Les mannequins « grande taille » se font rares sur les podiums parisiens

Maria Grazia Chiuri © AFP

Si la Fashion week new-yorkaise a marqué sa volonté de décomplexer les femmes rondes, le milieu de la mode parisien jure toujours par la grande minceur de ses mannequins même si deux jeunes griffes se sont distinguées mardi avec la présence de mannequins plus en formes.

« Le risque c’est de penser que toutes les filles peuvent être mannequins. Ce n’est pas le cas », a estimé la directrice artistique de Dior, Maria Grazia Chiuri, au deuxième jour de la Fashion week parisienne.

« Je ne veux pas employer de filles anorexiques », a-t-elle assuré, tout en soulignant que les couturiers travaillent sur un buste mannequin de taille 37. « C’est trop difficile sinon de fabriquer d’autres tailles ».

« Aujourd’hui les gens s’imaginent parfois qu’ils peuvent tout faire. Mais si vous voulez être chanteur, vous devez avoir une voix. Si vous voulez être alpiniste, vous devez être athlétique. Il y a des spécificités », poursuit la directrice artistique, qui dit rechercher pour ses défilés des filles à « forte personnalité ».

L’extrême minceur des mannequins reste la norme sur les podiums à Paris comme à New York, Londres ou Milan et suscite des débats réguliers sur la santé de ces jeunes femmes.

Face à ces interrogations, les deux géants du luxe Kering (Saint Laurent, Balenciaga, Gucci, Stella McCartney, Alexander McQueen) et LVMH (Christian Dior, Louis Vuitton, Loewe, Céline, Givenchy, Kenzo) ont signé début septembre une charte où ils s’engagent, entre autres mesures, à ne pas recourir à des mannequins de moins de 16 ans et de taille inférieure à 34, et à mieux encadrer le travail des mannequins de 16 à 18 ans.

Une charte dont Mme Chiuri a salué le principe. « C’est une bonne idée… car je suis une femme et la mère d’une fille », a-t-elle souligné.

– La star Ashley Graham –

Avant le défilé Dior qui a célébré la créativité de Niki de Saint Phalle, la jeune griffe parisienne Jour/né a néanmoins affiché sa volonté de ne « pas se cantonner à un modèle » de femmes.

Les trois créateurs (Jerry, Lea et Lou), âgés de moins de trente ans, ont présenté mardi une collection à la fois sportswear, urbaine et marquée par les années 70 avec des imprimés évoquant la marque italienne Pucci.

Au milieu des mannequins longilignes a ainsi défilé une jeune femme aux formes pulpeuses, qui n’est pas un mannequin professionnel, a indiqué la griffe. « C’est une amie de la maison », a-t-on précisé.

Chez Koché, autre jeune griffe parisienne qui privilégie un casting atypique, mixte et d’une grande diversité, a également défilé une jeune femme aux formes généreuses.

Mais New York, à la mi-septembre, a montré qu’elle avait un temps d’avance dans ce domaine. La star des mannequins « plus size » Ashley Graham (taille 48) et forte de 5,2 millions d’abonnés sur Instagram, avait reçu un accueil triomphal sur les podiums. La capitale de la mode américaine a aussi été marquée par la présence d’une autre mannequin XL, Candice Huffine, qui a défilé pour Prabal Gurung, Fenty et Christian Siriano (qui a également fait défiler Precious Lee, « plus size » noire).

En France, le créateur Jean Paul Gaultier s’est déjà illustré en montrant des femmes aux physiques très différents et en faisant défiler des personnalités comme la chanteuse Beth Ditto.

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