuse maison, supervisant tout, des catalogues aux points de vente, en passant évidemment par les stands des foires internationales. Côté archi, son bureau continue cependant à mener de front un nombre appréciable de projets, et a tout récemment inauguré un espace multi-ventes à Bangkok, The Original Store for Central.

2015: Muller Van Severen

2015: Muller Van Severen
2015: Muller Van Severen© SDP

L’avenir de Muller Van Severen en trois points.

Échanges

Avec leur partenaire de la première heure Valerie Objects, Fien Muller et Hannes Van Severen, gagnants 2015, viennent de développer une lampe et une série de tables en bois. Ils signent aussi le sofa The Pillow pour la marque de mode belge Kassl Editions. Sans oublier la cuisine Match pour Reform Copenhagen, qui a décroché cet été un Wallpaper Design Award. Le tandem annonce par ailleurs le début d’une série de collaborations pour les prochains mois. A côté d’une très attendue collection pour la marque danoise Hay (tables, lampes, vases et chandeliers), il y aura aussi un tapis pour cc-tapis. « Parallèlement au dialogue constant que Hannes et moi entretenons, c’est aussi passionnant d’échanger avec d’autres, affirme Fien Muller. Hay a une autre manière de travailler que Reform ou Kassl Editions, qui à leur tour sont complètement différents d’une galerie comme Kreo. Entre eux, il y a un éventail de nouvelles perspectives autour de la fabrication d’un objet. Mais nous ne voulons pas juste lancer un énième modèle. Nous voulons être sûrs que nous partageons une même vision sur le plan de la durabilité et de l’écologie. »

Anniversaire

L’histoire de design de Muller Van Severen a commencé il y a dix ans avec Valerie Traan. C’est pour cette raison que la galerie sera le lieu d’une exposition festive au printemps 2021. « Nous ne voulons pas donner un aperçu de ce que nous avons fait ces dix dernières années. C’est une rétrospective de ce genre qui était récemment présentée à la Villa Cavrois, précise Fien. Ce sera plutôt une installation qui nous permet de regarder notre propre travail avec une perspective complètement différente. » Egalement prévus lors de cette année anniversaire: un livre en collaboration avec Walther König et une exposition au Design museum de Gand, à partir de septembre 2021. « Ce sera la dernière avant que le musée ne ferme ses portes pour rénovation. Cette expo, c’est comme rentrer à la maison. Certainement après la tournée internationale qui nous attend au printemps. »

International

Une fameuse tournée internationale, en effet, puisqu’en 2021 sont prévues des expositions à New York (Matter), Barcelone (Side Gallery) et Berlin (Murkudis). L’intérêt pour leur travail, au-delà de nos frontières, qui s’est manifesté tôt dans la carrière du couple est toujours élevé. « C’est agréable d’être apprécié. Mais la reconnaissance dont nous jouissons en Belgique a quand même un goût particulier, avoue Fien. A l’étranger, là où on ne connaît personne, il est parfois simplement plus difficile de percevoir l’intérêt qu’on a pour nous. »

2014: Marina Bautier

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

Marina Bautier, couronnée en 2014, a décidé de se consacrer au développement de sa marque et, malgré un contexte difficile, fait tourner la boutique. Ce qui a toujours impressionné chez elle, c’est la détermination avec laquelle elle s’est extraite des circuits traditionnels pour créer son propre label (en photo, son banc Oak Dining). Une indépendance acquise au prix d’incalculables efforts, qui lui donna la liberté de rassembler sous le même toit son atelier, son studio et le point de vente de ses créations. Soit un mobilier qui va à l’essentiel, durable, fonctionnel et d’un goût irréprochable ; d’aucuns la classeraient volontiers dans la tendance japandi, élégant mariage entre l’esthétique scandinave et le minimalisme japonais. Côté actu, elle s’apprête à dévoiler un nouveau canapé et une collection de porcelaine, d’ici à la fin de l’année, et planche sur l’ouverture d’un espace café – en attendant, on patientera avec le Journal de son site Web, plein de recettes destinées aux amateurs de bonne chère et de belles tablées.

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2017: Unfold

2017: Unfold
2017: Unfold© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2017 / FREDERIC RAEVENS

La grosse actu d’Unfold, couronné en 2017, ce sont des vitrines réalisées pour Hermès (photo) – et avec un thème annuel tel que « Innovation in the making », on comprend pourquoi la maison a fait appel au duo, à mi-chemin entre artisanat et haute technologie.

