Soeur, amie, nièce ou cliente fidèle: elles sont les muses des marques belges

De gauche à droite: Marie, Ellen et Roos. © ALEXANDER POPELIER
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Egéries, muses ou clientes inconditionnelles, certaines femmes incarnent à merveille l’esprit de leur label fétiche, jusqu’à devenir une source d’inspiration pour leurs créateurs de prédilection. Rencontres avec ces icônes à l’allure folle.

Rosie – Ellen, Marie et Roos Martens

Comme les trois mousquetaires, qui étaient quatre, le duo formé par Ellen et Marie Martens, à l’origine du jeune label anversois Rosie, ne serait rien sans leur cadette, Roos. C’est que, non contente d’avoir prêté son nom à la griffe lancée par ses soeurs aînées, Roos alias Rosie en est aussi l’inspiration première. « Roos a toujours été notre muse. Elle est la définition même de cette allure folle à l’élégance décontractée que tout le monde essaie de copier, sauf que pour elle, c’est naturel. Elle rend le moindre vêtement ou accessoire qu’elle porte irrésistible. C’est cette fille cool que vous voyez dans la rue et à qui vous avez envie de demander où elle a trouvé son sac ou sa veste. On l’admire énormément toutes les deux », sourit Ellen qui, après avoir rejoint le business paternel tandis que Marie effectuait un stage chez Dries Van Noten, a réalisé que la créativité de l’une et le sens des affaires de l’autre étaient le mélange parfait pour lancer une marque en duo. « Quand on a dit à Roos qu’on voulait qu’elle soit le nom et le visage de notre marque, elle a été super excitée. On est une famille très soudée, on passe énormément de temps ensemble, et donc c’était logique pour nous de l’inclure dans cette nouvelle aventure. » Et d’ajouter dans un éclat de rire que, pour compenser sa culpabilité de ne pas avoir inclus leur frère au projet, Marie a donné son nom au chien qu’elle a adopté en refuge.

« Roos n’a que 17 ans, donc son style est encore appelé à changer, ce qui veut dire que la manière dont on s’inspire d’elle va aussi changer », ajoute Ellen, qui reste toutefois convaincue que sa cadette sera toujours leur muse. Même si elle n’est pas l’unique membre de la famille à pouvoir se targuer d’avoir posé sa patte sur le label de Marie et Ellen: le chat et le chien de chacune ont eu droit à une apparition sur deux modèles de pulls. « Au-delà du style de Roos, l’ADN de notre marque est un mélange de l’excentricité de Marie et de mon allure plutôt intemporelle, un mix auquel on pense que chaque femme aspire quand elle s’habille le matin. C’est l’élégance, mais sans donner l’impression d’avoir trop peiné pour y arriver », dit encore l’Anversoise au sujet de leur toute jeune marque, composée de basiques unisexes et de prêt-à-porter féminin. Et d’ajouter que « Roos est encore jeune, mais qui sait, peut-être que quand elle aura fini ses études, elle rejoindra la sisters’ team! »

Marie-Charlotte (à gauche) et Edouard (à droite) Vermeulen.
Marie-Charlotte (à gauche) et Edouard (à droite) Vermeulen.© ALEXANDER POPELIER

Natan – Edouard et Marie-Charlotte Vermeulen

La « femme Natan » est, pour Edouard Vermeulen, une « femme active, qui sort, et pas uniquement lors de mondanités, qui a de l’allure ». Un peu comme sa mère, dont il a toujours admiré l’élégance. « Nous habitions à Ypres et le mercredi, nous allions à Lille. C’était le début du prêt-à-porter et on y trouvait alors beaucoup plus de boutiques qu’à Bruxelles. Maman portait du Courrèges, des petites robes avec la veste assortie, le genre de tenues qui sont un peu passées de mode aujourd’hui, mais qui m’ont inspiré pendant longtemps et qui font encore partie de l’ADN de la maison Natan. Même si je suis bien content que désormais, ce soit le casual chic qui prime », confie celui qui cite aussi Jackie Kennedy, Marella Agnelli ou encore Audrey Hepburn parmi ses icônes de mode, « des femmes qui ont porté les vêtements d’une manière qui reste toujours actuelle de nos jours ».

