Mode belge: le talent, ici et maintenant (en images)

Christian Wijnants © LENNERT MADOU

Les créateurs belges donnent le ton d’un printemps 20 où l’audace et les rêves sont permis. De Milan à Paris, ils ont dévoilé leur parti pris et sublimé les corps, toujours avec esprit. Morceaux choisis.

Christian Wijnants

Emporté par les impressions et les rencontres que seuls les lointains voyages peuvent offrir, Christian Wijnants s’est laissé influencer par le portraitiste afro-américain Henry Taylor, dont l’oeuvre est un dialogue entre les continents. En découlent une ligne aux teintes tranchées et un étonnant motif d’inspiration africaine, réalisé à la main, à l’aide de papier bulle, dans son atelier. Plus globalement, le dressing décline tant des jupes passe-partout que des robes et pantalons aux coupes décomplexées.

Dries Van Noten

« L’idée m’est venue naturellement, en début de saison. J’avais un besoin d’exubérance, d’exagération, de volume et de fun! Les années 80 et 90, l’esprit couture et le plaisir de s’habiller qui y régnait m’attiraient. Je me suis alors rendu compte que tous ces éléments menaient vers l’univers et l’oeuvre de Christian Lacroix. » Dries Van Noten contactera le célèbre créateur, désormais costumier pour le théâtre et l’opéra, pour lui proposer de relever le défi, celui d’imaginer une collection commune. Forcément spectaculaire.

Dries Van Noten
Dries Van Noten© IMAXTREE

Olivier Theyskens

Il aime les falbalas, la dentelle, les Merveilleuses du XVIIIe siècle et les filles ultracontemporaines, rien de contradictoire. Le créateur, plus mature que jamais et désormais également directeur artistique de la maison Azzaro, donne à voir au grand jour sa fascination couture, sa main incomparable, son amour pour le travail de construction, de coupe, du détail. Avec méticulosité, il redéfinit le flou et le tailoring, osant le satin, le lin et la soie raffinée. Et offre à ses silhouettes sensuelles des solaires monogrammées OT et cosignées avec le label français basé à Los Angeles Jacques Marie Mage, bien vu.

Olivier Theyskens
Olivier Theyskens© IMAXTREE

Ann Demeulemeester

Pour la maison anversoise, Sébastien Meunier a puisé son printemps-été dans l’envoûtement que lui procura un concert de l’artiste indy noise Lingua Ignota – elle y avait transformé son Jolene, créé par Dolly Parton, en une complainte déchirante. Il en fait le porte-drapeau d’un tailoring sensuel, recomposé, déstructuré. Avec des découpes nettes qui montrent les corps, un noir effrontément punk et des mailles rapiécées qui poétisent joliment les peaux fragiles. Le tout porté sur le fameux talon courbé icône du vestiaire Ann Demeulemeester apparu pour la première fois il y a vingt-cinq ans déjà. « Your beauty is beyond compare. »

Ann Demeulemeester
Ann Demeulemeester© IMAXTREE

Anthony Vaccarello pour Saint Laurent

Anthony Vaccarello se plaît à superposer les couches, le passé et le présent – cela n’a rien d’hérétique dans une maison comme celle-là, fondée par monsieur Saint Laurent qui marqua le XXe siècle avec un smoking et des collections russe ou roumaine. C’est elles d’ailleurs qui servent d’inspiration au créateur formé à La Cambre mode(s). Il y rend un hommage inspiré à la Charlotte Rampling, photographiée par JeanLoup Sieff, et à la fantaisie chicissime d’une Loulou de La Falaise qui mélangeait allègrement tous les styles. Emporté par cet élan, Anthony Vaccarello aligne les clins d’oeil opulents et toujours sexy: ses muses arpentent la Ville lumière drapées dans des robes tendues et brillantes comme l’asphalte après la pluie.

Anthony Vaccarello pour Saint Laurent
Anthony Vaccarello pour Saint Laurent© IMAXTREE

Cédric Charlier

Quand un road trip à travers l’Arizona et l’Utah et le souvenir de leurs étendues désertiques au ciel sans limites influencent durablement une garde-robe, cela donne ceci, la subtilité en plus. Car Cédric Charlier, jamais, n’est littéral et ses cowgirls non plus. Il contraste le denim et le satin, ose les franges, la broderie anglaise, les plissés et se laisse emporter par sa créativité redoublée qui transfigure des imprimés cachemire, des esquisses de chardons sauvages et autres motifs inspirés par L’heure bleue et le dessin au Bic cher à Jan Fabre. Le désir, en point de mire.

Cédric Charlier
Cédric Charlier© IMAXTREE

Haider Ackermann

Fidèle à son approche androgyne, Haider Ackermann n’organise plus qu’un unique défilé par saison, rassemblant hommes et femmes. Cette fois, il magnifie la taille de ses modèles, les bardant de lanières en cuir ou nouant une veste autour des hanches, et subliment les corps avec des bandes colorées et plissées, rappelant le style de Madame Grès, la nudité en plus. Des hauts osés pour afficher sa sensualité.

Haider Ackermann
Haider Ackermann© IMAXTREE

Glenn Martens pour Y/Project

En 52 looks-manifestes, le créateur dit son goût pour la distorsion, l’architecture du vêtement et la Belle Epoque mais « sous acide ». Le tulle, la dentelle, la maille et le tailleur servent de base à des expérimentations textiles référencées et théâtrales. Car Glenn Martens prône joyeusement la versatilité et les silhouettes inversées, osant même des robes grand soir tout droit sorties de l’histoire de l’art et de son imagination débridée.

Glenn Martens pour Y/Project
Glenn Martens pour Y/Project© IMAXTREE

Peter Pilotto

Après douze ans de défilés à Londres, Peter Pilotto et Christropher de Vos ont posé leurs bagages, pour la première fois, à Milan. Les deux hommes, qui se sont rencontrés à l’Académie des beaux-arts d’Anvers, considèrent ce changement dans la continuité de leur parcours. « Tous nos tissus viennent d’Italie, une partie de notre production y est basée et nous travaillons depuis peu avec un maroquinier de la Botte », expliquent-ils. Une migration vers le Sud sous le signe de l’optimisme, avec des imprimés et des mélanges de tissus qui donnent aux pièces une touche ensoleillée et légèrement extravagante, en phase avec l’ADN de la marque.

Peter Pilotto
Peter Pilotto© CHRISTINA FRAGKOU

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