Nos favoris de l’hiver | La chapka, l’histoire d’une casquette en fourrure devenue icône de mode
Symbole historique de la culture soviétique à vocation utilitaire, la chapka est devenue en quelques décennies une vraie star des podiums. De Kurt Cobain à Rihanna, les people en ont fait leur accessoire fétiche. Cet hiver, elle est même au coeur d’un nouveau challenge sur TikTok.
Jusqu’à cet instant, sans doute n’avez-vous jamais entendu parlé de la chanteuse russe Katya Lel. Et encore moins de son tube My marmalade sorti en 2003. Vingt ans plus tard, un extrait de cette scie est devenu complètement viral sur TikTok. Associé au hashtag #slavicgirl, il totalise déjà en à peine un mois plus de 694 millions de vues sur le réseau chinois.
Le challenge, assez simple, consiste à se filmer en train de danser et de chanter en playback, vêtu de fourrure. Et la tête coiffée d’une toque. Ou mieux encore d’une chapka.
Des oreilles à rabat
Le nom chapka, contraction du mot ouchanka qui en russe signifie « oreilles », fait directement référence aux parties rabattables couvrant les oreilles et la nuque et que l’on peut aussi nouer au-dessus du chapeau. La porter de cette manière – au risque de se geler les oreilles – serait même un gage de virilité.
La chapka que l’on associe immédiatement aux choeurs de l’Armée Rouge et à tous les « méchants » que l’on a pu croiser dans les films traitant de la Guerre Froide, n’a pas toujours eu l’aura fashion qu’on lui connaît aujourd’hui.
Il n’est pas aisé de retracer avec précision son histoire. Elle viendrait ainsi très probablement de Mongolie et serait donc arrivée en Russie lors des invasions mongoles du Moyen-Âge.
Longtemps fabriquées en fourrure animale, elles servaient en quelque sorte de marqueur social, les nobles et plus tard les dirigeants soviétiques optant plutôt pour le renard, l’ours ou la martre, le peuple pour le lapin ou le rat musqué.
Les soldats la voient intégrer leurs uniformes dans les années 1930. Ils doivent bien souvent se contenter d’un ersatz qu’ils qualifiaient alors de « fourrure de poisson ».
Durant l’ère soviétique, porter une chapka lors des visites diplomatiques à Moscou, était perçu par bons nombres de leaders du monde libre, comme le président américain Gerald Ford, comme un acte de courtoise.
Mieux qu’une matriochka
A la chute du mur de Berlin, la chapka – que l’on confond aussi souvent avec la papakha, cette toque sans oreillettes chère à Kate Middleton -, a perdu sa portée politique pour devenir le parfait souvenir à ramener de Russie au même titre qu’une boîte de caviar ou qu’une matriochka.
Et les people ont peu à peu commencé à se l’approprier, privilégiant souvent les modèles en fourrure synthétique, plus en adéquation avec le véganisme souvent pratiqué par les stars américaines.
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Kurt Cobain fut l’un des premiers à l’associer à sa célèbre chemise à carreau, comme en témoigne la toute dernière séance photo à laquelle il s’est prêté en 1993 devant l’objectif de Jesse Frohman.
Jay-Z choisira pour sa part de remonter les oreilles de la sienne lors de l’investiture de Barack Obama en 2009 tout en l’associant à un manteau classique et urbain. Quant à Rihanna, elle n’hésitera pas à la faire enter dans sa panoplie d’accessoires de voyage stylés pour faire face aux frimas londoniens.
Accessoire de l’anti-héros
Sa nouvelle coolitude transparaît également au cinéma et à la télévision où on la retrouve portée cette fois par des anti-héros comme Corinne Masiero alias Capitaine Marleau. Un accessoire lui-même inspiré par le personnage de Frances McDormand dans le cultissime Fargo des frères Cohen.
Depuis les années 2000, tous les créateurs de mode ou presque s’en sont emparés, des belges Dries Van Noten et Martin Margiela à des marques comme DSquared2 ou Prada. Plus question ici de la porter de manière textuelle en se contentant de l’associer à des pièces classiques de l’hiver, façon retour de ski dans une station de sports d’hiver.
Les plus courageuses, comme Chiara Ferragni, n’hésitent pas à la combiner avec des jupes courtes et des petites bottines. Pour une allure résolument plus citadine.
Un retour de hype argenté
Cette saison, Jacquemus, la marque favorite de la Gen Z, lui a même offert un retour de hype. En l’associant à l’une des tendances imparables de la saison, le lamé argenté.
Quant au challenge #slavicgirl de TikTok, il a déjà muté vers une version encore plus virale que le premier…
Dans laquelle une autre superstar des réseaux vole la vedette à la célèbre chapka… Le chat.
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