Des labels de mode néerlandais communiquent sur les conditions de travail dans leurs usines

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Cinquante entreprises de mode néerlandaises, dont C&A, Zeeman et de Bijenkorf, ont communiqué sur les abus observés dans leurs usines. L’objectif est de rendre le secteur de la mode plus transparent.

Le côté obscur du secteur de la mode est devenu de plus en plus visible ces dernières années. Des conditions de travail dangereuses aux salaires de misère, les guerres de prix entre les marques ont engendré de nombreuses situations inhumaines. Après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, qui a coûté la vie à 1.138 travailleurs, plusieurs initiatives ont été lancées pour éviter de telles catastrophes à l’avenir. Aux Pays-Bas, cela a débouché sur un pacte qui a été mis en place par le gouvernement, les syndicats, les ONG et les labels de mode.

En signant cette convention, tous les acteurs se sont engagés à améliorer les conditions de travail des travailleurs du textile et à limiter l’impact environnemental de leur production. Certaines marques néerlandaises, telles que de Bijenkorf, Kuyichi, Kings of Indigo, Zeeman et Hunkemöller, ont déjà publié une liste des usines avec lesquelles elles travaillent.

Outre la publication de ces adresses, les entreprises de mode qui ont signé la convention doivent également rendre compte des risques d’abus dans leur chaîne de production et des mesures qu’elles prennent pour y remédier. C’est ce qu’on appelle à l’échelle internationale la « due diligence » ou « diligence raisonnable », soit un devoir élémentaire de précaution. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dicte des lignes directrices sur la responsabilité des entreprises dans la lutte contre les violations des droits de l’homme.

Lente ( r ) évolution

La branche néerlandaise de « Schone Kleren Campagne »* (en français : « campagne vêtements propres ») s’inquiète toutefois de la clarté et de la véritable transparence de ces rapports rédigés par les marques de mode. Après tout, la convention ne précise pas comment ces sociétés devraient communiquer à ce sujet. Sur le site Web de l’organisation, on peut lire que ce sera une tâche énorme pour SKC et d’autres groupes d’action similaires de vérifier si les rapports sont conformes aux lignes directrices de l’OCDE au cours des prochains mois. De cette façon, le processus visant à rendre l’industrie de la mode plus durable progresse très lentement.

Pierre Hupperts, président de la convention, explique dans un entretien avec AD que les choses évoluent certes lentement, mais il observe aussi des changements positifs:  » Nous voyons des entreprises qui, par exemple, ont réussi à augmenter leur salaire minimum dans quelques usines. Cela résoudra-t-il tous les problèmes de l’ensemble de l’industrie textile ? Non ! C’est lent, très lent. Je le pense aussi. Ce n’est pas la révolution que nous aimerions voir. Mais le chemin que nous avons pris est irréversible. »

Matériaux durables

Le chemin vers une chaîne entièrement durable est encore long. En outre, un premier examen des rapports montre qu’il manque beaucoup d’informations. Par exemple, la campagne affirme qu’il n’y a pas d’informations sur la liberté syndicale au Bangladesh et en Chine, même si c’est un problème majeur. Ils aimeraient aussi que des mesures plus concrètes soient prises pour garantir un salaire décent aux travailleurs. Il ne s’agit, bien entendu, que d’une première étape et SKC indique qu’il y a encore une marge pour l’amélioration des rapports et des mesures dans un proche avenir.

Pierre Hupperts est de cet avis. « Au cours de la première année, les rapports sur les risques ne seront pas encore parfaits partout ; nous travaillons ensemble dans un processus d’apprentissage pour aider les entreprises à cet égard. Nous invitons les organisations de la société civile à partager leurs résultats avec nous et les marques « , déclare le président du pacte.

Heureusement, certaines choses vont un peu plus vite. L’utilisation de matériaux durables est à la hausse. Les entreprises néerlandaises qui ont publié un rapport l’année dernière ont indiqué qu’elles avaient commencé à utiliser des textiles plus écologiques au cours de l’année écoulée. De 29 % l’an dernier à 37 % l’an dernier. L’utilisation du coton durable est passée de 44 pour cent à 57 pour cent.

Curieux de connaître les usines où les entreprises de mode néerlandaises produisent ? Vous pouvez les consulter via ce lien. Pour plus d’informations sur les signataires et les sites web sur lesquels ils publient leurs progrès, cliquez ici. La version belge n’existe pas encore.

*Schone Kleren Campagne – ou « campagne vêtements propres » en français – est la plus grande alliance de syndicats de travailleurs et d’organisations non gouvernementales dans l’industrie du vêtement. La campagne de la société civile porte sur l’amélioration des conditions de travail dans les industries du vêtement et du vêtement de sport.

(Traduction: Caroline Lallemand)

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