Du sweat à capuche à la minijupe: 20 pièces iconiques dans l’oeil de nos experts

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Les 20 pièces de créateur que l’histoire retiendra. © Collage Getty Images & Launchmetrics.com/spotlight

Quels vêtements ont marqué durablement le monde de la mode? Quels modèles continuent d’influencer la nouvelle génération de designers? Le Vif Weekend a sélectionné, en collaboration avec six experts, les vingt icônes qui ont révolutionné ces 150 dernières années fashion.

L’idée peut paraître simple: dresser la liste des vêtements qui ont le plus marqué la mode. Mais quand on y réfléchit, les créateurs sortant au moins deux collections par an, voire plus, et ce depuis des décennies, le dressing des pièces mythiques déborde amplement.

Pour y faire le tri, et rendre la sélection la plus objective possible, nous avons donc fait appel à un large panel d’experts: Meryll Rogge, créatrice de la marque éponyme, Hannelore Knuts, mannequin, Jesse Brouns, journaliste de mode pour Le Vif Weekend, Maureen De Clercq, directrice artistique de Café Costume et professeure à l’Académie d’Anvers, Eve Demoen, conservatrice du Musée de la mode de Hasselt, et Tony Delcampe, directeur de La Cambre mode(s).

Ces spécialistes ont été chargé de sélectionner sept à dix vêtements influents sur la base de leur importance historique, de leur innovation technique et de leur pertinence culturelle. Nous leur avons également demandé d’expliquer brièvement leur choix. Nous avons aussi pris le parti de ne pas retenir d’accessoires, de tenues pour enfants, et de limiter les recherches aux 150 dernières années.

Tous les participants ont reconnu que la tâche était difficile. «J’ai longtemps hésité et j’ai dû faire beaucoup de recherches pour trouver les sources réelles de ces modèles», confie Tony Delcampe. «Il n’était pas évident de n’en choisir que dix, c’est pourquoi je me suis concentrée sur la mode féminine», ajoute Eve Demoen. Au total, 55 pièces ont été nominées, dont sept deux fois, deux trois fois et une quatre fois. Ces dix icônes citées plusieurs fois ont automatiquement été retenues dans notre top 20. Nous avons effectué le reste de la sélection de manière largement intuitive, en gardant à l’esprit une répartition égale par membre du jury et une diversité suffisante en termes de styles, de créateurs, d’époques et de gammes de prix. La liste n’a pas été établie selon un ordre hiérarchique.

Le hoodie ou sweat à capuche, Champion, vers 1930

Le pull à capuche est inventé au début des années 30 par Knickerbocker Knitting Company, aujourd’hui connu sous le nom de Champion, pour une équipe de football locale et comme vêtement de travail pour les ouvriers des entrepôts frigorifiques de New York. Cette pièce confortable s’impose rapidement auprès des étudiants, des skaters et des amateurs de hip-hop, et devient une valeur sûre. «Casual ou couture, le hoodie est désormais accepté dans toutes les strates de la sphère fashion, avance Hannelore Knuts. Mais il s’agit également d’un vêtement socialement connoté. On se souvient de Trayvon Martin, l’ado afro-américain abattu en 2012 par un vigile qui soupçonnait le garçon de mauvaises intentions parce qu’il portait un sweat à capuche.»

Le hoodie est un basique du streetwear. Ici, un modèle Vetements, hiver 2016 – © launchmetrics.com/spotlight

Le jeans 505, Levi’s,1967

«C’est le frère plus rebelle et plus sexy du 501 utilitaire, connu pour avoir figuré sur les pochettes de Sticky Fingers des Rolling Stones et du premier album des Ramones», explique Jesse Brouns. Avec sa coupe plus étroite et sa taille plus haute, le pantalon en question a l’air un peu plus robuste. Le 505 est également le premier modèle de Levi’s à être pré-rétréci, pour éviter le rétrécissement au lavage, et zippé.

