Courts toujours, ou pourquoi l’esthétique tenniscore séduit même ceux qui n’ont jamais tâté de la raquette
Après le rose Barbie, place au jaune fluo des balles de tennis et au blanc immaculé des tenues d’antan: la tendance tenniscore n’en finit en effet pas de gagner en popularité, même auprès de personnes n’ayant jamais mis les pieds sur un court.
Il n’y a pas si longtemps que ça, pourtant, on aurait pu croire que le tennis avait perdu le match. Alors que la folie padel s’emparait de la Belgique et de l’Europe, outre-Atlantique, on se prenait de passion pour le pickleball, ou « tennis léger », tandis que le racquetball, variante du squash adaptée à un terrain de handball gaélique, gagnait lui aussi du terrain.
Déjà, adeptes de ces nouveaux sports de raquette et médias l’affirmaient: c’en était fini du sport de Rafael Nadal et Steffi Graf, résolument rétrograde et remisé au placard au profit d’alternatives plus accessibles, tant financièrement que niveau règles à maîtriser. C’était toutefois sans compter sur l’avènement (et la pérennisation) de la tendance tenniscore.
Laquelle, comme son nom l’indique, reprend les codes de Wimbledon et Roland-Garros, du monochrome blanc relevé d’élégantes touches de vert foncé aux shorts et jupettes en passant par une interprétation très old money de la côte est des Etats-Unis de l’esthétique. Comprenez visières floquées, tennis bracelet pavé de diamants, bref, le look quiet luxury passé à la moulinette sportswear.
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Des courts au look de tous les jours
Et si cela fait déjà quelques mois que le petit monde de la mode se passionne pour le tenniscore, depuis la sortie du Challengers de Luca Guadagnino et les apparitions ultra premier degré (mais toujours impeccables) de son actrice principale, Zendaya, sur les tapis rouges, l’engouement n’a fait que gagner en puissance.
Talons aiguilles Loewe plantés dans une balle de tennis, robe de soirée Thom Browne au délicat motif de raquettes, version luxe de la traditionnelle robe de tennis blanche signée On ou encore fourreau Loewe sur laquelle se dessine l’ombre d’un joueur prêt à frapper la balle: chaque nouveau look de celle qui joue la championne déchue Tashi Duncan dans le film a fait l’effet d’un ace pour la tendance tennis.
Qui n’a toutefois pas attendu 2024 et le nouvel opus du réalisateur de Call Me By Your Name pour faire des adeptes.
Ainsi que le souligne notre responsable mode, Timon Van Mechelen, « le lien entre le tennis et la mode existe depuis très longtemps. Il suffit de penser à Stan Smith, René Lacoste ou encore Fred Perry, qui ont prêté leurs noms à des marques de vêtements et de chaussures. Mais la résurgence actuelle a commencé selon moi lors du défilé automne-hiver 2022 de Miu Miu, qui présentait plusieurs jupes plissées blanches ainsi que des polos. Peu après, des adeptes précoces de la tendance ont surgi pendant la Fashion Week dans des tenues sportives et d’un blanc immaculé, mais l’engouement d’aujourd’hui pour le tenniscore a aussi été aidé par le succès de l’esthétique #oldmoney et la tendance du « quiet luxury » sur TikTok ».
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En effet, « le tennis étant encore associé à l’image d’un « sport pour hommes blancs et riches », l’esthétique tenniscore s’inscrit parfaitement dans cette optique. Surtout depuis que Zendaya est apparue sur le tapis rouge dans une robe de tennis avec des chaussures à talons en forme de balles de tennis de Loewe. Pour moi, c’est l’élément final qui va permettre à cette esthétique inspirée des courts de vraiment percer auprès du grand public cet été » prédit-il.
Et Julie Geilenkirchen, mordue de mode suivie par plus de 15.000 followers sur son compte A cause des brunettes, de renchérir: « le tenniscore est très en vogue en ce moment en raison du lancement du film Challengers avec Zendaya, mais la tendance a déjà pris forme tranquillement l’année dernière grâce, entre autres, aux populaires baskets Samba que l’on peut trouver dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Cette chaussure reflète l’ambiance rétro et cool qui caractérise également le tenniscore. Sur les courts, ces dernières années, on a également vu des joueurs et des joueuses de tennis s’intéresser de plus en plus à leur tenue, et les contrats de sponsoring jouer un rôle toujours plus important, comme pour Lacoste et Roland-Garros, par exemple ».
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L’allure des tennis wives
Autre facteur facilitant?
La présence toujours plus remarquée des tennis wives, la réponse 2024 aux WAGs (soit « wives and girlfriends ») des footballeurs du tournant du millénaire, Victoria Beckham en tête. Désormais, on parlera plutôt de Morgan Riddle, compagne du joueur Taylor Fritz et parfaite incarnation du pendant old money de la tendance avec sa blondeur hitchockienne, mais aussi d’Hannah Dal Sasso, qui partage la vie de Thanasi Kokkinakis, Ayan Broomfield, petite copine de Frances Tiafoe et elle-même championne de tennis à l’université, sans oublier la star de ce microcosme épié et liké sur les réseaux: Paige Lorenze, tendre moitié de Tommy Paul et influenceuse aux près de 620.000 followers.
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Mais attention à ne pas confondre popularité en ligne et sur le court, car sur le circuit ATP, c’est bien Morgan Riddle qui règne. En couple avec Taylor Fritz depuis un match (ah!) fortuit sur l’application de rencontres ultra exclusive Raya il y a trois ans, la native du Minnesota a récemment été adoubée « femme la plus célèbre du tennis masculin » par le New York Times, rien que ça.
