Où sont les marraines de la mode française?

© Reuters

Hier, à New York, un Fashion Law Institute a été inauguré. Désormais, quand un créateur américain ne saura pas comment se défendre face à une marque qui a copié un de ses modèles, il pourra trouver une aide juridique à l’Université de droit de Fordham, où un département spécialisé dans le secteur de la mode a été créé. En voilà une idée qu’elle est bonne, non?

Si ce projet a été rendu possible, c’est grâce à l’appui du CFDA (Council of Fashion Designers of America), une association à but non lucratif qui se démène pour soutenir les créateurs américains. Et la présidente de cette association, c’est Diane von Furstenberg.
Hier, en lisant un article à propos de tout ça, Diane m’est soudain apparue comme la marraine de la mode américaine. Plus exactement, elle m’est apparue comme la marraine number two, la number one étant Anna Wintour, qui de son côté se démène depuis des mois pour que sa Fashion Night Out casse la baraque ce soir.

J’ai beau chercher un équivalent français au CFDA, à Anna ou à Diane, j’ai du mal à en trouver. Rien ni personne à Paris ne me semble avoir l’énergie et l’ambition de ces organismes et de ces personnalités made in USA. De ce côté-ci de l’Atlantique, on a bien l’ANDAM (Association Nationale pour le Développement des Arts et de la Mode), mais cette année, elle vient de récompenser Hakaan, un créateur turc qui n’a semble-t-il, jusque là, jamais travaillé en France. En 2009, c’était Giles Deacon qui avait gagné la bourse, un Anglais qui, tiens donc, retourne défiler à Londres cette saison. Pendant ce temps, qui va aider des créateurs émergents de la trempe de Bouchra Jarrar si personne en France, berceau de la haute-couture-bla-bla-bla, ne leur met le pied à l’étrier financièrement?

Je ne veux pas dire que tout est mieux aux Etats-Unis. La France continue d’abriter des savoir-faire uniques au monde et des maisons puissantes, à la longévité inégalée. Elle attire tous les regards et tous les talents. Paris continue d’être la capitale de la mode qui fait le plus rêver. Mais en 2010, les créateurs qui tentent d’y survivre ont besoin d’une aide plus vigoureuse que celle qu’on leur offre actuellement.

Je sais bien que la critique est aisée. Je ne blâme personne dans l’histoire (OK, sauf l’ANDAM ces dernières années). Je m’interroge: pourrons-nous un jour compter sur l’engagement de gens aussi passionnés, expérimentés et compétents que Diane et Anna? Sincèrement, je l’espère. Il en va de l’avenir de notre industrie.

Par Géraldine Dormoy

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