« L’inspiration nous est venue de notre collection d’objets Skafaldo, dont le principe de structures automatiquement générées en 3D par ordinateur a été développé selon un nouveau langage, précise Dries Verbruggen. Les deux vitrines principales consistent en un couple de silhouettes en mouvement, l’une masculine, l’autre féminine, sur lesquelles nous avons positionné des modèles 3D, scannés et modelés à la main, de produits Hermès. Ces produits flottent dans le vide, ou plutôt dans l’image spatiale négative des silhouettes, figées mais en mouvement. Nous voulions quelque chose de plus réel, plus éphémère, dans l’instant. C’est dans cet espace négatif que nous avons placé nos structures d’échafaudage, mais contrairement à celles de Skafaldo, imprimées en 3D, nous avons opté pour des cadres légers, construits à partir de tubes de papier kraft, et de 5.500 connecteurs uniques, imprimés en 3D. L’ensemble joue avec un paysage urbain architectural différent, à l’échelle de la ville, par opposition à la vie quotidienne des silhouettes à l’échelle 1:1. Cet échafaudage évoque l’idée de construction car pour nous, comme pour Hermès, l’innovation est un processus continu, chaque pas en avant s’ajoutant au travail des autres. Enfin, une autre inspiration est le concept japonais d’espace négatif, « Ma », qui enjoint l’observateur à « faire une pause », en opposition à la vitesse des figures en mouvement. Ma est également interprété comme « le réseau complexe de relations entre les personnes et les objets », « une promesse à réaliser » ou encore « un vide plein de possibilités ». »

2017: Unfold
2017: Unfold© VICTOR JONES

2016: Vincent Van Duysen

2016: Vincent Van Duysen
2016: Vincent Van Duysen© KASIA GATKOWSKA/ SERAX

L’architecte anversois Vincent Van Duysen a consacré l’essentiel de son temps, depuis son sacre, à la direction créative de Molteni & C. Notre lauréat avait tant marqué l’année 2016 de son empreinte que notre jury de l’époque décida à l’unanimité de revoir les critères d’âge en vigueur pour lui permettre de recevoir son prix. Si depuis il s’est notamment illustré par des projets très médiatisés, comme la résidence de Kim Kardashian et Kanye West en février dernier, c’est donc son boulot de directeur créatif pour le label italien de meubles qui l’occupe au jour le jour. Depuis son intronisation en 2016, c’est lui qui est responsable de l’identité et de l’image de la prestigieuse maison, supervisant tout, des catalogues aux points de vente, en passant évidemment par les stands des foires internationales. Côté archi, son bureau continue cependant à mener de front un nombre appréciable de projets, et a tout récemment inauguré un espace multi-ventes à Bangkok, The Original Store for Central.

2015: Muller Van Severen

2015: Muller Van Severen
2015: Muller Van Severen© SDP

L’avenir de Muller Van Severen en trois points.

Échanges

Avec leur partenaire de la première heure Valerie Objects, Fien Muller et Hannes Van Severen, gagnants 2015, viennent de développer une lampe et une série de tables en bois. Ils signent aussi le sofa The Pillow pour la marque de mode belge Kassl Editions. Sans oublier la cuisine Match pour Reform Copenhagen, qui a décroché cet été un Wallpaper Design Award. Le tandem annonce par ailleurs le début d’une série de collaborations pour les prochains mois. A côté d’une très attendue collection pour la marque danoise Hay (tables, lampes, vases et chandeliers), il y aura aussi un tapis pour cc-tapis. « Parallèlement au dialogue constant que Hannes et moi entretenons, c’est aussi passionnant d’échanger avec d’autres, affirme Fien Muller. Hay a une autre manière de travailler que Reform ou Kassl Editions, qui à leur tour sont complètement différents d’une galerie comme Kreo. Entre eux, il y a un éventail de nouvelles perspectives autour de la fabrication d’un objet. Mais nous ne voulons pas juste lancer un énième modèle. Nous voulons être sûrs que nous partageons une même vision sur le plan de la durabilité et de l’écologie. »

Anniversaire

L’histoire de design de Muller Van Severen a commencé il y a dix ans avec Valerie Traan. C’est pour cette raison que la galerie sera le lieu d’une exposition festive au printemps 2021. « Nous ne voulons pas donner un aperçu de ce que nous avons fait ces dix dernières années. C’est une rétrospective de ce genre qui était récemment présentée à la Villa Cavrois, précise Fien. Ce sera plutôt une installation qui nous permet de regarder notre propre travail avec une perspective complètement différente. » Egalement prévus lors de cette année anniversaire: un livre en collaboration avec Walther König et une exposition au Design museum de Gand, à partir de septembre 2021. « Ce sera la dernière avant que le musée ne ferme ses portes pour rénovation. Cette expo, c’est comme rentrer à la maison. Certainement après la tournée internationale qui nous attend au printemps. »

International

Une fameuse tournée internationale, en effet, puisqu’en 2021 sont prévues des expositions à New York (Matter), Barcelone (Side Gallery) et Berlin (Murkudis). L’intérêt pour leur travail, au-delà de nos frontières, qui s’est manifesté tôt dans la carrière du couple est toujours élevé. « C’est agréable d’être apprécié. Mais la reconnaissance dont nous jouissons en Belgique a quand même un goût particulier, avoue Fien. A l’étranger, là où on ne connaît personne, il est parfois simplement plus difficile de percevoir l’intérêt qu’on a pour nous. »

2014: Marina Bautier

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

Marina Bautier, couronnée en 2014, a décidé de se consacrer au développement de sa marque et, malgré un contexte difficile, fait tourner la boutique. Ce qui a toujours impressionné chez elle, c’est la détermination avec laquelle elle s’est extraite des circuits traditionnels pour créer son propre label (en photo, son banc Oak Dining). Une indépendance acquise au prix d’incalculables efforts, qui lui donna la liberté de rassembler sous le même toit son atelier, son studio et le point de vente de ses créations. Soit un mobilier qui va à l’essentiel, durable, fonctionnel et d’un goût irréprochable ; d’aucuns la classeraient volontiers dans la tendance japandi, élégant mariage entre l’esthétique scandinave et le minimalisme japonais. Côté actu, elle s’apprête à dévoiler un nouveau canapé et une collection de porcelaine, d’ici à la fin de l’année, et planche sur l’ouverture d’un espace café – en attendant, on patientera avec le Journal de son site Web, plein de recettes destinées aux amateurs de bonne chère et de belles tablées.

