Aux Folies Bergère, la revue haute couture de Jean Paul Gaultier (en images)

© AFP

A l’âge de 9 ans, celui qui bouleversera les codes du genre notamment avec ses jupes pour hommes, s’est juré de monter un jour une revue, après avoir regardé à la télévision un spectacle des Folies Bergère, avec ses parents dans un logement social de banlieue parisienne.

Jean Paul Gaultier qui, depuis quelques années, a abandonné le prêt-à-porter pour se consacrer à la Haute Couture, signe un show déjanté et transgressif, « entre revue et spectacle de mode ».

Une quinzaine de comédiens et danseurs composent la bande originale de la vie du couturier, en interprétant des créatures et personnalités « délurées, perchées, mal élevées, bien gaulées, culottées et déculottées », comme Jean Paul Gaultier les aime.

« J’ai été bercé par les comédies musicales, bouche bée, totalement émerveillé devant les plumes et les strass (…) je suis tombé enfant amoureux de la mode, mais je me suis toujours dit qu’un jour ou l’autre, je monterai une revue », a raconté le créateur à l’AFP.

Intitulé « Fashion Freak Show », le show conçu comme une grande fête, raconte la vie du couturier, de son enfance à ses grands défilés, en passant par son entrée en 1970 chez Cardin comme stagiaire, ses rencontres, ses folles soirées londoniennes avec des clins d’oeil aux artistes qui l’ont toujours influencés comme Pedro Almodovar, Madonna, Kylie Minogue ou la chorégraphe Régine Chopinot.

– Réaliser les rêves –

« J’ai toujours aimé les freaks, les gens bizarres, les provocateurs, les esthétiques qui se mélangent, les rencontres inattendues, quand le garçon des rues encanaille la duchesse ! », souligne le couturier qui, bien entendu, signe les 200 costumes de la revue, en puisant dans ses propres archives : la robe Perfecto, la robe sac poubelle, les corsets dessus dessous et les seins coniques que Madonna a adopté pour une de ses tournées mondiales.

Le show démarre d’ailleurs avec « Nana », l’ours en peluche de l’enfant Gaultier qu’il s’amusait à maquiller et pour lequel, à 5 ans, il a imaginé des seins coniques, sous l’impulsion de sa grand-mère qui n’a cessé de le pousser à exprimer sa sensibilité.

Le spectateur suit pas à pas ce parcours incroyable en passant par l’école où le petit Jean-Paul était régulièrement puni car il passait son temps à dessiner des robes.

Après un hommage à Pierre Cardin dont Jean-Paul Gaultier a été le stagiaire, on assiste au premier défilé du jeune couturier en 1976.

Le spectateur plongera aussi dans les folles soirées du Palace, temple parisien de la nuit, avant de s’égarer dans un sexclub. Le couturier n’élude rien de ce qui a été sa vie, ouvrant son journal intime au point d’évoquer dans un tableau émouvant la disparition de Francis Menuge, son compagnon et mentor emporté par le sida en 1990. C’est l’occasion d’évoquer les engagements de Jean Paul Gaultier dans la lutte contre la maladie, avec distribution de préservatifs au public des Folies Bergère pendant un lancer de confettis.

Après un tour d’horizon de sa mode, le couturier interroge le spectateur sur les notions de beauté et de laideur : « tout est relatif », rappelle-t-il d’emblée. « La mode est superficielle. Amusez-vous ! Soyez libres ! », ajoute-t-il dans une touchante invitation à réaliser les rêves.

Lors de l’impressionnant final sur le grand escalier des Folies Bergère, la troupe, excentrique à souhait, l’affirme en chanson : « tout le monde, il est beau ! ».

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