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L’occasion pour la jeune femme, suivie par plus de 700.000 personnes sur TikTok et aperçue dans Break Point, la série documentaire Netflix consacrée au tennis, de démontrer que le rôle de tennis wife va bien plus loin que le résumé qu’elle en avait fait dans une capsule vidéo vue à plus de 7 millions de vues.
Soit « quand vous sortez avec un joueur de tennis professionnel et que tout ce que vous faites, c’est voyager dans le monde entier, vous habiller joliment, boire du champagne et aller à Wimbledon ». De quoi attirer les clics et les commentaires, certes, mais ainsi que Morgan l’assure, son rôle ne se limite pas à ça, et celle qui a étudié la littérature anglaise à l’université d’aller jusqu’à affirmer qu’elle et les autres tennis wives contribueraient notamment à intéresser un public plus jeune et plus féminin à la discipline.
Il y a peu, « de nombreux créateurs de contenu se concentraient sur le tennis, les scores, les joueurs et l’un ou l’autre type au revers magnifique. Mais 50 % des fans de tennis sont des femmes. Elles aiment cet aspect du sport, mais elles aiment aussi tout ce qui l’entoure: elles veulent voir les tenues, les voyages, le style de vie » affirme encore Morgan Riddle. Qui n’est que trop contente de fournir ce contenu à ses abonnés.
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Quant à Paige Lorenze, elle, si elle a vu son nombre de followers monter en flèche après avoir abandonné le rythme effréné de New-York pour une vie bucolique à la campagne, c’est depuis qu’elle a commencé à sortir avec Tommy Paul, et à mettre en avant les coulisses des tournois, mais aussi des tenues qu’elle y arbore, qu’elle est devenue une célébrité à part entière.
Lancée pour surfer sur le succès de sa nouvelle vie champêtre, sa marque de vêtements et accessoires, Dairy Boy, a récemment sorti une collection exclusive dédiée au tennis, tandis que Paige a conclu des partenariats avec Prada ainsi que le géant du shopping en ligne de luxe Farfetch.
« Le fait d’assister à tous ces matches m’a donné envie de travailler avec des marques de mode et de m’habiller pour les rencontres de tennis, pour montrer qu’on peut faire les deux. J’adore être à l’extérieur et faire du sport, mais j’aime aussi être tendance. Je ne m’habillerais pas ainsi si ce n’était pas pour le tennis et j’en suis reconnaissante: cela m’a inspiré une passion pour l’intersection entre le sport et la mode » déclarait il y a peu à l’édition américaine de Forbes celle dont l’uniforme est désormais constitué de jupettes, polos ajustés et autres accessoires pastel, le tout, surmonté d’une queue de cheval impeccable ou d’un noeud dans les cheveux.
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Jeu, set et match
Mais si on ne partage pas la vie d’un·e pro du tennis, comment adopter le look sans avoir l’air d’être de retour d’une séance de sport, ou pire, sembler déguisé·e?
« C’est une tendance facile à porter, tant pour les femmes que pour les hommes, et qui convient à toutes les morphologies » assure Timon Van Mechelen. « En témoigne le couple formé par Jackie Skye Muller et Marlon Muller, qui ont lancé la marque Recreational Habits pour donner accès aux minorités à l’univers exclusif de l’élite BCBG et à ses hobbies, parce que tout le monde, quelle que soit sa couleur de peau ou son niveau financier, devrait pouvoir découvrir les joies du tennis, de l’équitation ou du golf. On trouve également d’innombrables polos et jupes plissées dans toutes les longueurs et tailles dans les magasins d’occasion, ainsi que dans les collections abordables de Jonathan Anderson et Roger Federer pour Uniqlo. Je pense qu’il suffit d’avoir suffisamment confiance en soi pour le porter. Mon inspiration ultime : le film Match Point de Woody Allen ».
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Attention toutefois, car comme l’épingle Julie Geilenkirchen, qui quand elle ne poste pas ses tenues impeccables, travaille pour le bureau de presse oona, et est donc aux premières lignes pour voir comment les marques l’interprètent, le tenniscore n’est pas sans revers.
« La tendance est-elle inclusive? Non. Beaucoup ne se sentiront pas à l’aise en portant sa micro-jupe plissée phare (moi y compris). Par contre, cette tendance est-elle facile à adopter ? Je dirais que oui. La micro-jupe en question se trouve très rapidement dans votre magasin de sport local, mais aussi dans les collections de Miu Miu ou, un peu plus accessible, sur Zalando, notamment chez Dickies. Elle est facile à associer avec les pulls grand-père de Lacoste ou si vous voulez vous faciliter la tâche, vous pouvez simplement vous présenter avec un look complet de la collection Wimbledon de Polo Ralph Lauren ».
Et si, engouement oblige, l’Anversoise ne compte pas résister à cette esthétique désormais omniprésente, elle est toutefois bien décidée à l’adopter « à ma façon. Je ne suis pas une adepte du look preppy: donnez-moi plutôt une jupe plissée assortie à un pull surdimensionné ou bien à une chemise XXL. Si c’est un ensemble coordonné, c’est déjà plus conforme à mon style, qui est un peu plus garçon manqué ».
C’est que sur les courts comme à la ville, l’allure tennis se prête à (presque) toutes les fantaisies, qu’il s’agisse d’adopter le look blanc de blanc associé aux tennis(wo)men d’antan ou bien d’opter pour une approche plus osée à la Serena Williams. Pas de hors-jeu, donc, la seule règle est de s’amuser, et du reste, à chacun et chacune de jouer.
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