YSL, la douleur de l’héritage

C’est un nom qui fait rêver. Un imaginaire, trois lettres entremêlées, avec ce Y majestueux, ce S sensuel et ce L qui se tient debout, si droit et fier. C’est aussi le souvenir d’un homme nu.

En noir et blanc, l’homme à poil, quel scandale, posant pour son parfum. C’est encore une voix, des lunettes à grosses montures, un sourire et un rire, paraît-il. Ce sont des collections, toutes inoubliables, surtout pour celles qui les ont vues défiler, qui ont eu la chance de les porter, qui ont connu Yves Saint Laurent. Et puis, surtout, c’est un héritage.

Et comme il doit être lourd à porter. Stefano Pilati fait ce qu’il peut, rangeant sa douleur au vestiaire – le ramdam autour d’YSL, le film et la rétrospective au Petit Palais en 2010, ont tu son existence, son statut de directeur artistique de la maison depuis 2004 et ses tentatives  » d’avancer « . Pas facile de succéder à une légende vivante, même morte. Le printemps-été, il a donc tenté de l’imaginer en couleurs – sapin, bleu, aubergine, blanc, noir avec paillettes, mais les jardins de Majorelle sont loin. Il a travaillé les volumes et pensé des jupes droites avec godets derrière, un manteau trapèze, des pantalons affutés, des aplats d’or, en accessoire, bijoux de chignon et manchettes, bout ou boucle d’escarpins.

On reste sur sa faim, les rumeurs d’un transfert (Raf Simons en lieu et place de Stefano Pilati) auraient-elles fait leur travail insidieux ? Une chose est sûre : le créateur dit qu’il n’a pas de muse et qu’il aurait aimé habiller,  » dans l’absolu « , Colette ou Sarah Bernhardt. En attendant, Carine Roitfeld (ex-Vogue France) se demande chaque matin devant son miroir si elle est une femme Saint Laurent.

Anne-Françoise Moyson

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