Dans sa rubrique Faits et Gestes, Le Vif Weekend part à la rencontre de Belges qui ont du talent plein les mains. Cette semaine, focus sur Hélène Sajfrt, architecte devenue joaillière au gré d’épreuves qui lui ont rappelé qu’on ne vit qu’une fois, alors autant oser briller.
«Saïfert». C’est ainsi que se prononce le patronyme d’Hélène Sajfrt, qui est aussi le nom de sa jeune ligne de bijoux, en vente depuis juillet dernier dans sa boutique bruxelloise. Un écrin tout de bois et de pierre, que l’ex-architecte a conçu de A à Z… avant même d’avoir le bijou à y exposer.
«J’ai tout fait à l’envers», rit-elle. Et qui peut la blâmer d’avoir mis la charrue, ou plutôt la boutique, avant les bijoux?
C’est que sa reconversion a été amorcée par un sacré choc: le diagnostic d’un cancer en pleine pandémie, avec double mastectomie dans la foulée. L’occasion d’une remise en question pour Hélène, qui ne cache pas «qu’après vingt ans de métier, j’en avais un peu marre».
Plus que de beaux bijoux
Son envie de travailler de ses mains la pousse vers un cours de bijouterie, où elle réalise que bagues, colliers et boucles d’oreilles commencent par de petites maquettes qui ne sont pas sans rappeler celles des architectes. C’est le coup de foudre, mariage réussi de ses années d’expérience et de son désir d’expérimenter d’autres choses, et très vite, ce premier cours de sculpture en cire est suivi par des formations aux prestigieuses écoles Central Saint Martins, à Londres, et Arts et Métiers, à Paris, où Hélène donne d’ailleurs cours aujourd’hui.
Pas mal, pour quelqu’un qui compte encore ses années dans le secteur à l’aide d’un chiffre. «Ce qui est beau avec l’orfèvrerie, c’est qu’on n’a jamais fini d’apprendre», sourit la créatrice de Sajfrt, qui planifie d’ailleurs de se former à l’art des émaux ainsi qu’à la gemmologie, entre autres.
Hommage à son amour de l’Art déco et du Bauhaus, la boutique se distingue par ses boîtes de bois, dans lesquelles on découvre non pas des collections mais plutôt des «familles» de joyaux.
«Le concept de famille me permet d’explorer un concept sur la durée, de partir d’une pièce maîtresse et d’en avoir d’autres qui continuent de s’y ajouter, comme dans une famille. Si dans dix ans, quelqu’un veut m’acheter le bracelet qui va avec ses boucles d’oreilles, c’est possible, et s’il n’existe pas encore, je le crée.»
Les familles en question? Engrenages et Particules, dont les noms font allusion au goût d’Hélène Sajfrt pour les joyaux à l’esthétique épurée, brute et assumée. «Je ne veux pas seulement qu’on achète mes bijoux parce qu’ils sont beaux, mais aussi pour le sentiment de confiance en soi qu’ils procurent», conclut la Bruxelloise, dont la reconversion audacieuse est le meilleur exemple de cette confiance.
21, rue Haute, à 1000 Bruxelles. sajfrt.be
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