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2018: Frederik Delbart

2018: Frederik Delbart
2018: Frederik Delbart© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2018 / ALEXANDER POPELIER

« Les designers doivent se regarder droit dans le miroir. Nous ne pouvons pas continuer à bombarder le marché avec des milliers de produits. La crise du coronavirus a rendu ce constat plus évident encore. » Frederik Delbart, élu en 2018, est toujours actif comme concepteur de produits pour des sociétés internationales et des éditeurs belges tels que Wildspirit et Quincalux (en photo le sofa Sablon pour Recor Home). Mais ce qu’il préfère, c’est rendre le secteur « futureproof ». Il accompagne, comme consultant, des entreprises dans les domaines de l’identité de marque, de l’innovation et de la circularité, avec pour objectif un avenir plus durable. L’été dernier, il a été sélectionné par BOS+, Flanders DC et l’OVAM pour assister le projet Wood-Design, avec le défi d’envisager de manière créative les flots de déchets de l’industrie du bois.

2018: Frederik Delbart
2018: Frederik Delbart© SDP / RECOR

2017: Unfold

2017: Unfold
2017: Unfold© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2017 / FREDERIC RAEVENS

La grosse actu d’Unfold, couronné en 2017, ce sont des vitrines réalisées pour Hermès (photo) – et avec un thème annuel tel que « Innovation in the making », on comprend pourquoi la maison a fait appel au duo, à mi-chemin entre artisanat et haute technologie.

« L’inspiration nous est venue de notre collection d’objets Skafaldo, dont le principe de structures automatiquement générées en 3D par ordinateur a été développé selon un nouveau langage, précise Dries Verbruggen. Les deux vitrines principales consistent en un couple de silhouettes en mouvement, l’une masculine, l’autre féminine, sur lesquelles nous avons positionné des modèles 3D, scannés et modelés à la main, de produits Hermès. Ces produits flottent dans le vide, ou plutôt dans l’image spatiale négative des silhouettes, figées mais en mouvement. Nous voulions quelque chose de plus réel, plus éphémère, dans l’instant. C’est dans cet espace négatif que nous avons placé nos structures d’échafaudage, mais contrairement à celles de Skafaldo, imprimées en 3D, nous avons opté pour des cadres légers, construits à partir de tubes de papier kraft, et de 5.500 connecteurs uniques, imprimés en 3D. L’ensemble joue avec un paysage urbain architectural différent, à l’échelle de la ville, par opposition à la vie quotidienne des silhouettes à l’échelle 1:1. Cet échafaudage évoque l’idée de construction car pour nous, comme pour Hermès, l’innovation est un processus continu, chaque pas en avant s’ajoutant au travail des autres. Enfin, une autre inspiration est le concept japonais d’espace négatif, « Ma », qui enjoint l’observateur à « faire une pause », en opposition à la vitesse des figures en mouvement. Ma est également interprété comme « le réseau complexe de relations entre les personnes et les objets », « une promesse à réaliser » ou encore « un vide plein de possibilités ». »

2017: Unfold
2017: Unfold© VICTOR JONES

2016: Vincent Van Duysen

2016: Vincent Van Duysen
2016: Vincent Van Duysen© KASIA GATKOWSKA/ SERAX

L’architecte anversois Vincent Van Duysen a consacré l’essentiel de son temps, depuis son sacre, à la direction créative de Molteni & C. Notre lauréat avait tant marqué l’année 2016 de son empreinte que notre jury de l’époque décida à l’unanimité de revoir les critères d’âge en vigueur pour lui permettre de recevoir son prix. Si depuis il s’est notamment illustré par des projets très médiatisés, comme la résidence de Kim Kardashian et Kanye West en février dernier, c’est donc son boulot de directeur créatif pour le label italien de meubles qui l’occupe au jour le jour. Depuis son intronisation en 2016, c’est lui qui est responsable de l’identité et de l’image de la prestigieuse maison, supervisant tout, des catalogues aux points de vente, en passant évidemment par les stands des foires internationales. Côté archi, son bureau continue cependant à mener de front un nombre appréciable de projets, et a tout récemment inauguré un espace multi-ventes à Bangkok, The Original Store for Central.

2015: Muller Van Severen

2015: Muller Van Severen
2015: Muller Van Severen© SDP

L’avenir de Muller Van Severen en trois points.

