Colorée et loufoque, multipliant les ornements qui bougent à la manière de mollusques ou d'antennes, la collection du créateur a séduit le jury et le public de la ville de Hyères, pour cette 35e édition du plus vieux concours de mode, qui sert de tremplin aux jeunes créateurs.
Ecoresponsables, les jeunes créateurs de mode repérés au festival de Hyères ont recours aux savoir-faire ancestraux et à des matières innovantes, parfois surprenantes, pour réinventer la haute couture élitiste. Broderies sur paille, couvre-chefs tissés ou sérigraphiés avec des cheveux, maille "haute sculpture": l'audace et l'ingéniosité ont marqué la 35e édition du festival international qui s'achève ce lundi dans le sud de la France, et reconnu comme le plus ancien concours au monde destiné aux jeunes professionnels.
Le Belge Tom Van der Borght, créateur de vêtements fabriqués en matériaux recyclés "dont personne ne veut" et qu'il faut "oser porter", a obtenu dimanche le Grand prix mode au festival. "Je veux trouver une nouvelle définition du luxe. Nous sommes habitués aux matériaux luxueux classiques comme l'or ou le cuir. J'aime beaucoup utiliser les choses que les autres ne trouvent pas intéressantes", a déclaré à l'AFP Tom Van der Borght, 42 ans, créateur et artiste spécialisé en performance.
Dans sa collection, un pull en couleurs acidulées est fait à partir de filaments en plastique servant à afficher les prix. Un sac en "cuir marin" est fabriqué à partir de peaux de poissons récupérées dans l'industrie du sushi.
Macramé ou patchwork, les techniques sont classiques, mais son luxe à lui, c'est de donner une seconde vie à des pièces destinées à être jetées. Comme des stocks de paillettes qu'il rachète à des commerçants de son quartier ou des échantillons de fourrure végétale, dont il a fait un manteau bleu électrique et jaune.
Et la portabilité, dans tout cela ? "Tu peux le porter si tu oses le porter", lance Tom Van der Borght. "L'avenir de la mode n'est pas de rester dans une case très restrictive et conformiste, il est temps de nous libérer de toutes les restrictions", estime-t-il.
Le grand prix du jury accessoires de mode est revenu aux Français Ddiddue et Juana Etcheberry. Avec une esthétique raffinée à l'opposé du lauréat mode, mais dans une démarche similaire, ils fabriquent des casquettes à partir d'objets "destinés à l'enfouissement".
"On intercepte des bottes en caoutchouc, des toiles de parapente, des bassinets des parachutes, des pots de fleurs. On les retravaille en faisant des surpiqûres (...) dans un style japonais, comme des anciennes étoffes de samouraï", explique à l'AFP Juana Etcheberry. Le duo, frère et soeur à la ville, a également été récompensé par le prix de la maison de luxe Hermès, nouveauté de cette saison, pour leur bracelet graphique en cuir, entouré d'anneaux métalliques en lévitation qu'il ont voulu à la fois "protecteur et aéré".
Trésors des poubelles
"Trash to treasure" (de la poubelle au trésor) est le logo de l'Autrichien Maximilian Rittler. Un costume turquoise à imprimé animalier de sa collection glam rock est réalisé à partir de couvertures d'un meuble du jardin.
"La mode a besoin d'être innovante et durable, de tissus alternatifs et de l'artisanat. Nous devons être responsables de ce que nous mettons sur le marché", résume pour sa part l'Italien Andrea Grossi qui travaille avec des cuirs "végétaux" biodégradables tannés à la feuille d'olive.
Une blouse en lin de la Marseillaise Emma Bruschi est teinte avec des peaux d'oignon et l'essentiel de sa collection est faite en paille, technique "domestique" qu'elle a découverte dans un musée en Suisse. Elle a fait pousser du seigle pour produire sa propre paille pour les prochaines collections.
"On retournera à la source du vêtement, à la nature et j'espère que la mode sera à l'échelle plus humaine", souligne-t-elle.
Côté accessoires, un trio présente des couvre-chefs faits à base de cheveux. "Coupé, le cheveu est considéré comme un déchet, nous avons décidé de le regarder différemment et de le revaloriser à travers la création", explique à l'AFP Dimitri Zephir, évoquant la renaissance d'une pratique artisanale disparue au début du 20e siècle qui consistait à créer des bijoux sentimentaux avec les cheveux.
Transformables et unisexe
Autre vecteur de la mode durable proposé par les finalistes: des pièces transformables et unisexe pour "réduire le vestiaire" et l'adapter à toutes les morphologies.
Dans sa collection inspirée de la migration et de la réflexion sur "ce qu'on emporte et ce qu'on perd", le Belge Timour Desdemoustier multiplie les superpositions mélangeant des couleurs terreuses et flashy. Assemblée avec des boutons pression, chaque pièce peut être portée de plusieurs manières, par les hommes comme par les femmes.
"Les couches, c'est ce qui réduit le vestiaire", assure la Française Céline Shen qui applique le laçage appris à la maison de couture Alaïa. Un kit qui va avec chaque vêtement permet de l'"adapter à sa silhouette".
La démarche du Français Xavier Brisoux, qui sculpte la maille, est d'en faire un métier d'art à part entière et de proposer des "modules, épaulettes ou accessoires de chaussure" à des maisons existantes.
"Cette notion de couture, +haute sculpture+ n'existait plus, pour les jeunes c'était un truc de mamie, de vieille riche. Cela revient par le biais de l'artisanat et ce sera intéressant à suivre sur la durée", commente à l'AFP Pascaline Wilhelm, directrice mode du salon Première vision.