Levi’s 505 © GF

La robe Homard, Schiaparelli, 1937

«Cette pièce, fruit de la collaboration entre la créatrice Elsa Schiaparelli et l’artiste Salvador Dalí, est un excellent exemple de la pollinisation croisée entre l’art et la mode», explique Meryll Rogge. Ensemble, les deux amis ont imaginé ce modèle ivoire sur lequel est peint un homard orange vif. La robe devient célèbre lorsque Wallis Simpson le porte lors d’une séance photo pour Vogue, juste avant son mariage avec Edouard VIII.

Wallis Simpson dans la robe Homard de Schiaparelli lors d’un shooting pour Vogue, en 1937. © Getty Images © Conde Nast via Getty Images

Le smoking, Yves Saint Laurent, 1966

«Yves Saint Laurent a été le premier à faire défiler une femme en costume. Cette initiative, controversée à l’époque, a depuis inspiré plusieurs générations, de Martin Margiela à Miuccia Prada. Dans le sillage du Français, tous ont ainsi pu expérimenter les normes de genre et combiner les styles féminins et masculins classiques, insiste Meryll Rogge. La coupe du blazer a également influencé le travail de nombre de ses confrères.» Maureen De Clerq évoque aussi la version blanche de l’emblématique smoking YSL dans lequel Bianca Jagger se marie en 1971, à une époque où il n’est pas courant de se marier en tailleur plutôt qu’en robe.

Ce smoking figure dans la dernière collection que Saint Laurent a signée pour sa propre maison en 2002. Porté ici par Eva Herzigova. © Getty Images © Penske Media via Getty Images

La veste Bar, Dior, 1947

La veste Bar, reconnaissable à sa taille étroite, ses épaules rondes et sa courbe remarquable au niveau des hanches, fait partie du célèbre New Look qui a changé le monde de la mode et la carrière de Christian Dior pour toujours. La nature révolutionnaire de ce «nouveau look» réside dans l’accent mis par Dior sur les seins, la taille et les hanches. «La silhouette traduit la légèreté et la joie régnant à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, elle semble intemporelle», observe Hannelore Knuts.

La veste Bar de Dior,un classique intemporel. © GF

Le bomber MA-1, Alpha Industries, 1958

La veste bomber MA-1 est conçue par Alpha Industries à la fin des années 50 pour habiller les pilotes de l’armée de l’air américaine de manière chaude et légère. La version la plus connue est fabriquée en Nylon kaki avec une doublure orange caractéristique, qui permet de rendre les pilotes plus visibles lors des atterrissages d’urgence. «Le MA-1 est ensuite adopté par diverses sous-cultures, comme les punks et les mods, et devient un symbole de rébellion. On le retrouve régulièrement sur les podiums dans des versions contemporaines revisitées», explique Meryll Rogge.

Le bomber: du cockpit à la rue. © Getty Images © Getty Images

La robe Lumps & Bumps, Comme des Garçons, 1997

«La collection Body Meets Dress, Dress Meets Body de Rei Kawakubo pour Comme des Garçons a remis en question l’idéal de beauté classique et la silhouette traditionnelle en expérimentant les formes et en jouant avec les proportions», raconte Eve Demoen. Cette collection a suscité beaucoup de controverses. Ce qui explique probablement pourquoi ces robes, en particulier celle en vichy, ont été le plus souvent sélectionnées par notre jury. «Rei a redessiné les contours du corps féminin, brouillé les frontières, agrandi les proportions… La robe s’approche de la sculpture», fait remarquer Tony Delcampe.

La robe Lumps & Bumps en vichy est la pièce la plus citée par notre panel d’experts. © Getty Images © Conde Nast via Getty Images

La robe en biais, Vionnet, 1932

Madeleine Vionnet n’est peut-être pas aussi connue que ses contemporains Coco Chanel et Cristóbal Balenciaga. Mais la créatrice française a néanmoins marqué l’histoire grâce à cette élégante robe, pour laquelle elle a inventé la coupe en biais: une technique de tailleur dans laquelle le tissu est coupé en oblique par rapport au fil. «Ainsi assemblé, le vêtement offre aux femmes une plus grande liberté de mouvement et une silhouette plus fluide. Aujourd’hui encore, les créateurs sont redevables de ce travail», estime Eve Demoen

Un modèle portant cette robe en biais pose dans Vogue, en 1932. © Getty Images © Conde Nast via Getty Images

