Kitsuné, le duo à succès
Les fondateurs de Maison Kitsuné, label de musique, de mode et de qualité ajoutent une carte à leur jeu, ils sont désormais les nouveaux directeurs artistiques de Petit Bateau. Parcours d’une paire d’as.
A quoi tient un binôme réussi ? Au point d’impact de deux trajectoires, un jour, à l’heure dite, avec redites, dans un endroit déterminé, prédestiné. Dans leur cas, à Masaya Kuroki et Gildas Loaëc, il s’agit d’un magasin de disques, celui du second, ouvert à Paris pour mieux fuir sa Bretagne natale, juste en face d’une boutique pour skateur, ce qu’était alors le premier. Mais n’allons pas trop vite, quoique, avec eux, tout se fait rapido, sinon ils s’ennuient, d’ailleurs pour les avoir aussi raides sur le cliché, habillés en Maison Kitsuné forcément, il a fallu capter l’instant sans clignement d’yeux, ils ont fait ça sérieusement.
Sur leur mappemonde perso, la préhistoire de Maison Kitsuné débute au Japon (Tokyo) et en France (Nord Finistère). Pour Masaya, l’école de la rue pour cause de parents qui travaillent tard, le base-ball et la collection de vignettes qui va avec ; pour Gildas, » pas fou d’études « , l’enseignement libre via les ondes de Radio One, la britannique. Puis, en pointillé, une droite file jusqu’à Paris.
Le Japonais à peine ado y débarque avec sa mère en 1988, traîne dans la rue, fréquente assidûment les disquaires où il peut tout écouter sans payer un balle, se farcit tous les vinyles qui existent alors, du métal, du hip-hop, du jazz, du classique, de la new wave, sans jamais les acheter et sans parler le français – » J’avais soif d’écouter » dit-il, laconique, avec un léger accent de Belleville.
Tandis que le Breton à peine adulte y ouvre une boutique, titrée Street Sound, où se bouscule une belle communauté de DJ. C’est là qu’il se croiseront, se recroiseront, à la fin des années 90, Masaya, alors diplômé d’architecture, et Gildas, soudain conscient qu’il n’est pas franchement fait pour être marchand de disques ; il jouera donc les coloc’ avec l’un des garçons de Daft Punk, qui n’a pas encore signé son premier album, et travaillera quinze ans avec ce fer de lance de la French touch.
Sur la carte de leurs vies compilées, il y a le Japon, un voyage pour Daft Punk, avec manager (Gildas) et traducteur (Masaya), les voilà acoquinés. Leur petite entreprise indé peut voir le jour. Idée de base, et de génie : créer à la fois un label de musique et une marque de vêtements, soit » développer » des artistes, travailler avec des musiciens, » faire le métier du disque » et conjointement imaginer une ligne de fringues qui leur » correspondraient » et leur » plairaient « , » avec des pièces de qualité « .
Une marque forte, inspirée de la rue, celle qu’ils n’ont cessé de fréquenter, preppy forcément, on est au XXIe siècle, en version Homme d’abord puis Femme et appelée Maison Kitsuné, fondée en 2002. Comme l’ennui les guette rapidement, personne ne s’étonnera de la liste des collaborations tous azimuts qu’ils ont menées depuis, tambours battants : bottes Aigle, bougies Heeley, shoes Michel Vivien…
Désormais, sur leur planisphère, clignotent New York, Tokyo et Paris. Les Etats-Unis d’Amérique et le Japon pour leur boutique Maison Kitsuné et leur nouveau bar tokyoïte, la France pour la maison mère de leur label et Petit Bateau. C’est l’effet boule de neige : ils ont des idées à revendre, ils ont plu à Patrick Pergament, le DG visionnaire de cette griffe ancestrale qui inventa la petite culotte, ils ont déjà signé un tee-shirt et une collection capsule anniversaire, ils sont désormais à la tête de la direction artistique des nouvelles collections Homme et Femme de Petit Bateau, millésime automne-hiver 13-14. C’est dire si les 120 ans de cette » love brand » marquent le début d’une (r)évolution. Car ils comptent bien chahuter les icônes, remettre la marinière au milieu du village et le milleraies à l’honneur, en version adulte, » simple, street et chic « , l’équation est parfaite.
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