Nos favoris de l’été: la Birkenstock, sandale qui a inversé les codes
C’est l’histoire d’une marque dont le nom est devenu un nom commun : la Birkenstock. Cette sandale à boucle(s) existe depuis des dizaines d’années, mais son nom, cet été, est sur vraiment toutes les lèvres. Retour sur une histoire et un phénomène (in)compréhensible.
La médecine pour origine
Quand on parle de Birkenstock, on pense souvent à cette sandale assez grossière, en cuir, plate, à boucle. Comme lorsqu’on parle de Converse pour évoquer les Chuck Taylor. Mais pour être précis, Birkenstock est une marque abritant des dizaines de modèles de sandales et sabots.
En fait, ce nom un peu brutal est en fait celui de l’inventeur de ce type de chaussures, Konrad Birkenstock, en 1896, soit plus de 120 ans après la fondation de l’entreprise familiale par Johann. Ce premier modèle de ce type imaginé alors présente une semelle intérieure contournant et soutenant le pied, une semelle quasi orthopédique, vendue alors à des professionnels de la médecine. Elle tient dès lors son image de chaussure saine pour le pied.
Quelques dizaines d’années plus tard, c’est au tour de son fils, Carl, de la décliner, pour concevoir cette chaussure telle qu’on la connait de nos jours. Mais ça n’est qu’en 1966 que la branche américaine se développe, sous l’impulsion de Margot Fraser, entrepreneuse américaine qui a découvert quelque temps plus tôt les bienfaits de ces productions allemandes. Elle développe dès lors la marque outre-Atlantique. Très vite, dès les années 70, la Birkenstock sera adoptée par les hippies aux Etats-Unis, l’alliée de leur célèbre sit-in. Jusque récemment, à travers ce territoire, l’image de la Birkenstock était associée à celle des contestataires de gauche, écolos.
Inversion des codes
En France en revanche, les Birkenstock ont longtemps été synonymes de touristes allemands. D’ailleurs, depuis les années 80, elles sont les chaussures portées par une grande partie du personnel des hôpitaux en Allemagne. Et une bonne partie des ventes de Birkenstock concerne encore de nos jours les chaussures professionnelles. En tout cas, dans tous les esprits, elles restent les souliers de ceux qui privilégient le confort sur l’élégance ou la tendance. La majorité des ventes est celle du modèle Arizona et ses déclinaisons.
Par un revirement de code dont seule la mode semble capable, cette sandale est devenue hype il y a quelques années. Tout à coup, modeuses, stars, et autres personnes en vue et prescriptrices de tendances portées ne craignaient plus de la porter à la ville – car elle l’était peut-être déjà en privé.
En fait, il faut remonter à la fin des années 90, pour assister à sa conquête des podiums, chez Narciso Rodrigues et Paco Rabanne d’abord. Puis en 2013, quand Phoebe Philo chez Chloé la fourre de vison, matière associée au luxe par excellence, tandis qu’Alexander Wang en fait une chaussure plus couture en l’affublant d’un talon. Désormais, les modèles se multiplient, et les coloris encore plus, permettant de trouver Birkenstock à son pied. Et alors que la Croc – autre chaussure de confort – est toujours considérée comme abominable, le port de la Birkenstock est désormais tout à fait accepté.
Aujourd’hui, les stars de tous horizons, de Mary Kate Olsen à David Beckham en passant par Cara Delevingne sortent en Birkenstock sans honte et sans susciter le mépris de la part d’un public désormais habitué à ce qui, il y a seulement années, aurait tenu du fashion faux pas impardonnable.
Preuve du phénomène mode qu’elle constitue, Arte diffuse en 2019 un documentaire pour tout savoir sur cette pompe qui joue sur plusieurs tableaux contradictoires. C’est d’ailleurs cette contradiction qui est contenue dans le titre de ce documentaire, intitulé Birkenstock : c’est moche mais ça marche. Parce que qu’avec plus de 20 millions de paires vendues chaque année, depuis des années, le succès n’est plus a prouver. Mais sans doute est-il bon de tenter de l’expliquer.
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