Échanges

Avec leur partenaire de la première heure Valerie Objects, Fien Muller et Hannes Van Severen, gagnants 2015, viennent de développer une lampe et une série de tables en bois. Ils signent aussi le sofa The Pillow pour la marque de mode belge Kassl Editions. Sans oublier la cuisine Match pour Reform Copenhagen, qui a décroché cet été un Wallpaper Design Award. Le tandem annonce par ailleurs le début d’une série de collaborations pour les prochains mois. A côté d’une très attendue collection pour la marque danoise Hay (tables, lampes, vases et chandeliers), il y aura aussi un tapis pour cc-tapis. « Parallèlement au dialogue constant que Hannes et moi entretenons, c’est aussi passionnant d’échanger avec d’autres, affirme Fien Muller. Hay a une autre manière de travailler que Reform ou Kassl Editions, qui à leur tour sont complètement différents d’une galerie comme Kreo. Entre eux, il y a un éventail de nouvelles perspectives autour de la fabrication d’un objet. Mais nous ne voulons pas juste lancer un énième modèle. Nous voulons être sûrs que nous partageons une même vision sur le plan de la durabilité et de l’écologie. »

Anniversaire

L’histoire de design de Muller Van Severen a commencé il y a dix ans avec Valerie Traan. C’est pour cette raison que la galerie sera le lieu d’une exposition festive au printemps 2021. « Nous ne voulons pas donner un aperçu de ce que nous avons fait ces dix dernières années. C’est une rétrospective de ce genre qui était récemment présentée à la Villa Cavrois, précise Fien. Ce sera plutôt une installation qui nous permet de regarder notre propre travail avec une perspective complètement différente. » Egalement prévus lors de cette année anniversaire: un livre en collaboration avec Walther König et une exposition au Design museum de Gand, à partir de septembre 2021. « Ce sera la dernière avant que le musée ne ferme ses portes pour rénovation. Cette expo, c’est comme rentrer à la maison. Certainement après la tournée internationale qui nous attend au printemps. »

International

Une fameuse tournée internationale, en effet, puisqu’en 2021 sont prévues des expositions à New York (Matter), Barcelone (Side Gallery) et Berlin (Murkudis). L’intérêt pour leur travail, au-delà de nos frontières, qui s’est manifesté tôt dans la carrière du couple est toujours élevé. « C’est agréable d’être apprécié. Mais la reconnaissance dont nous jouissons en Belgique a quand même un goût particulier, avoue Fien. A l’étranger, là où on ne connaît personne, il est parfois simplement plus difficile de percevoir l’intérêt qu’on a pour nous. »

2014: Marina Bautier

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

Marina Bautier, couronnée en 2014, a décidé de se consacrer au développement de sa marque et, malgré un contexte difficile, fait tourner la boutique. Ce qui a toujours impressionné chez elle, c’est la détermination avec laquelle elle s’est extraite des circuits traditionnels pour créer son propre label (en photo, son banc Oak Dining). Une indépendance acquise au prix d’incalculables efforts, qui lui donna la liberté de rassembler sous le même toit son atelier, son studio et le point de vente de ses créations. Soit un mobilier qui va à l’essentiel, durable, fonctionnel et d’un goût irréprochable ; d’aucuns la classeraient volontiers dans la tendance japandi, élégant mariage entre l’esthétique scandinave et le minimalisme japonais. Côté actu, elle s’apprête à dévoiler un nouveau canapé et une collection de porcelaine, d’ici à la fin de l’année, et planche sur l’ouverture d’un espace café – en attendant, on patientera avec le Journal de son site Web, plein de recettes destinées aux amateurs de bonne chère et de belles tablées.

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

2019: Destroyers/Builders

Les 15 ans du prix du Designer de l'année: que sont devenus nos anciens lauréats?
© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2019 / ALEXANDER POPELIER

« Depuis que ce titre de Designer de l’année 2019 a été rendu public, c’est devenu de plus en plus intense », explique Linde Freya Tangelder, qui aurait dû présenter, sous le nom Destroyers/Builders, pas moins de cinq projets à Milan cette année. « Du positif dans du négatif, disons. Le fait que ces lancements aient été postposés n’a fait qu’améliorer le résultat. » Linde a notamment été sélectionnée pour concevoir un objet pour la maison française de haute couture Dior, pour le projet international Re-Made du magazine Wallpaper et pour Doppia Firma, organisé par la Fondazione Cologni, en Italie. Mais pour en savoir plus, il faudra attendre le printemps 2021…

2019: Destroyers/Builders
2019: Destroyers/Builders© ALEXANDER POPELIER

En attendant, on peut aussi découvrir en Belgique de nouvelles pièces. Destroyers/Builders vient justement d’éditer la console Windows de Bo Bardi (photo), un bureau en bois de tulipier, en édition limitée, chez Valerie Traan. Et il y a aussi pas mal de choses qui se préparent avec le collectif Brut dont elle fait partie. On pourra en effet découvrir sa première collection, sur rendez-vous, le week-end du 24 octobre. « Après Steenkool et Bodem qui tournaient autour d’une scénographie rassemblant des créations individuelles, City Remnants est une série d’objets modulaires et fonctionnels que nous avons vraiment conçue ensemble. Nous puisons notre inspiration dans le paysage urbain: un seuil, un rond-point, un grillage ou un système de construction », explique la créatrice. Avec cet événement, le collectif quitte définitivement les Zaventem Ateliers pour s’installer à l’Haptic House d’Anvers.

