Entre inspiration 60s et triomphe de la robe, compte-rendu en images de la Fashion week de Londres

Backstage à la Fashion week de Londres chez JW Anderson - Francisco Gomez de Villaboa/WWD via Getty Images
Backstage à la Fashion week de Londres chez JW Anderson - Francisco Gomez de Villaboa/WWD via Getty Images

Depuis ce jeudi 12 septembre, la capitale britannique vibre au rythme des présentations des collections des créateurs prenant part à la Fashion week de Londres, de JW Anderson à Erdem en passant par la maison Burberry. 72 noms, confirmés ou émergents, qui donnent à voir une vision rétro, cool et sensuelle de la mode.

Chignons volumineux, lunettes oeil de chat et robes à fleurs: un esprit rétro a soufflé vendredi sur la Fashion week de Londres, avec les créateurs Bora Aksu et Paul Costelloe, au premier jour de l’évènement prévu jusqu’à ce mardi 17 septembre dans la capitale britannique.

Bora Aksu, designer turc basé à Londres, a ainsi voulu faire un « clin d’oeil aux années 60 » et rendre hommage à sa mère, une femme indépendante qui créait ses propres vêtements et adorait les lunettes de soleil et les boucles d’oreilles en perles, a-t-il confié à l’AFP. Au coeur d’une roseraie baignée de soleil, ses silhouettes fines surmontées de hauts chignons portent robes et gants en dentelle délicate, dans un dégradé de couleurs pastels accompagné de jeux de transparence et de superpositions. D’autres tenues de sa collection printemps-été 2025 sont entièrement en noir et blanc, associant blazers ajustés, jupes sages ou chemisiers à pois.

Le défilé Bora Aksu à la Fashion week de Londres, le 13 septembre – Getty Images.

Le vétéran de l’évènement Paul Costelloe, qui avait participé à la première Fashion week de Londres en 1984, a rendu hommage à la capitale française avec une collection elle aussi inspirée des années 1960. L’ancien styliste de la princesse Diana a mis à l’honneur motifs fleuris et couleurs pastels – bleu ciel, jaune citron, vert menthe – sur des robes cintrées, évasées et à manches bouffantes, aussi accompagnées de lunettes de soleil et de brushing rétro.

Celui-ci a également associé chaussettes rayées montantes et talons aiguilles, un look qui peut « rappeler Emily in Paris », a souligné le créateur, en référence aux choix vestimentaires parfois audacieux de l’héroïne de la série Netflix.

Backstage au défilé Paul Costelloe – Getty Images.

La robe dans tous ses états à la Fashion week de Londres

La créatrice grecque Dimitra Petsa (Di Petsa), elle, a présenté une collection inspirée par la mythologie et les souvenirs sensuels de l’été.

Ses robes blanches ou pastels en tissu effet mouillé, vus notamment sur l’actrice Zendaya, épousent les formes des modèles à la démarche lascive, aux seins à peine cachés par des bijoux en forme de soleil. Sirènes et dieux des mers semblent sortir des eaux, la poitrine rougie par le soleil, portant des mini-jupes, tops asymétriques ou même des pagnes, mélange de drapés immaculés et de pièces plus vibrantes, rouge ou bleu électrique.

Pour le final, les modèles sont attachés les uns aux autres avec un long fil rouge, allégorie de la pelote donnée à Thésée par Ariane pour ne pas perdre son chemin dans le labyrinthe de Dédale.

Défilé Di Petsa – Wiktor Szymanowicz/Future Publishing via Getty Images.

Autre défilé, autre ambiance: du tutu à la version pull déstructurée, la robe courte est l’élément central de la collection de JW Anderson, la marque du directeur artistique de Loewe Jonathan Anderson.

Sous la verrière de l’Old Billingsgate, un ancien marché aux poissons de l’époque victorienne dans le quartier de la City, le styliste nord-irlandais a décliné ce vêtement de manière quasi-exclusive, faisant varier les matières, formes et couleurs, mais toujours en longueur mini. Quelques-unes sont estivales, en satin bleu ciel ou sequins rose clair, mais la plupart d’entre elles sont plutôt dignes d’un été britannique frisquet, empruntant au vestiaire hivernal la maille épaisse et le cuir.

