La Fashion Week new yorkaise en crise

De nombreuses maisons de couture souffrent de la crise économique. La semaine de la mode américaine en est un bon baromètre.

De nombreuses maisons de couture souffrent de la crise économique. La semaine de la mode américaine, qui se tiendra du 13 au 20 février, en est un bon baromètre.

Que se passera-t il à la Fashion Week?
La semaine de la mode à New York connaît un véritable chassé-croisé de créateurs qui changent de lieux de défilé pour réduire leurs frais. Les présentations se déroulent traditionnellement sous les tentes de Bryant Park, au coeur de Manhattan et s’élèvent selon le Wall Street Journal à environ 100 000 dollars chacune. Pour faire des économies, certains créateurs comme Vera Wang adoptent une stratégie risquée: quitter les tentes et défiler dans leurs propres boutiques. D’autres couturiers habitués de la semaine de la mode sont touchés. DKNY présentera sa collection au Stephen Weiss Studio, qui appartient à Donna Karan. Carmen Marc Valvo, marque née en 1989, Betsey Johnson, dont la ligne existe depuis 1978 et Temperly London, vendue depuis 2000, ont pris des décisions similaires.

Monique Lhuiller, qui présente ses collections à Bryant Park depuis plus de 6 ans a également choisi un showroom plus modeste. Zac Posen n’a pas déclaré qu’il défilerait dans les tentes cette année. A ce jour, 52 designers ont confirmé leur venue à Bryant Park, alors que l’organisateur de la semaine de la mode, IMG Fashion, en attend 80.

Comment les maisons de couture justifient ces nouvelles présentations?
Les raisons économiques ne sont pas toujours invoquées en premier lieu: « l’intimité » d’une boutique est préférée aux tentes qui accueillent 500 personnes au minimum. Dans le monde de la mode, tout changement est perçu comme un renouveau. Ces présentations permettront peut-être aux journalistes de parler avec les créateurs et de voir les vêtements de plus près.

Quels sont les risques pour les créateurs?
Les couturiers craignent une forte baisse de fréquentation de leur présentation. Avec le rythme infernal des Fashion Weeks, de nombreux rédacteurs et acheteurs risquent bien de snober des défilés un peu trop éloignés de Bryant Park.

La solution: faire des présentations beaucoup plus longues- deux heures au lieu de 15 minutes-, où les spectateurs pourront passer entre deux shows.

Existe-t-il d’autres moyens de réduire les frais?
Certains rejoignent les tentes par esprit d’économie, comme William Rast et Tommy Hilfiger. Ce dernier défilera à Bryant Park le 19 février pour la première fois depuis trois ans. Le prestigieux Lincoln Center for the Performing Arts, où se déroulent les concerts de l’orchestre philharmonique de New York accueillait précédemment ses présentations

La maison Rock & Republic, qui dépense d’habitude jusqu’à 3 millions de dollars par show, a décidé de réduire ses coûts: pas de musiciens, mais une simple bande sonore. Et la co-fondatrice et présidente de la marque Andrea Bernholtz de justifier à WWD: « L’extravagance est vulgaire en ce moment. »

Certaines maisons de couture envisagent de limiter le nombre de mannequins et de les faire défiler plusieurs fois dans le même show. Ce qui permet également de réduire les frais de maquillage et coiffure.

Et ailleurs?
Vuitton a annulé en décembre l’ouverture d’un magasin à Tokyo, sans donner de raison. Chanel a fermé son musée itinérant, le Mobile Art, qui s’était arrêté à Hong-Kong, Tokyo et New-York. Le musée devait pourtant faire escale à Paris, Londres, Los Angeles et Moscou. Karl Lagerfeld évoque des raisons artistiques mais l’ambitieux projet coûtait surtout trop cher. La marque « préfère se recentrer sur des investissements stratégiques ». La maison s’est également séparée de 200 employés début janvier.

Autre signe du mauvais temps: « En raison du climat économique actuel », Marc Jacobs a annulé sa traditionnelle fête costumée en décembre, institution de la décadence et du luxe depuis 18 ans.

Valentine Pétry

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