Le trench-coat, Burberry, 1879

Thomas Burberry imagine le premier trench-coat en 1879, soit un imperméable destiné aux officiers de l’armée britannique, trench signifiant tranchée en anglais. Après la Première Guerre mondiale, le manteau prend une allure plus sportive et, grâce à des icônes du cinéma comme Audrey Hepburn, il devient culte. «Bien qu’il y ait eu de légères modifications au fil des ans, telle la doublure en tartan, le modèle original est resté pratiquement inchangé», souligne Maureen De Clercq

Un trench-coat Burberry, collection 2023. © launchmetrics.com/spotlight

La robe portefeuille, Diane von Furstenberg, 1973

La robe portefeuille, très confortable et flatteuse, connaît un grand succès auprès des femmes actives dans les années 70, car elle rompt alors avec l’idée qu’elles doivent s’habiller comme les hommes pour être prises au sérieux. Depuis, des millions d‘exemplaires ont été vendus et ce modèle reste le cheval de bataille de DvF. «C’est la petite robe noire 2.0, créée par notre héroïne belge Diane», se réjouit Hannelore Knuts.

Une robe portefeuille en soie de Diane von Furstenberg, pour sa collection 2024. © GF 

Le pantalon bondage, Vivienne Westwood et Malcolm McLaren, 1967

«Il représente la genèse du punk et le germe de la mode d’avant-garde des années suivantes, d’abord avec Rei Kawakubo, puis avec Martin Margiela», souligne Jesse Brouns. Le pantalon se distingue par ses sangles de bondage autour des genoux, les nombreuses fermetures Eclair et autres éléments SM. Une veste assortie verra également le jour pour les passionnés.

En 1977, les icônes punk Jordan (Pamela Rooke) et Six (Simon Barker) en Vivienne Westwood. © GF  © Mirrorpix via Getty Images

Le pantalon Pleats Please, Issey Miyake, 1993

Dans les années 80, Issey Miyake met au point ses propres procédés de fabrication de tissus, mais c’est la technique Pleats Please qui lui permet de percer. Il s’agit de couper et de coudre des vêtements en polyester, puis de les plisser dans un four entre deux couches de papier. Sa première collection plissée connaît un énorme succès. Des boutiques dédiées suivent, ainsi qu’une ligne pour hommes. «La ligne Pleats Please est technologiquement innovante et permet de reconnaître immédiatement les vêtements du Japonais. Pour moi, c’était l’un des créateurs les plus importants de sa génération, un moderniste absolu», affirme Jesse Brouns.

Issey Miyake, été 24. © Launchmetrics.com/spotlight

Le corset conique, Jean Paul Gaultier, 1982

Si Jean Paul Gaultier introduit les corsets coniques dès 1982 dans ses défilés de mode, leur grande percée a lieu en 1990 grâce à Madonna. La chanteuse fait de cette pièce de lingerie sa marque de fabrique sur sa tournée mondiale Blond Ambition. «Le corset est l’un des vêtements les plus difficiles à réaliser, et celui-ci est exceptionnellement bien conçu sur le plan technique. Cette collaboration jalonnera l’interaction entre les célébrités et les créateurs de mode», souligne Maureen De Clercq.

Madonna in concert in Tokyo, Japan. She wears the famous outfit designed by Jean-Paul Gaultier. © GF  © Thierry Orban

La marinière, Chanel, 1916

Il y a la petite robe noire, le tweed et le sac matelassé, mais la première véritable innovation lancée par Coco Chanel est une ligne de vêtements en jersey, une matière qui n’est jusqu’alors utilisée que pour les sous-vêtements masculins et les vêtements de sport. Dans cette collection, le haut rayé, la marinière, inspiré de l’uniforme des marins, connaît un succès particulièrement fulgurant. «Elle a été la première à proposer des vêtements confortables pour les femmes, souligne Hannelore Knuts. Désormais, de la salle de sport au tapis rouge, le jersey est incontournable dans notre garde-robe.»