Sur certaines robes, les boutons d’un gilet, la poche ou les cordons d’un sweat sont imprimés à même le tissu. D’autres sont en version pull, associées à des bottines plates avec la fermeture éclair ouverte, d’autres carrément en version blazer.

Quelques modèles la portent version danseuse, avec de larges tutus et justaucorps en cuir noir, marron, ou kaki, et d’autres dans une déclinaison maxi de la jupe « boule », qui connaît un retour en grâce depuis le printemps.

Également directeur artistique de la marque montante du groupe LVMH, la griffe espagnole Loewe, Jonathan Anderson, bientôt 40 ans, continue de revisiter des classiques en version hybride, greffant des manches de pull ou des mailles géantes sur de simples robes blanches ou marines.

Défilé JW Anderson – Mike Marsland/WireImage via Getty Images.

Mélange des genres chez Erdem –

Chaque défilé du styliste Erdem Moralioglu raconte une histoire, et celui organisé dimanche dans la majestueuse cour du British Museum, avec dans le public la grande prêtresse de la mode Anna Wintour, devait incarner l’esprit du livre « The Well of Loneliness » (« Le Puits de solitude ») de Radclyffe Hall. Cette oeuvre de 1928 racontant l’histoire d’une femme lesbienne qui, comme Hall, voulait vivre sa vie en tant qu’homme, fit scandale en Grande-Bretagne et fut interdite pour obscénité.

Pour sa collection printemps-été 2025, qui doit donner vie à ces figures navigant entre les expressions de genre, Erdem présente d’abord des mannequins en costumes larges et cheveux courts puis d’autres, romantiques et féminins, en robes délicates à volants ou dentelles. Mais ces figures fusionnent et petit à petit, l’ample veste masculine s’associe à des bas transparents, une jupe en perle, ou à une chemise-robe fendue en soie.

Pour ses ensembles de costume, coeur de sa collection et qui se déclinent du noir au vert d’eau en passant par le rose bonbon, le créateur a fait appel à la maison du tailleur de Savile Row Edward Sexton, en référence à un passage du livre dans lequel le personnage, Stephen, ressent un « éveil » en enfilant ce vêtement.

Défilé Erdem au British Museum – John Phillips/Getty Images.

« Anti » bal de promo chez Sinead Gorey

Sur un terrain de basket orné de guirlandes, ballons et couronné d’une boule disco, la londonienne Sinead Gorey a invité les spectateurs à un « grand bal de fin d’année », baigné d’une nostalgie de fin des années 1990 et début des années 2000… mais célébrant « l’anti-héroïne » plutôt que la traditionnelle reine de la fête.

Subversive, celle-ci porte des corsets, des blousons de motard, des mini-jupes en tartan punk et noue sa cravate d’écolière à la taille en guise de ceinture. « Elle est la paria du bal, qui délaisse la robe de bal classique. En fait, elle ne va probablement même pas au bal – juste à +l’afterparty+ », a déclaré la jeune créatrice.

Comme souvent dans ses collections, les modèles ont un téléphone serti de diamants dans la poche ou leurs écouteurs dans les oreilles. En pleine résurgence des tendances du début des années 2000 – ou « Y2K » – les leggings trois-quarts et Converses rose bonbon montantes auront aussi rappelé des souvenirs à la génération des « millenials ».

Une des « bad prom queens » de Sinead Gorey – Victor VIRGILE/Gamma-Rapho via Getty Images.

La Fashion week de Londres, qui fêtait cette année sa 40e édition, aura également été l’occasion d’admirer un défilé de célébrités, de Joe Alwyn (Conversations with Friends) et Michelle Dockery (Downton Abbey) chez JW Anderson à Lena Dunham (Girls) en passant par Simone Ashley (Bridgerton) chez 16Arlington ou encore Emma Corrin (The Crown) chez S.S. Daley.

Lancée à l’origine par Lynne Franks, une communicante à la tête de sa propre agence de relations publiques, la semaine de la mode londonienne figure désormais aux côtés de Paris, Milan et New York en tant que quatuor de rendez-vous annuels immanquables pour les mordu·e·s de mode. C’est notamment sur ses podiums, à la fin des années 80, que deux mannequins britanniques, Kate Moss et Naomi Campbell, ont défilé pour la première fois.

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