Notre lauréate de l’an passé a un conseil pour ses successeurs au palmarès: « C’est important de rester sélectif, parce qu’on reçoit toutes sortes de propositions. Certaines peuvent sembler très séduisantes, mais ne collent pas avec le designer que vous êtes. Prenez surtout ce titre comme un incroyable coup de boost vers la direction dans laquelle vous voulez aller, et pas pour partir soudain dans tous les sens. »

2018: Frederik Delbart

2018: Frederik Delbart
2018: Frederik Delbart© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2018 / ALEXANDER POPELIER

« Les designers doivent se regarder droit dans le miroir. Nous ne pouvons pas continuer à bombarder le marché avec des milliers de produits. La crise du coronavirus a rendu ce constat plus évident encore. » Frederik Delbart, élu en 2018, est toujours actif comme concepteur de produits pour des sociétés internationales et des éditeurs belges tels que Wildspirit et Quincalux (en photo le sofa Sablon pour Recor Home). Mais ce qu’il préfère, c’est rendre le secteur « futureproof ». Il accompagne, comme consultant, des entreprises dans les domaines de l’identité de marque, de l’innovation et de la circularité, avec pour objectif un avenir plus durable. L’été dernier, il a été sélectionné par BOS+, Flanders DC et l’OVAM pour assister le projet Wood-Design, avec le défi d’envisager de manière créative les flots de déchets de l’industrie du bois.

2018: Frederik Delbart
2018: Frederik Delbart© SDP / RECOR

2017: Unfold

2017: Unfold
2017: Unfold© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2017 / FREDERIC RAEVENS

La grosse actu d’Unfold, couronné en 2017, ce sont des vitrines réalisées pour Hermès (photo) – et avec un thème annuel tel que « Innovation in the making », on comprend pourquoi la maison a fait appel au duo, à mi-chemin entre artisanat et haute technologie.

« L’inspiration nous est venue de notre collection d’objets Skafaldo, dont le principe de structures automatiquement générées en 3D par ordinateur a été développé selon un nouveau langage, précise Dries Verbruggen. Les deux vitrines principales consistent en un couple de silhouettes en mouvement, l’une masculine, l’autre féminine, sur lesquelles nous avons positionné des modèles 3D, scannés et modelés à la main, de produits Hermès. Ces produits flottent dans le vide, ou plutôt dans l’image spatiale négative des silhouettes, figées mais en mouvement. Nous voulions quelque chose de plus réel, plus éphémère, dans l’instant. C’est dans cet espace négatif que nous avons placé nos structures d’échafaudage, mais contrairement à celles de Skafaldo, imprimées en 3D, nous avons opté pour des cadres légers, construits à partir de tubes de papier kraft, et de 5.500 connecteurs uniques, imprimés en 3D. L’ensemble joue avec un paysage urbain architectural différent, à l’échelle de la ville, par opposition à la vie quotidienne des silhouettes à l’échelle 1:1. Cet échafaudage évoque l’idée de construction car pour nous, comme pour Hermès, l’innovation est un processus continu, chaque pas en avant s’ajoutant au travail des autres. Enfin, une autre inspiration est le concept japonais d’espace négatif, « Ma », qui enjoint l’observateur à « faire une pause », en opposition à la vitesse des figures en mouvement. Ma est également interprété comme « le réseau complexe de relations entre les personnes et les objets », « une promesse à réaliser » ou encore « un vide plein de possibilités ». »

2017: Unfold
2017: Unfold© VICTOR JONES

2016: Vincent Van Duysen

2016: Vincent Van Duysen
2016: Vincent Van Duysen© KASIA GATKOWSKA/ SERAX

L’architecte anversois Vincent Van Duysen a consacré l’essentiel de son temps, depuis son sacre, à la direction créative de Molteni & C. Notre lauréat avait tant marqué l’année 2016 de son empreinte que notre jury de l’époque décida à l’unanimité de revoir les critères d’âge en vigueur pour lui permettre de recevoir son prix. Si depuis il s’est notamment illustré par des projets très médiatisés, comme la résidence de Kim Kardashian et Kanye West en février dernier, c’est donc son boulot de directeur créatif pour le label italien de meubles qui l’occupe au jour le jour. Depuis son intronisation en 2016, c’est lui qui est responsable de l’identité et de l’image de la prestigieuse maison, supervisant tout, des catalogues aux points de vente, en passant évidemment par les stands des foires internationales. Côté archi, son bureau continue cependant à mener de front un nombre appréciable de projets, et a tout récemment inauguré un espace multi-ventes à Bangkok, The Original Store for Central.

2015: Muller Van Severen

2015: Muller Van Severen
2015: Muller Van Severen© SDP

L’avenir de Muller Van Severen en trois points.