© Conde Nast via Getty Images

Une marinière dans la collection prêt-à-porter de Chanel, en 1994. © Getty Images

Le tee-shirt oversized à col rond AIRism, Uniqlo, 2020

Ce qui commence en 2013 comme une ligne de sous-vêtements en tissu respirant rafraîchissant la peau devient une collection à part entière de tee-shirts, polos, pantalons de jogging et bien plus encore. Plus tard, le designer français Christophe Lemaire est invité à livrer sa vision des basiques AIRism de l’enseigne japonaise Uniqlo, donnant naissance, entre autres, à ce tee-shirt oversized. «Une réinterprétation triomphale du modèle traditionnel – tant sur le plan esthétique que technologique – et, selon moi, la pièce la plus importante de cette décennie», affirme Jesse Brouns.

Le basique d’Uniqlo, vendu 19,90 euros.

Le costume skinny noir, Raf Simons, 1998

En 1998, notre compatriote bouleverse la mode alors qu’il fait défiler des mannequins dans des costumes à coupe étroite. «C’est l’un des premiers créateurs à imaginer des vêtements pour des hommes maigres et non pour les corps musclés qui sont la norme jusqu’alors sur les catwalks. De quoi marquer le début d’une révolution dans le vestiaire masculin, menée par Simons et Hedi Slimane», explique Jesse Brouns.

Les hommes adhèrent massivement au costume de Raf Simons en 1998. © Catwalkpictures

La robe à capuche, Azzedine Alaïa, 1985

«Plus que jamais, la mode cherche son salut dans le sport, mais cette robe reste la plus belle fusion des deux univers», estime Maureen De Clercq. Le créateur franco-tunisien Azzedine Alaïa crée cette pièce en collaboration avec Grace Jones pour son rôle dans le film James Bond A View to a Kill. Yves Saint Laurent, Tom Ford et Elie Saab s’inspireront par la suite – littéralement ou non – de ce modèle emblématique.

Grace Jones dans la robe à capuche créée avec elle par Azzedine Alaïa. © Getty images © Sygma via Getty Images

La minijupe, Mary Quant, 1964

Si l’on peut légitimement se demander par qui et quand la minijupe a été inventée, ce qui est certain en revanche, c’est que c’est la Britannique Mary Quant qui popularise le vêtement auprès du grand public et est donc considérée comme la créatrice qui a libéré les femmes des jupes longues et des tailles serrées dans les années 60. «La minijupe est une pièce politique et un symbole tangible de liberté. Mary Quant a bâti sa réputation grâce à elle et obtenu la reconnaissance très tôt, même par l’establishment. En 1966, elle est nommée Chevalier de l’Ordre de l’Empire britannique par la Reine pour sa contribution à la mode», fait remarquer Jesse Brouns.

La minijupe réapparaît régulièrement, ici chez Dior en 2022. © launchmetrics.com/spotlight

La robe baby doll, Balenciaga, 1957

A l’époque où la silhouette New Look de Dior domine la mode, Balenciaga choisit d’expérimenter d’autres formes, telles que le ballon, la bulle, le cocon et la baby doll. Cette recherche sur les contours a eu et continue d’avoir une influence majeure sur le secteur et sert de base aux robes amples et libres des années 60», explique Eve Demoen. Le terme «baby doll» est dérivé du film éponyme dans lequel Carroll Baker arbore souvent une robe courte et large.

La robe baby doll, un classique de Balenciaga, ici en 2017. © launchmetrics.com/spotlight

Le tee-shirt trompe-l’œil Tattoo, Maison Martin Margiela, 1988

Ce tee-shirt de Maison Martin Margiela, issu de la première collection du designer belge, est l’une des rares créations de cette ligne à être produite. Malgré les critiques initiales, ce modèle au tissu transparent et aux motifs de tatouage bleu foncé s’impose comme l’une de ses œuvres les plus emblématiques, surpassée seulement par les célèbres bottes Tabi. «Ce haut a incité d’innombrables créateurs, dont Jean Paul Gaultier et Paul Smith, à jouer avec les trompe-l’œil», explique Tony Delcampe. Une réinterprétation de cette pièce a même fait partie de la collab’ avec H&M en 2012.

Le tee-shirt trompe-l’œil Tattoo de Maison Martin Margiela, été 1989. © MoMu Anvers / MONICA HO

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