Paris Jour 1 : Ca commence fort

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Il est enfin de retour, Olivier Theyskens. En 2015, il avait quitté Theory et New York et se faisait désirer mais c’était pour mieux ciseler ce premier printemps-été sous son nom qui a tant fait rêver. Le créateur formé (en partie) à la Cambre mode(s) – au bout de deux ans, en 1996, il lançait sa griffe, sans attendre la fin de son cursus solaire, faisait ensuite ses armes chez Rochas et Nina Ricci. Aujourd’hui, sous son nom, il montre sa collection dans une petite salle du Marais, à peine 80 invités, tous au premier rang. Tant mieux, avec lui, chaque détail compte : le décor sobre, un cadre en métal noir suspendu au plafond qui attire le regard comme un aimant et la collection toute entièrement construite avec une main talentueuse et expérimentée. Le créateur jongle avec le flou et le tailleur, le biais, la simplicité délicatement lacérée, l’opulence volantée, il sait tout faire, avec un chic incomparable.

En plein coeur des Halles, au lieu-dit La canopée, Christelle Kocher qui ne fait rien comme tout le monde mêle la mode et la vraie vie, c’est-à-dire les vrais gens. Ses mannequins, filles et garçons confondus, beaux parce qu’habités, fendent la foule d’anonymes qui courent attraper le métro, dégringolent les escalators dans des vêtements pensés pour le quotidien mais richement embellis, pour le plaisir des yeux et de la broderie. Ces jeunes gens ont l’énergie de l’espoir, ils portent avec un naturel confondant le label de la demoiselle qui signe Koché, c’est que son vestiaire luxe/street contemporain leur colle à la peau et c’est beau.

Dans le jardin des Tuileries, Jacquemus est passé à la vitesse supérieure. Son ex-petit label pour copines ravissantes et délurées lancé en 2009 n’en est plus un. Ce jeune homme autodidacte sait ce qu’il veut, créer un vestiaire qui fait la différence. Ses Santons de Provence ont l’élégance des jeunes lavandières, l’innocence des belles des champs et la fraîcheur des millenials à qui on ne la fait pas. Sa déclinaison de chemises blanches, ses robes manteaux à grands plis, ses volumes parfaitement exagérés constituent une garde-robe pleine de charme, à l’image de son défilé.

On tremblait un peu pour Anthony Vaccarello que l’on a vu grandir à La Cambre mode(s) – promotion 2006. Se glisser dans les pas d’Hedi Slimane et dans ceux de monsieur Saint Laurent n’est pas chose aisée. Au 37 de la rue de Bellechasse, Paris VII, futur siège de la fondation maison mais aux murs encore lépreux, le jeune créateur prouve qu’il sait comment construire un vestiaire ancré dans l’histoire les deux pieds dans la contemporanéité. Il a tout compris de ce qu’était cette maison mythique – et le noir si cher au père fondateur, et la transparence qui fit scandale à l’époque avant de faire les beaux jours de la griffe, et les décolletés ultra féminin, et les envolées lyriques avec ou sans manches et les impressions fauves et le jeans qu’un certain Yves Henri Donat Mathieu-Saint Laurent aurait rêvé d’inventer et l’or scintillant, en total look ou en broche labélisée YSL, et le cuir et le smoking et la séduction fatale. Anthony Vaccarello entame ainsi le nouveau chapitre Saint Laurent avec brio et beaucoup d’à-propos.

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