Échanges

Avec leur partenaire de la première heure Valerie Objects, Fien Muller et Hannes Van Severen, gagnants 2015, viennent de développer une lampe et une série de tables en bois. Ils signent aussi le sofa The Pillow pour la marque de mode belge Kassl Editions. Sans oublier la cuisine Match pour Reform Copenhagen, qui a décroché cet été un Wallpaper Design Award. Le tandem annonce par ailleurs le début d’une série de collaborations pour les prochains mois. A côté d’une très attendue collection pour la marque danoise Hay (tables, lampes, vases et chandeliers), il y aura aussi un tapis pour cc-tapis. « Parallèlement au dialogue constant que Hannes et moi entretenons, c’est aussi passionnant d’échanger avec d’autres, affirme Fien Muller. Hay a une autre manière de travailler que Reform ou Kassl Editions, qui à leur tour sont complètement différents d’une galerie comme Kreo. Entre eux, il y a un éventail de nouvelles perspectives autour de la fabrication d’un objet. Mais nous ne voulons pas juste lancer un énième modèle. Nous voulons être sûrs que nous partageons une même vision sur le plan de la durabilité et de l’écologie. »

Anniversaire

L’histoire de design de Muller Van Severen a commencé il y a dix ans avec Valerie Traan. C’est pour cette raison que la galerie sera le lieu d’une exposition festive au printemps 2021. « Nous ne voulons pas donner un aperçu de ce que nous avons fait ces dix dernières années. C’est une rétrospective de ce genre qui était récemment présentée à la Villa Cavrois, précise Fien. Ce sera plutôt une installation qui nous permet de regarder notre propre travail avec une perspective complètement différente. » Egalement prévus lors de cette année anniversaire: un livre en collaboration avec Walther König et une exposition au Design museum de Gand, à partir de septembre 2021. « Ce sera la dernière avant que le musée ne ferme ses portes pour rénovation. Cette expo, c’est comme rentrer à la maison. Certainement après la tournée internationale qui nous attend au printemps. »

International

Une fameuse tournée internationale, en effet, puisqu’en 2021 sont prévues des expositions à New York (Matter), Barcelone (Side Gallery) et Berlin (Murkudis). L’intérêt pour leur travail, au-delà de nos frontières, qui s’est manifesté tôt dans la carrière du couple est toujours élevé. « C’est agréable d’être apprécié. Mais la reconnaissance dont nous jouissons en Belgique a quand même un goût particulier, avoue Fien. A l’étranger, là où on ne connaît personne, il est parfois simplement plus difficile de percevoir l’intérêt qu’on a pour nous. »

2014: Marina Bautier

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

Marina Bautier, couronnée en 2014, a décidé de se consacrer au développement de sa marque et, malgré un contexte difficile, fait tourner la boutique. Ce qui a toujours impressionné chez elle, c’est la détermination avec laquelle elle s’est extraite des circuits traditionnels pour créer son propre label (en photo, son banc Oak Dining). Une indépendance acquise au prix d’incalculables efforts, qui lui donna la liberté de rassembler sous le même toit son atelier, son studio et le point de vente de ses créations. Soit un mobilier qui va à l’essentiel, durable, fonctionnel et d’un goût irréprochable ; d’aucuns la classeraient volontiers dans la tendance japandi, élégant mariage entre l’esthétique scandinave et le minimalisme japonais. Côté actu, elle s’apprête à dévoiler un nouveau canapé et une collection de porcelaine, d’ici à la fin de l’année, et planche sur l’ouverture d’un espace café – en attendant, on patientera avec le Journal de son site Web, plein de recettes destinées aux amateurs de bonne chère et de belles tablées.

2014: Marina Bautier
2014: Marina Bautier© SDP

2013: Jean-François D’Or

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© STÉPHANIE DEROUAUX

Plus inclassable que jamais, Jean-François D’Or poursuit son exploration de territoires poétiques tous domaines confondus, « avec l’inexorable tentative de viser l’intersection de ces disciplines. » Quand chaque mot, chaque image ou chaque idée peut servir de tremplin à une nouvelle rêverie, on ne court aucun risque de s’ennuyer. C’est sans doute pourquoi il se déclare « busy as a bee » quand on lui demande de qualifier son actualité. On veut bien le croire, quand il entame le détail de ses activités – « Entre le design, les performances, les installations, les bribes d’écriture… Bref tout ce qui me fait vibrer et casse encore un peu plus ma tête et ses méandres. » A l’entendre, on mesure à peine le chemin parcouru depuis son sacre de 2013 – designer versatile et curieux, on le devinait volontiers poète, mais peut-être pas encore prêt à faire voler en éclats les frontières cloisonnant ses nombreux talents et centres d’intérêt.

2013: Jean-François D'Or
2013: Jean-François D’Or© SDP

Désormais résolu à « busterkeatonner l’existence », il laisse libre cours à ses envies lors de ses Bulles voisines, « moments éphémères » qui voient dialoguer concerts, installations, performances « et autres terrains expérimentaux », le tout en intersection avec le design. Jean-François D’Or n’en oublie pas ses premières amours industrielles (en photo, le miroir Elisabeth pour Reflect+) pour autant – même si souvent, à la lecture du descriptif de ses créations, on s’imagine des machineries et fantaisies façon Boris Vian ou Jacques Tati. « Je suis en train de traverser plusieurs projets en parallèle. Je suis occupé avec Ligne Roset, tossB, Domani, Atelier J&J, Hermès et d’autres « , confirme-t-il. Des projets sont en cours, « parfois ralentis ou accélérés » par la crise sanitaire – à ce propos, il vient d’être chargé de l’étude d’un nouveau concept de masques. On a hâte de voir par quels moyens détournés il va encore parvenir à nous étonner.

