Paris Fashion Week: Des Belges à la douzaine (Part 1)

A la Fashion Week de Paris, les Belges sont largement représentés. Fidèles à leur réputation, ils livrent leur version très personnelle et hors des sentiers battus de la mode de l’hiver prochain. Tour d’horizon, en deux tomes.

A la Fashion Week de Paris, les Belges sont largement représentés. Fidèles à leur réputation, ils livrent leur version très personnelle et hors des sentiers battus de la mode de l’hiver prochain. Tour d’horizon, en deux tomes.

Sur fond de musique classique, les tops descendent le large escalier en colimaçon, pour s’enfoncer dans une foule dense, occupée à boire du champ’. L’espace est exigu. Tout en proximités. C’est dans une boutique où il est vendu – Maison Bleue, dans le deuxième arrondissement parisien – que le Belge Jean-Paul Knott a dévoilé sa collection pour l’hiver prochain. Une présentation – « plutôt une sorte de séance photos », corrige le créateur, mué pour l’occasion en preneur d’images -, qui met en exergue la rencontre entre l’occident et l’orient. Les coupes sont larges, déstructurées, asymétriques. Et revisitent kimonos et sarouels. Côté matières, de la soie traditionnelle, du coton enduit, du renard ou du cuir. Comme à son habitude, celui qui est aussi directeur artistique de Cerruti a mené un travail sur les drapés et tient, par-dessus tout, à ce que l’on se sente à l’aise dans ses créations. A chacune d’enrouler et d’attacher, comme elle le souhaite, les chaînes noires ornées d’un mousqueton – détail vu aussi dans la nouvelle ligne d’accessoires Versus.

A plusieurs arrondissements de là, les premières tops présentant la collection de Kris Van Assche sont drapées d’une longue djellaba de voile noir ou blanc. Avec, pour égayer la silhouette, de gros colliers argent ou or, d’inspiration ethnique. Le créateur revisite ensuite un thème qui lui tient à coeur : la rencontre du masculin et du féminin. Pantalons à pinces, chemises à pattes boutonnées sur l’épaule, vestes de smoking ou manteaux à col officier. Tout est structuré, parfois adroitement noué à la taille, mais aussi féminisé par des mélanges de matières – l’aspect brut des lainages s’oppose à la brillance de la soie – et des coupes près du corps.

Après avoir introduit l’orange dans sa collection printemps-été 2009, Ann Demeulemeester revient à ses couleurs fétiches. La force du noir, alliée à la fragilité du blanc. Ainsi, une chemise immaculée se fraie un passage dans un gilet twisté, parsemé de ci de là de boutons ou d’une pluie de perles métalliques, qui tintent au rythme des pas. Plus loin, c’est une couronne de plumes noires qui est plantée dans les cheveux, tandis que les corps sont corsetés dans du cuir, se divisant dans le dos en une dizaine de sangles. Les pantalons se cachent dans de bottes sombres d’écuyer. Et les habituelles vestes Edwardiennes jouent en écho avec des tissus brocardés. Du très beau Ann Demeulemeester.

La Belge Véronique Leroy a, elle aussi, joué la carte de la continuité. Comme dans la collection été 2009, ses looks pour l’hiver prochain sont à nouveau perforé. Et d’originaux animaux de compagnie – version argentée ou fourrure noire – se lovent sur le cou ou au bras des silhouettes. Ces dernières, très structurées, avec un travail de superpositions, avancent dans des compensées open toes noires, directement incorporées à un slim en cuir. La créatrice s’amuse avec la texture des matières – satinées, métalliques, brillantes, fluides ou figées. Et Axelle Red, grande fan et amie, applaudit.

Autre Veronique, autre style. Celui de Veronique Branquinho, pour qui la femme de l’hiver prochain se transforme en une « reine de glace au sang chaud ». Dont acte. Qu’elles soient nichées dans un strict et chic smoking noir ou dans une robe du soir en satin ivoire, rehaussée de légers strass ou d’un peu de fourrure, ses silhouettes respirent tout à la fois le froid et le chaud. Les coupes deviennent sensuelles, épousent les lignes du corps. Celle qui vient d’être nommée directrice artistique de la maison Delvaux – trois de ses sacs ont d’ailleurs défilé sur les catwalks – joue aussi avec les matières nobles. Les mélanges. Et trace, en les liant entre elles, de savantes diagonales ou des losanges discrets. Séduction version 2.0.

A mille lieux de ce que proposent généralement les autres (Belges ou pas), on trouve le décalé Bernhard Willhelm. Fidèle à lui-même, il a présenté un show expérimental, même si, à la sortie, certains ont considéré sa collection plus portable que les précédentes – tout est relatif. D’humeur revendicatrice, le créateur irrigue ses robes et tuniques de superpositions d’imprimés à carreaux. Tout est déstructuré, loin du corps. Pas vraiment féminin non plus, si ce n’est quelques longues robes aux accents baba cool. Des bas crochetés ou d’épaisses chaussettes à lignes colorées plongent dans de grosses bottines aux reflets métalliques – imaginées par Bernhard Willhelm himself pour la marque de chaussures espagnole Camper. Ajoutez à cela de drôles de couettes serrées dans du fil de fer, et on n’est pas loin d’un effet « Fifi brin d’acier des temps modernes, qui lutte contre les excès du capitalisme ». Une impression suggérée par des billets de banque collés sur le front de plusieurs silhouettes, de miniatures de maisons coincées dans leurs cheveux, ou des messages revendicateurs de type « no oil ». Du déjanté pur jus.


Catherine Pleeck

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