Le début d’une aube nouvelle: ce qu’il faut retenir des fashion weeks homme de Paris et Milan

Images behind the scene du défilé Christophe Lemaire, janvier 2022

Adieu, Virgil Abloh. Bonjour, Nigo. Les semaines de la mode masculine de Milan et Paris se sont inscrites sous le signe du passé et du futur.

À Paris, le monde de la mode a fait ses adieux à Virgil Abloh, le principal styliste de mode masculine de sa génération. Non pour ses créations magistrales, mais pour son impact sur l’industrie textile et le monde extérieur. Louis Vuitton a présenté sa huitième et donc dernière collection pour la marque, dans un décor évoquant Le Magicien d’Oz, le classique hollywoodien qui avait inspiré ses débuts pour Louis Vuitton. Le décor : une maison bleu pâle, à moitié voilée par les nuages. C’était davantage une cérémonie commémorative qu’un défilé classique. Et, cerise sur le gâteau : des anges, pour le ravissement des participants qui avaient les yeux tournés vers le ciel. Un tableau sublimé la mélodie continue de l’orchestre invité.

Défilé Louis Vuitton, dernière collection de Virgil Abloh, le 20 janvier 2022
Défilé Louis Vuitton, dernière collection de Virgil Abloh, le 20 janvier 2022© Belga Images
Défilé Louis Vuitton, dernière collection de Virgil Abloh, le 20 janvier 2022
Défilé Louis Vuitton, dernière collection de Virgil Abloh, le 20 janvier 2022© Belga Images

C’est aussi à Paris que le gourou du style japonais Nigo a fait ses débuts, chez Kenzo. Il succède à Felipe Oliveira Baptista. Nigo, qui a lancé les marques japonaises populaires de streetwear A Bathing Ape et Human Made, et qui a collaboré avec de nombreux labels, de Uniqlo à Louis Vuitton, était à la fois une idole de Virgil Abloh et un de ses disciples : une légende du streetwear, homme d’affaires et génie créateur, toujours cool, pétri de hip-hop, qui ne rechigne pas devant un soupçon de populisme. D’ailleurs, c’était Virgil Abloh qui avait présenté Nigo aux directeurs de Vuitton.

La collection était prévisible, avec des clins d’oeil à Paris, au Japon, à l’americana et à l’héritage de Kenzo Takada. Une bonne nouvelle pour Kenzo et pour les kids. Nigo renoue avec la stratégie de Humberto Leon et de Carol Lim, qui ont dirigé la marque pendant dix ans. Toutefois, le créateur âgé de 51 ans originaire d’un pays ultraconservateur est moins progressiste que ses prédécesseurs américains. Il semble que Kenzo reprenne le rôle de Vuitton au sein du groupe LVMH : une esthétique similaire pour un public similaire et à des prix plus abordables.

Nigo à la fin de son premier défilé pour Kenzo en tant que DA, le 23 janvier 2022
Nigo à la fin de son premier défilé pour Kenzo en tant que DA, le 23 janvier 2022© Getty Images

Une semaine de la mode au ralenti

Depuis quelques années, le monde de la mode est ébranlé. Alors que le secteur se tourne notamment vers les thématiques de la durabilité et de l’incluson, la pandémie a compliqué davantage les choses. La traditionnelle semaine de la mode survit, mais au prix de transformations.

Glenn Martens est le seul Belge à avoir organisé un défilé. Précisons toutefois que sa marque Y/Project est établie à Paris. Il a loué un immense entrepôt en périphérie de Paris et a montré un aperçu de la collection couture qui a été dévoilée la semaine suivante pour Gaultier, avec des imprimés psychédéliques de corps nus en trompe-l’oeil.

Dries Van Noten a filmé sa présentation dans un hôtel particulier de Saint-Germain-des-Prés, et a affiché des amoureux qui s’embrassent sur fond de « Dream Baby, Dream » de Suicide.