2012: Alain Gilles

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© PIET-ALBERT GOETHALS

Toujours prolifique, Alain Gilles, sacré Designer de l’année en 2012, n’a pas perdu son temps durant ces derniers mois chahutés. La preuve par trois.

Les News

« Chaque éditeur a décidé de son propre timing de sortie. Certains ont choisi de communiquer sur leurs nouveautés à la date « officielle » de lancement du Salone milanais, même s’il n’a finalement pas eu lieu, alors que d’autres y vont petit à petit. Il y en a, comme les Italiens de Miniforms, qui présentent les objets au moment où ils sont disponibles en magasin. On vient de développer un miroir pour eux: Coque. »

La famiglia

« Bonaldo, c’est vraiment la famille. Là, ça doit faire une bonne douzaine d’années que l’on travaille ensemble, et il ne s’est jamais passé un an sans que l’on collabore sur un ou plusieurs projets. On se comprend. Je les pousse toujours un peu dans leurs derniers retranchements, mais on s’entend bien. Ensemble, on vient de faire deux grandes tables: la Geometric, où l’on joue sur le côté sculptural et le changement de perception, et la Cross, avec son grand pied central. Pour eux, cette dernière offre autant de flexibilité que la Big Table (NDLR: son best-seller maison), dont on a fêté les 10 ans il y a peu. »

2012: Alain Gilles
2012: Alain Gilles© SDP

La suite

« En janvier, j’ai collaboré avec une entreprise française historique, la Faïencerie de Charolles ; ça faisait des années que j’avais envie de travailler la céramique. Je n’y connaissais rien et par hasard j’ai rencontré quelqu’un qui avait racheté cette faïencerie et était à la recherche d’un designer pour créer des trucs plus modernes et relancer la boîte. Avec l’aide de ce spécialiste, on a créé Stacked (photo), un projet basé sur deux formes, un cylindre et un plateau, et avec ces deux modules j’ai commencé à imaginer une collection d’objets, certains plus  » galerie », d’autres plus classiques. Et maintenant, j’ai envie de faire plein de trucs en céramique: pour moi, c’est le nouveau plastique. »

2011: Nathalie Dewez

2011: Nathalie Dewez
2011: Nathalie Dewez© SDP

Installée sous le soleil du Midi depuis un an et demi, Nathalie Dewez, couronnée en 2011, partage son temps entre les cours qu’elle donne aux beaux-arts, à Marseille, et ses projets personnels. Elle n’oublie pas la Belgique pour autant, et y « remonte régulièrement – avec le TGV ça va vite ». Son actu, c’est d’ailleurs un projet d’éclairage public avec le bureau 51N4E, à Bruxelles, consistant à repenser la mise en lumière des tunnels autour de la gare du Nord. Une première pour elle, et donc la découverte d’interlocuteurs et de contraintes, ce qui ne l’a pas dissuadée de proposer « quelque chose de différent ». A l’opposé, elle planche en parallèle sur un projet « monumental » – 3 mètres de diamètre – dans un vaste loft privé.

Du côté de l’édition, le Covid est évidemment passé par là, et ses projets en cours ont subi un coup d’arrêt, notamment chez De Castelli, pour qui elle devait sortir un miroir lors de la grand-messe milanaise – « Tout est en stand-by. » Même écho chez Delta Light, qui a vu son calendrier chamboulé par l’annulation de la Biennale Interieur, à Courtrai. « C’est compliqué, tout est décalé, c’est un peu le piège du système des salons, qui rythme les sorties de l’année. Les produits trop tendance ou trop mode vont sauter, tandis que les choses plus pérennes resteront », espère-t-elle avec une bonne dose de philosophie.

2010: Bram Boo

2010: Bram Boo
2010: Bram Boo© ARCHIVES LEVIF WEEKEND 2010 / JULIEN POHL

C’est en se frottant à la fabrication des canevas de toiles pour son père, le peintre Bram Bogart (1921-2012), que ce créateur hors normes s’est pris de passion pour le bois, qui reste son matériau de prédilection. Autodidacte, le Designer de l’année 2010, Bram Boo, a su tracer sa voie en osant sans complexe apporter une touche de folie aux objets fonctionnels du quotidien. Ses pièces exubérantes ont trouvé leur place dans les galeries mais aussi auprès d’éditeurs belges et internationaux. Le bureau Overdose, avec ses boîtes de rangement comme empilées les unes sur les autres, occupe une place de choix dans le catalogue de Bulo. Après avoir mis sa carrière en pause le temps de sécuriser l’héritage artistique de son père, Bram Boo, désormais installé à Ohain, se plaît à sculpter les arbres en meubles, compagnons de vie.

2009: Sylvain Willenz

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© JULIEN RENAUL

Actu chargée pour notre lauréat 2009, Sylvain Willenz, et son studio, avec un beau tir groupé de nouveautés, parmi lesquelles on retrouve – sans surprise – une majorité d’assises, son exercice de prédilection.

Le monde entier a tourné au ralenti cette année, mais chez vous ça a carburé…

On est plutôt occupés, oui, on a pas mal de projets. En fait, on avait prévu une année 2020 bien remplie: on avait bien travaillé, on s’était bien organisés. Les salons qu’on a faits en 2019 étaient en train de déboucher sur de nouvelles collaborations et rencontres. A Milan, on avait cinq sorties, et encore d’autres par après. Mais tout a été stoppé, et les présentations ont eu lieu au compte-gouttes.

