Le vegan à la conquête du luxe

Une cape en faux fur, lors du show Burberry, hiver 18-19. Depuis, la marque a renoncé complètement à la fourrure animale, tout comme le British Fashion Council pour ses Fashion Weeks. © Samir Hussein/getty images
Mathieu Nguyen

Loin d’être un caprice de néo-baba, le véganisme a infusé ses principes éthiques dans tous les secteurs de la consommation, y compris le luxe en général et la mode en particulier.

Dernier rappel pour les distraits : le véganisme consiste à refuser toute forme d’exploitation animale, donc à ficher une paix royale à nos copains à poils, plumes ou écailles. Cela dépasse le végétarisme, car tout produit d’origine animale est prohibé – adieu oeufs, miel, gélatine ou produits laitiers, ainsi que les matières naturelles telles que les laines, cuirs, soies et bien sûr fourrures.  » Non-sens !  » s’écrient les réfractaires. Tant pis pour eux, nos sociétés ne les ont pas attendus pour s’emparer des questions liées au spécisme et au bien-être des bêtes, comme on en a eu la preuve tout au long de l’année.

Dès janvier, le MoMA, à New York, clôturait sa première expo mode en septante ans, laquelle faisait la part belle aux alternatives de l’industrie pour un futur  » animal free  » : Lyocell en pulpe de bois, cuir d’ananas (Piñatex), sans oublier la soie végétalienne et le cuir de mycélium, chers à la créatrice britannique Stella McCartney. A ce propos, la Fashion Week de Londres banissait, en septembre, la fourrure de ses shows, suivie par la ville de Los Angeles qui en interdisait la manufacture et le commerce.

Au printemps, ce fut également l’occasion de prendre conscience que déco et design ne comptaient pas faire exception, notamment au Salon du meuble de Milan où l’on put découvrir quantité de nouveaux matériaux – algues, champignons, minéraux -, pour la plupart présents dans l’expo Vegan Design – The Art of Reduction d’Erez Nevi Pana. Toujours cette année, Land Rover rejoignait Tesla, Maserati ou Ferrari au sein du club des constructeurs offrant une alternative au cuir de leurs luxueux intérieurs, tandis que des enquêtes retentissantes, comme celle de Cash Investigation, alarmaient le public quant aux pratiques des grandes marques, renvoyant directement au boom des cosmétiques cruelty-free ou au succès non démenti des baskets véganes de Veja.

Pour peu que l’on y soit attentif, on réalise que la thématique s’invite en réalité dans l’actu chaque semaine. De Diane von Furstenberg ou Jean Paul Gaultier annonçant leur renoncement définitif aux cuirs, en passant par le très chic Savoy Hotel de Londres, qui donnait son premier banquet 100 % végan, jusqu’au marché de Noël de la REcyclerie, qui réunissait les adeptes, à Paris, pour la troisième fois déjà, les exemples ne manquent pas en cette fin d’année. Autant dire que le phénomène a peu de chance de s’enrayer, en espérant qu’à l’avenir, les réactions épidermiques ne prennent pas le pas sur le débat éthique.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content