Qui est Rami Al Ali, le 1er couturier syrien à défiler à la Fashion Week de Paris

Rami Al Ali, photographié à Paris en 2019 - Getty Images
Rami Al Ali, photographié à Paris en 2019 - Getty Images
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Outre son optimisme pour l’avenir de son pays ravagé par la guerre, Rami Al Ali a d’autres raisons de se réjouir: il devient ce jeudi 10 juillet le premier couturier syrien à défiler pendant la semaine de la haute couture de Paris.

Cette invitation à figurer sur la scène de la mode mondiale est une consécration pour ce styliste de 53 ans, originaire de Deir ez-Zor, à l’est du pays, qui s’est tourné vers la création après une enfance passée à admirer les dessins de son père architecte. Après avoir habillé des célébrités comme Helen Mirren, Beyoncé ou encore des membres de la royauté du Moyen-Orient, il côtoie les plus grands noms de l’industrie. « Je suis nerveux, excité, fatigué, heureux », a-t-il confié à l’AFP, à la veille de son premier défilé au calendrier officiel. « C’est un mélange de sentiments très intenses. » Après avoir étudié à Damas, Rami Al Ali est parti à Dubaï à la recherche d’opportunités.

Il travaille d’abord pour deux marques locales, avant de lancer sa griffe éponyme en 2001. Il développe une clientèle fidèle aux Émirats arabes unis, puis séduit l’Europe avec des présentations à Paris, en marge du calendrier officiel dès 2012. Et son invitation cette année par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode l’intègre à une élite créative de plus en plus diversifiée.

« C’est vraiment une grande reconnaissance… d’être reconnu, certifié, approuvé », explique-t-il.

Le créateur camerounais Imane Ayissi, seul représentant d’Afrique subsaharienne à la semaine de la couture en tant qu’invité, a salué cette ouverture. « Ça montre que les choses changent, que ça avance », s’est-il réjoui auprès de l’AFP cette semaine.

Rami Al Ali, inspiré par son héritage syrien

La nouvelle collection haute couture de Rami Al Ali, qui propose aussi deux lignes de prêt-à-porter par an, puise dans son héritage syrien. Il a notamment collaboré avec le Conseil de l’artisanat syrien. « Je me suis construit à partir de mes origines, de mon passé, des endroits où j’ai vécu, notamment au Moyen-Orient, à Dubaï. Tout cela combiné a donné naissance à la forme et à l’ADN de la marque », analyse-t-il.

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Influencé par sa mère historienne, qui lui a transmis son amour des traditions, le couturier s’inspire notamment de l’esthétique des villes de Damas, Alep et Palmyre.

« On ne les trouve nulle part ailleurs, et c’est ce que j’essaie de faire revivre autant que possible à chaque fois », poursuit-il.

L’une des robes présentée jeudi arbore ainsi des motifs sculpturaux complexes, réalisés à partir de crêpe blanc cassé roulé et cousu à la main, un travail d’environ 300 heures.

« Gardien de la lumière »

Au-delà des podiums et des paillettes, le styliste soutient les artistes syriens, alors que la guerre civile ravage le pays depuis près de 14 ans, à travers une initiative caritative appelée Ard Dyar. La chute du président Bachar al-Assad en décembre dernier et l’arrivée au pouvoir du chef rebelle devenu président par intérim, Ahmed al-Chareh, nourrissent aujourd’hui son espoir.

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« Nous avons appelé la collection ‘Gardien de la lumière’, et elle arrive à un moment très prometteur, plein d’espoir », confie Rami Al Ali. « Je pense que de grandes choses vont bientôt voir le jour. »

Après des décennies où la Syrie a été synonyme de violence et de répression, il espère que les artistes contribueront à faire rayonner son histoire et son identité. « Je pense qu’aujourd’hui, nous avons beaucoup plus de liberté pour nous exprimer, que ce soit politiquement, humainement ou créativement. Nous avons beaucoup à dire, et surtout, nous avons gagné en audace et en courage pour le dire », conclut-il.

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