C’était quoi, les principales nouveautés?

Le premier truc, c’est les tabourets Totem pour Sancal (photo), puis les poufs Cèpe pour Arrmet, le fauteuil Hopper et la chaise Homerun pour Fest Amsterdam, et encore toute la collection Curve chez Serax. Enfin, il y a aussi la chaise Upon pour les Italiens de Zilio A&C. J’en suis très fier parce que c’est l’une des plus belles pièces que l’on ait faites jusqu’à présent. Elle est réussie d’un point de vue esthétique comme technique, on est vraiment contents. Il y avait encore d’autres choses, mais a priori tout est remis au Salon de Milan 2021, en espérant qu’il puisse avoir lieu.

2009: Sylvain Willenz
2009: Sylvain Willenz© SANCAL

Il se chuchote que vous pourriez rempiler chez Cappellini…

C’est toujours en cours, même si on est forcément un peu dans le vague, mais ce serait génial que ça se concrétise parce que c’est un beau projet, avec une dimension « contract », un système modulaire qui serait vraiment un bon produit. On a un autre système ultramodulable en cours, avec les Polonais de Comforty, et puis encore d’autres projets, des fauteuils, des canapés, des tissus, mais il est encore un peu tôt pour les aborder. On en reparlera.

2008: Stefan Schöning

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© CHARLIE DE KEERSMAECKER

Fier de son statut de designer industriel, le créateur anversois Stefan Schöning, élu en 2008, s’illustre avec la même aisance dans la conception d’identité visuelle, comme la nouvelle signalétique touristique la ville de Gand (photo), l’aménagement d’espaces publics – dernièrement, une tour d’observation pour les jardins de la ville d’Ostende codessinée avec le bureau Sarah Poot architectuur – ou la création de mobilier pour les entreprises ou les particuliers. Stefan Schöning fait également partie des designers européens choisis par l’Etat de Malaisie pour promouvoir le travail des industriels locaux en créant pour eux des meubles contemporains haut de gamme. « Cela nous a permis de découvrir un tout nouveau monde, une autre culture, c’est une expérience particulièrement enrichissante sur le plan humain qui se poursuit déjà depuis plus de 5 ans », se réjouit-il. Les créations nées de cette collaboration sont aujourd’hui distribuées en Europe par la marque espagnole Teulat.

2008: Stefan Schöning
2008: Stefan Schöning© SDP

2007: Nedda El-Asmar

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© ELYANE VAN COILLIE

Désormais enseignante à la PXL-MAD School of Arts d’Hasselt, Nedda El-Asmar, primée en 2007, se rappelait à nous par la sortie ponctuelle de quelques projets. Un certain virus est venu tout bouleverser, accélérant une réflexion déjà en cours sur sa propre pratique du métier.

« A cause de la crise du coronavirus, mes derniers projets ont été mis en suspens – à part un brûleur d’encens (photo). Donc, pour la suite, on verra bien comment les choses vont tourner. Je ne sais pas encore vers où je me dirige, mais ce qui est sûr, c’est que tout se passera d’une autre manière. Actuellement, on demande à tout le monde de moins consommer, de moins produire, mais le modèle économique encourage la majorité des sociétés à vendre un maximum, au prix le moins cher. Et le système des royalties n’est viable que dans le cas de grosses productions, sinon c’est  » peanuts « . Il faut donc arrêter de faire croire aux jeunes que c’est un moyen par lequel ils pourront gagner de l’argent. La réflexion qui m’occupe se base sur un constat: la façon dont je travaillais par le passé, c’est terminé. Je vais passer à quelque chose d’autre, même s’il est encore un peu tôt pour en parler. Mais j’ai besoin de me réinventer, de trouver une approche différente, et redéfinir ce que j’estime être ma valeur ajoutée. Cette réflexion n’est pas nouvelle, elle est en cours depuis les deux dernières années, mais la crise actuelle a accéléré tout ça. Donc je cherche une façon de contribuer à la solution, au lieu de faire partie du problème. »

2007: Nedda El-Asmar
2007: Nedda El-Asmar© SDP

2006: Alain Berteau

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

Il est le premier à l’admettre, il lui est arrivé de se tromper, par faute parfois d’être en avance sur l’air du temps… Quatorze ans après avoir été notre tout premier Designer de l’année, en 2006, la philosophie d’ Alain Berteau n’a pas changé. « Le design, ce n’est pas l’image ou la posture du design, encore moins la déco instagrammable et narcissique qui nous submerge en ce moment, plaide le Bruxellois. C’est de la tentative d’innovation stratégique et typologique pure et dure. » Pour ses clients aux quatre coins de l’Europe (en photo, des fauteuils empilables pour Famo), qu’il s’agisse de fabricants de mobilier de bureau, de luminaires nomades ou de produits architecturaux solaires, l’architecte réinvente sans cesse ce que l’on croit connu et défini une bonne fois pour toutes. En mettant le confort, l’écologie et la praticité au coeur des recherches.

2006: Alain Berteau
2006: Alain Berteau© SDP

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