Chantal Gaemperle, directrice des ressources humaines du groupe LVMH qui soutient le festival depuis deux décennies, se félicite du "message fort qui renforce l'engagement vert". "On voit de la relève, des idées et on est bousculé par leur profondeur", confie-t-elle à l'AFP.
Ecoresponsables, les jeunes créateurs de mode repérés au festival de Hyères ont recours aux savoir-faire ancestraux et à des matières innovantes, parfois surprenantes, pour réinventer la haute couture élitiste. Broderies sur paille, couvre-chefs tissés ou sérigraphiés avec des cheveux, maille "haute sculpture": l'audace et l'ingéniosité ont marqué la 35e édition du festival international qui s'achève ce lundi dans le sud de la France, et reconnu comme le plus ancien concours au monde destiné aux jeunes professionnels.Le Belge Tom Van der Borght, créateur de vêtements fabriqués en matériaux recyclés "dont personne ne veut" et qu'il faut "oser porter", a obtenu dimanche le Grand prix mode au festival. "Je veux trouver une nouvelle définition du luxe. Nous sommes habitués aux matériaux luxueux classiques comme l'or ou le cuir. J'aime beaucoup utiliser les choses que les autres ne trouvent pas intéressantes", a déclaré à l'AFP Tom Van der Borght, 42 ans, créateur et artiste spécialisé en performance. Dans sa collection, un pull en couleurs acidulées est fait à partir de filaments en plastique servant à afficher les prix. Un sac en "cuir marin" est fabriqué à partir de peaux de poissons récupérées dans l'industrie du sushi. Macramé ou patchwork, les techniques sont classiques, mais son luxe à lui, c'est de donner une seconde vie à des pièces destinées à être jetées. Comme des stocks de paillettes qu'il rachète à des commerçants de son quartier ou des échantillons de fourrure végétale, dont il a fait un manteau bleu électrique et jaune.Et la portabilité, dans tout cela ? "Tu peux le porter si tu oses le porter", lance Tom Van der Borght. "L'avenir de la mode n'est pas de rester dans une case très restrictive et conformiste, il est temps de nous libérer de toutes les restrictions", estime-t-il.Le grand prix du jury accessoires de mode est revenu aux Français Ddiddue et Juana Etcheberry. Avec une esthétique raffinée à l'opposé du lauréat mode, mais dans une démarche similaire, ils fabriquent des casquettes à partir d'objets "destinés à l'enfouissement"."On intercepte des bottes en caoutchouc, des toiles de parapente, des bassinets des parachutes, des pots de fleurs. On les retravaille en faisant des surpiqûres (...) dans un style japonais, comme des anciennes étoffes de samouraï", explique à l'AFP Juana Etcheberry. Le duo, frère et soeur à la ville, a également été récompensé par le prix de la maison de luxe Hermès, nouveauté de cette saison, pour leur bracelet graphique en cuir, entouré d'anneaux métalliques en lévitation qu'il ont voulu à la fois "protecteur et aéré"."Trash to treasure" (de la poubelle au trésor) est le logo de l'Autrichien Maximilian Rittler. Un costume turquoise à imprimé animalier de sa collection glam rock est réalisé à partir de couvertures d'un meuble du jardin. "La mode a besoin d'être innovante et durable, de tissus alternatifs et de l'artisanat. Nous devons être responsables de ce que nous mettons sur le marché", résume pour sa part l'Italien Andrea Grossi qui travaille avec des cuirs "végétaux" biodégradables tannés à la feuille d'olive.Une blouse en lin de la Marseillaise Emma Bruschi est teinte avec des peaux d'oignon et l'essentiel de sa collection est faite en paille, technique "domestique" qu'elle a découverte dans un musée en Suisse. Elle a fait pousser du seigle pour produire sa propre paille pour les prochaines collections. "On retournera à la source du vêtement, à la nature et j'espère que la mode sera à l'échelle plus humaine", souligne-t-elle.Côté accessoires, un trio présente des couvre-chefs faits à base de cheveux. "Coupé, le cheveu est considéré comme un déchet, nous avons décidé de le regarder différemment et de le revaloriser à travers la création", explique à l'AFP Dimitri Zephir, évoquant la renaissance d'une pratique artisanale disparue au début du 20e siècle qui consistait à créer des bijoux sentimentaux avec les cheveux. Autre vecteur de la mode durable proposé par les finalistes: des pièces transformables et unisexe pour "réduire le vestiaire" et l'adapter à toutes les morphologies. Dans sa collection inspirée de la migration et de la réflexion sur "ce qu'on emporte et ce qu'on perd", le Belge Timour Desdemoustier multiplie les superpositions mélangeant des couleurs terreuses et flashy. Assemblée avec des boutons pression, chaque pièce peut être portée de plusieurs manières, par les hommes comme par les femmes. "Les couches, c'est ce qui réduit le vestiaire", assure la Française Céline Shen qui applique le laçage appris à la maison de couture Alaïa. Un kit qui va avec chaque vêtement permet de l'"adapter à sa silhouette". La démarche du Français Xavier Brisoux, qui sculpte la maille, est d'en faire un métier d'art à part entière et de proposer des "modules, épaulettes ou accessoires de chaussure" à des maisons existantes. "Cette notion de couture, +haute sculpture+ n'existait plus, pour les jeunes c'était un truc de mamie, de vieille riche. Cela revient par le biais de l'artisanat et ce sera intéressant à suivre sur la durée", commente à l'AFP Pascaline Wilhelm, directrice mode du salon Première vision. Chantal Gaemperle, directrice des ressources humaines du groupe LVMH qui soutient le festival depuis deux décennies, se félicite du "message fort qui renforce l'engagement vert". "On voit de la relève, des idées et on est bousculé par leur profondeur", confie-t-elle à l'AFP.