Comment la technologie s’immisce-t-elle dans nos vêtements?
Les vêtements connectés deviennent un business lucratif pour le secteur textile. Pour se réinventer et séduire un nouveau public, l’industrie se tourne vers le vêtement utilitaire bardé de technologie. Quelles sont les avancées dans ce domaine ?
Les recherches en textile connecté se tournent vers des produits qui ont comme objectifs principaux d’améliorer la santé ou les performances sportives, mais aussi de faciliter notre quotidien. Ces vêtements suivent le même design que les vêtements normaux, de telle sorte que l’on ne puisse pas distinguer à l’oeil nu les différents capteurs qui les parcourent.
Les fibres synthétiques sont privilégiées, car elles permettent un meilleur contrôle de la production. En effet, les fibres naturelles sont irrégulières, la qualité et la quantité n’étant pas les mêmes d’une fabrication à une autre. Aujourd’hui, la course au progrès veut que la technologie ne soit plus insérée en fin de fabrication, mais dès le départ, lors du croisement des fibres les unes avec les autres.
L’industrie textile essaie tout d’abord de séduire les professionnels du monde de la santé et les sportifs. Ce sont là deux secteurs où les vêtements connectés peuvent être exploités de tout leur potentiel. Mais le secteur tente aussi de se diversifier pour appâter d’autres profils. On peut ainsi trouver facilement sur le Net des t-shirt amincissants, rafraichissants, hydratants, et même améliorant le sommeil. Petit tour d’horizon des nouveautés dans le secteur.
Des sportifs sous surveillance
Le sport est le domaine d’utilisation le plus fréquent et le mieux exploité du textile connecté. Les vêtements technologiques permettent d’envoyer des informations physiques et physiologiques sur la personne qui les porte. Son rythme cardiaque et sa respiration peuvent être contrôlés en permanence. Les chaussettes aussi peuvent être munies de capteurs qui informeront le sportif, entre autres données, de son état de fatigue.
Le coût de tels équipements restent toutefois encore élevé. Récemment, aux Jeux olympiques de Pyeongchang, les sportifs américains étaient équipés de vestes chauffantes de la marque Ralph Laurent connectées à leur téléphone. Coût : 2000 euros. Il faut compter sur 400 euros pour un t-shirt Hexoskin qui calcule les performances sportives.
Dans le domaine de la santé
Pour des pathologies légères ou plus lourdes, il existe des bas qui traitent les infections veineuses. Les capteurs intégrés exercent des pressions régulières sur les jambes, ce qui permet une meilleure circulation du sang.
Certains t-shirts sont programmés pour donner le rythme cardiaque, la pression artérielle et la température du patient et enregistrent automatiquement ces informations dans leur dossier. Des vêtements sont même conçus pour prévenir le déclenchement d’une crise d’épilepsie. C’est un soulagement pour le patient qui ne doit plus avoir peur d’arracher ses fils s’il bouge, mais également un gain de temps pour les infirmières qui peuvent se consacrer à d’autres tâches. C’est au CHU de Liège qu’a été lancé un programme de recherche avec l’utilisation de ces t-shirts intelligents en 2017.
Les bébés n’ont pas été oubliés, des bodies ont été créés pour surveiller la position des nouveau-nés, leur respiration et température. Comptez 200 dollars pour ce produit.
Un vêtement tout en beauté
Les nanotechnologies permettent aussi de créer des bodys hydratants et des jeans amincissants (avec ici, des résultats pas toujours très convaincants) en passant par des vêtements auto-rafraichissants qui absorbent la chaleur, Les alvéoles du tissu s’ouvrent pour libérer la sueur et pour faciliter son évaporation. Effet au sec garanti.
D’autres atouts au quotidien
Aspect cette fois plus futuriste du vêtement intelligent : le tissu auto-réparateur évitera de jeter systématiquement les vêtements présentant un petit accroc. Par un frottement, les mailles du tissu sont capables de se resserrer et le trou de se reboucher.
videohttps://i.ytimg.com/vi/dCfC2e3xVek/hqdefault.jpg480Cette veste se répare toute seule3441.0YouTubeUlyceshttps://www.youtube.com/channel/UCID7NF2G4PTt7nWOz-8R9pA459360https://www.youtube.com/
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Les chemises anti-uv changent, elles, de couleur en fonction de l’intensité des rayons du soleil.
Des foulards connectés ont été confectionnés pour se protéger de l’air pollué. Le modèle contient une poche avec un système de filtration de l’air. L’application liée au foulard alerte dès que le taux de pollution nécessite de le porter à la manière d’un masque, sur le nez.
Les chaussures ne font pas exception et les femmes en seront ravies. La chaussure à talon de 10 cm pourra se rétrécir à 5 cm pour le confort de marche.
Une veste Lévis en jeans (350 dollars) est également un bel exemple d’un vêtement passe-partout. Elle permet de se connecter à son smartphone via sa manche. Le téléphone clignote en cas d’appel et lit les messages à haute voix.
Autre fonctionnalité qu’on admettra toutefois un peu futile : le jeans « connecté vibrant » de la marque spinali (149 euros) permet d’être guidé vers une destination, les poches sont munies de capteurs. Lorsqu’il faut tourner à gauche, la poche gauche se met (logiquement) à vibrer.
Côté esthétique, Eram a lancé une paire de basket à 289 euros qui permet de changer de couleur en fonction de sa tenue.
Lavages limités
Ces vêtements présentent toutefois un inconvénient ; leur entretien. Les microcapsules contiennent en effet des produits cosmétiques, médicamenteux ou autres assez sensibles. Ces éléments ne résistent qu’à un nombre limité de nettoyages. Les principes actifs contenus perdent alors de leur efficacité au fil du temps.
En ce qui concerne l’étanchéité des parties électroniques des vêtements, les ingénieurs ont pensé à y apposer des gaines, des vernis ou des résines protectrices pour qu’ils puissent passer à la machine à laver et au séchoir.
Des vêtements qui peinent à séduire
Reste que ces vêtements haute-technologie sont à l’heure actuelle encore très chers et les acheteurs ne sont pas encore prêts à mettre la main au portefeuille, n’y voyant pas vraiment la vraie utilité.
L’industrie textile doit encore faire des efforts pour convaincre les futurs acheteurs et les rassurer sur leur longévité vue le prix élevé souvent demandé. Les réticences des consommateurs sont diverses. Parmi elles, la crainte d’être exposé aux ondes électromagnétiques de façon prolongée. De plus, les batteries sont encore imposantes et les capteurs onéreux. Des avancées dans la miniaturisation et la consommation d’énergie doivent encore être réalisées.
Respect de la vie privée
Un autre aspect délicat de ces vêtements connectés est aussi le respect de la vie privée et l’utilisation des données personnelles qui y liées. Toutes les données récoltées via le vêtement sont en effet envoyées vers l’application mobile. Et de là, les données récoltées peuvent faire l’objet de dérive éventuelle.
Autre pierre d’achoppement : dans une société ou l’environnement occupe une place importante se pose la question du recyclage de ces vêtements. On voit mal les marques commencer à détricoter chaque vêtement pour y déloger les capteurs en infime quantité. Ces tenues étant particulièrement personnelles, le circuit de deuxième main semble peu approprié.
E. Lukacsovics
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