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Jan Jan Van Essche a de nouveau fait appel au vidéaste Ramy Moharam Fouad ; Walter Van Beirendonck a révélé son côté plus agressif par le biais de vidéos. Il a travaillé en collaboration avec le modiste Stephen Jones et la marque de lunettes Komono.

Un pont dans une boîte

Pourtant, çà et là, tout porte à croire que les choses sont comme avant. Dior a conçu une installation éphémère sur la place de la Concorde contenant une réplique du Pont Alexandre III, situé non loin de là. Pour ce faire, Kim Jones a consulté les archives des années quarante et cinquante de Christian Dior. C’était peut-être la meilleure collection de la maison, mais en même temps un peu une chimère dans l’esprit de Emily in Paris : une image idéalisée de l’élégance française.

Dior Homme janvier 2022
Dior Homme janvier 2022© Getty Images
Kim Jones sur la reconstitution du Pont Alexandre III, pour Dior Homme janvier 2022
Kim Jones sur la reconstitution du Pont Alexandre III, pour Dior Homme janvier 2022© Getty Images

À Milan, Prada a montré le premier défilé dédié aux hommes depuis que Raf Simons a rejoint Miuccia Prada en tant que codirecteur artistique. Le casting se composait d’une kyrielle d’acteurs célèbres, dont Kyle MacLachlan et Jeff Goldblum. La garde-robe était relativement virile : manteaux en cuir, bruts, aux épaules larges, semblables à ceux que Raf Simons avait créés chez Jil Sander, mais aussi salopettes sexy.

Kyle MacLachlan, l'acteur fétiche de David Lynch, défile pour Prada
Kyle MacLachlan, l’acteur fétiche de David Lynch, défile pour Prada© Belga Images
En période de pandémie, le glamour perd du terrain.

Toujours à Milan, Dsquared a fait son retour. Les fondateurs, Dean et Dan Caiten, ont prononcé un discours avant le défilé. Chez Dolce e Gabbana, l’ensemble du défilé s’est articulé autour d’une performance du rappeur Machine Gun Kelly. Zegna a organisé la projection d’un film pour une cinquantaine de spectateurs dans une petite salle de réunions sombre et impersonnelle. Quant au directeur artistique, Alessandro Sartori, il a introduit sa réinterprétation du costume, moins formel que l’uniforme classique. C’était un moment assez morose. En période de pandémie, le glamour perd du terrain.

On doit sans doute à Christophe Lemaire le plus beau statement de la saison masculine à Paris. En effet, avec Sarah-Linh Tran, il a organisé un défilé sur fond d’immense photo de nuages dans les Ateliers Berthier, autrefois entrepôts de décors de théâtre. Dès le lancement du défilé, la photo a laissé la place à un lever de soleil en temps réel, l »apparition en live d’une aube telle une nouvelle ère.

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Pendant ce temps au salon Pitti…

Lors de cette édition, le salon pour hommes Pitti qui, fidèlement à la tradition, ouvre la saison de la mode à Florence, a repris sur les chapeaux de roues. La semaine dernière, l’invitée d’honneur, Ann Demeulemeester, a reporté un événement qui était planifié. Brunello Cucinelli, un des fidèles grands exposants du salon, a également annoncé son retrait à la dernière minute. Mais il y avait aussi de bonnes nouvelles. Le public présent était plus nombreux qu’en juin, lorsque le salon a rouvert ses portes à Florence, après deux éditions numériques.

Par ailleurs, la mode durable a fait l’objet d’une plus grande attention. La marque italienne Save The Duck a fêté son dixième anniversaire, notamment par le biais d’une collab avec le designer britannique Edward Crutchley. La marque espagnole Ecoalf a lancé une nouvelle ligne premium, Ecoalf 1.0. Herno continue d’investir dans la jeune ligne parallèle Globe, en mettant l’accent sur les matériaux recyclés, et Marc O’Polo vise lui aussi un avenir durable et respectueux de l’environnement.

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