Paris Fashion Week: les Belges font le show

Dries Van Noten/Photo Imaxtree

Chacun dans leur style, les créateurs belges ont séduit les acheteurs et journalistes venus du monde entier pour assister à la présentation des collections Homme du printemps-été 2020 à Paris. Avec des défilés souvent empreints d’une certaine nostalgie.

L’été est à peine à nos portes que se décident déjà les grandes tendances du vestiaire masculin du… printemps-été prochain! En mode, sans doute parce que leur importance n’égale pas celle de la Femme, ce sont les collections Homme qui ouvrent la voie, même si de plus en plus de créateurs choisissent désormais de présenter des défilés mixtes afin de limiter les frais que représente la mise en place d’un show durant la Fashion Week parisienne. Les Belges quant à eux préfèrent ne pas mélanger les genres, s’il on a pu apercevoir chez Y-Project quelques silhouettes féminines, il s’agissait des modèles dits de « pré-collection », pensé pour ce que l’on appelait autrefois « l’entre-saison ». Voici en tout cas à quoi ressemblera votre garde-robe de 2020 si vous choisissez de porter du belge.

Glenn Martens pour Y/PROJECT

Y/PROJECT
Y/PROJECT

Sous la nef du Temple de l’Oratoire du Louvre, Glenn Martens s’est amusé une fois de plus à brouiller les pistes, obligeant les spectateurs de son show à s’interroger en permanence sur la nature même des vêtements montrés. Qu’on le veille ou non, l’habit selon l’évangile d’Instagram en dit long sur celui qui l’enfile. Une peu d’ironie ne peut certainement pas faire de mal, comme semblait le surligner la bande son du défilé mixant le Carmen de George Bizet à sa parodie par le Muppet Show.

Y/PROJECT
Y/PROJECT

A quoi se doit donc de ressembler une chemise, une veste, un pantalon? N’existe-t-il qu’un sens unique pour les enfiler… sous peine de leur faire perdre tout le sens que l’on cherche à leur donner? L’asymétrie et la disproportion constituaient le fil rouge de la collection où chaque pièce regardée de plus près semblait dévoyée par des effets de drapés et de relief.

Y/PROJECT
Y/PROJECT

Les doublures sortent de l’envers des blazers, une poche devient une manche, un col s’ouvre et se transforme en épaulette et le bomber classique peut en réalité se porter taille par-dessus tête. Une invitation à la rébellion.

Walter Van Beirendonck

Walter Van Beirendonck/Photo Imaxtree
Walter Van Beirendonck/Photo Imaxtree

Les collections du créateur anversois s’adressent aux plus aventureux, à ceux en tout cas qui sont prêts à pousser la porte de son imaginaire. L’homme n’a jamais caché sa fascination pour les extraterrestres qu’il rêve de rencontrer. Des êtres dotés de formes et de membres bien plus divers que nous, simples humains. C’est cette diversité supposée qui explique la présence de manches supplémentaires et toutes les excroissances en plastique transparent apposées sur de nombreux modèles.

Walter Van Beirendonck/Photo Imaxtree
Walter Van Beirendonck/Photo Imaxtree

Dans ce cirque intergalactique, en tout cas, tous les clashs couleurs semblent permis, cela fait partie de l’ADN de cette marque unique en son genre. Elle vient d’ailleurs de redonner vie à pas moins de 122 des modèles iconiques de l’un des Six d’Anvers, en collaboration avec House of Lisa – le label spécialisé dans la réédition de pièces d’archives – et le site de vente en ligne Farfetch.

Raf Simons

Raf Simons/Photo Imaxtree
Raf Simons/Photo Imaxtree

Depuis l’adolescence, Raf Simons a toujours été fasciné par les Etats-Unis. Pas qu’il soit du genre à fantasmer sur l’American Dream, au contraire. Ce sont plutôt les excès et surtout les limites d’un modèle socio-économique poussé à bout par la pensée totalitariste et suprémaciste de son leader actuel qu’il s’est toujours employé à dénoncer.

Raf Simons/Photo Imaxtree
Raf Simons/Photo Imaxtree

Son expérience locale, alors qu’il dirigeait les studios de création de Calvin Klein, s’est terminée en queue de poisson. Il n’a plus à rendre de compte qu’à lui-même et c’est avec une certaine rage qu’il a en quelque sorte bouclé la boucle, comme pour mieux revenir à la case départ, avec une collection truffée de références à ses anciennes obsessions stylistiques, présentée hors les murs de Paris dans un gigantesque hangar rempli de chaises de bureaux emballées dans du plastique adhésif noir.

Raf Simons/Photo Imaxtree
Raf Simons/Photo Imaxtree

L’atmosphère plutôt anxiogène du show – on pouvait se demander si ces garçons en blouses blanches étiquetées RS-LAB et en gants de travail ne venaient pas de désintoxiquer la zone – contrastait finalement avec la sagesse relative des pièces, assez « portables » finalement. Les slogans chocs, STONE (E) D AMERICA en tête, devraient séduire les déçus d’un pays qui ne fait plus rêver grand monde.

Dries Van Noten

Dries Van Noten/Photo Imaxtree
Dries Van Noten/Photo Imaxtree

Fluidité sera sans conteste le mot qui définira au mieux la nouvelle collection du créateur anversois. Qu’il s’agisse d’évoquer l’impression de confort et de douceur dégagée par les matières choisies que la manière dont l’homme qui les portera osera naviguer parmi elles et les combiner sans souci des conventions. Les couleurs s’en donnent à coeur joie et claquent de partout.

Dries Van Noten/Photo Imaxtree
Dries Van Noten/Photo Imaxtree

Les imprimés explorent tous les possibles, les fleurs bien sûr, certaines inspirées par les robes chères aux dames d’un certain âge, d’autres tirées de photos prises par l’artiste japonaise Mika Ninagawa mais aussi les motifs animaliers déjà aperçus en nombre à Milan, il faudra donc apprendre à apprivoiser la tendance.

Dries Van Noten/Photo Imaxtree
Dries Van Noten/Photo Imaxtree

Le tout saupoudré d’une touche supplémentaire de strass et paillettes, quand Dries Van Noten parle d’embellissement, ce n’est pas un vain mot.

Kris Van Assche pour Berluti

Berluti
Berluti

Pour sa deuxième collection présentée sur catwalk, Kris Van Assche poursuit son exploration minutieuse du patrimoine d’une marque désireuse de proposer une garde-robe aussi luxueuse que durable, en introduisant peu à peu de nouveaux codes plus audacieux. Des traits de fluo et d’orange acide viennent ponctuer les chaussures polies à l’ancienne et les sacs patinés.

Berluti
Berluti

Cet art de la patine justement fascine l’ex directeur artistique de Dior Homme qui s’en est même inspiré pour créer des imprimés exclusifs rappelant les tables de marbres tachées de couleurs vives telles qu’on peut les voir dans la manufacture historique de Ferrara. Fin observateur des moindres gestes des artisans des ateliers de fabrication des cuirs, le Belge ne cesse d’y voir des similitudes avec les savoir-faire des petites mains de la couture et entend bien raconter cette histoire à sa manière, en appliquant par exemple ce qui semble ressembler à des têtes d’épingles sur des vêtements et des accessoires.

Berluti
Berluti

De la même manière, un motif historique reproduisant des lettres calligraphiées tirées d’un manuscrit datant du 19ème et traditionnellement utilisé sur le cuir apparaît désormais aussi dans le vestiaire de l’homme Berluti qui entrouvre sa porte à la femme. Quelques silhouettes tout au plus, juste là pour faire rêver et apporter un petit supplément de beauté.

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