Et pour continuer de traduire au mieux l’élégance de l’époque par ses vêtements, Edouard Vermeulen compte aujourd’hui sur sa nièce, Marie-Charlotte, qui l’a rejoint chez Natan après être passée par le Vogue britannique ainsi que chez Net-à-Porter. Si sa collaboratrice Caroline Van Thillo est « plus proche de notre clientèle, et donc une forme de muse » pour le couturier, il voit toutefois en Marie-Charlotte une source d’inspiration « de par la manière qu’elle a d’envisager la mode ». « Elle a une élégance innée. Elle est plus branchée que nous, mais elle nous fait des clins d’oeil en portant nos vêtements de manière décalée, sourit Edouard Vermeulen. Peu importe qu’elle soit en talons ou en baskets, elle apporte beaucoup de soin à ses tenues et elle a l’art de sublimer le moindre vêtement. » A commencer par ceux de son oncle, qui souligne avec fierté que Marie-Charlotte incarne la meilleure publicité possible pour ses créations, « parce que quoi qu’elle porte, elle aiguise l’envie des autres femmes présentes de s’approprier la pièce en question ».

Une fascination que le créateur attribue notamment à « l’audace de la jeunesse ». Non qu’il prêche pour une forme de jeunisme fashion, au contraire: « La réalité c’est qu’aujourd’hui, on ne peut plus se limiter à créer avec une seule cliente en tête. Il faut bien sûr avoir un ADN propre, mais proposer des vêtements qui peuvent être portés de 30 à 70 ans, d’une taille 38 à une taille 44… Je trouverais ça discriminatoire de proposer des robes qui ne flattent pas toutes les morphologies ». D’autant qu’Edouard Vermeulen n’aime rien tant que d’habiller « une femme contemporaine qui aime la mode sans en être victime. Le but du couturier n’est pas d’être reconnu, mais de mettre la femme en valeur. » Une mission dans laquelle il peut compter sur le soutien de Marie-Charlotte, qui collabore aujourd’hui aux relations clients de la maison de couture bruxelloise, mais aussi à la conception d’accessoires. Pérennisant ainsi la vision de son oncle: « L’élégance tient plus de la femme que du vêtement, ce qu’elle porte n’est qu’un support. »

Virginie Morobé (à gauche) et Julie Deaulmerie (à droite).
Virginie Morobé (à gauche) et Julie Deaulmerie (à droite).© ALEXANDER POPELIER

Morobé – Virginie Morobé et Julie Deaulmerie

Quand on demande à Virginie Morobé si Julie Deaulmerie était une amie avant d’être une cliente fidèle de sa marque de chaussures, elle répond d’abord que oui, sans hésiter. Avant de réaliser que celle qui se cache derrière la marque de bijoux Billion Avenue était déjà une inconditionnelle de ses escarpins avant de la rencontrer. « C’est un ami de mon mari et moi qui nous l’a présentée, et on a directement accroché. Maintenant que j’y pense, elle portait déjà du Morobé avant qu’on se rencontre« , sourit Virginie. Et ce n’est pas étonnant car si elle est devenue si proche de Julie, et si cette dernière est si fidèle aux souliers siglés de sa marque, c’est parce que Julie est l’incarnation même de la femme à qui Virginie pense en créant.

« En tant que femme, on joue mille rôles différents en une journée, et c’est important d’avoir des chaussures qui puissent nous suivre partout. Avec ou sans talon, les modèles Morobé se distinguent par leur élégance à la fois intemporelle et visionnaire. Mes clientes sont des femmes à la personnalité et au style très affirmés, à l’image de Julie. Julie ne suit pas les tendances et a une allure unique. Elle a une vision très nette de la manière dont elle veut s’habiller et du visage qu’elle veut montrer. C’est incroyablement inspirant. La femme Morobé est très féminine, elle a une vision précise de ce qui lui plaît. Elle veut qu’on la remarque . »

‘Quand Julie achète une paire de chaussures Morobé, je sais que c’est parce qu’elles lui plaisent vraiment.’

Et si Virginie se réjouit de voir son amie porter ses créations, Julie reste « une cliente comme les autres »: « Nous avons une politique très stricte sur les cadeaux. On reste une entreprise avant tout et si je devais offrir des chaussures à toutes mes amies, ce serait impossible financièrement. D’ailleurs, Julie ne me le demande pas, tout comme quand je craque pour un bijou Billion Avenue, je le paie. C’est la plus belle marque de soutien qu’on peut s’apporter en tant qu’amies, une manière de montrer qu’on est fière de ce que l’autre entreprend et qu’on veut l’encourager. » Et Virginie d’ajouter qu’il s’agit là d’un témoignage d’amitié « beaucoup plus profond que si je lui offrais des modèles ». « Quand Julie achète une paire de chaussures Morobé, je sais que c’est parce qu’elles lui plaisent vraiment. » Tout comme pour ses autres clientes: « J’ai la chance d’avoir une clientèle fidèle, qui trouve chaque saison un nouveau modèle à ajouter à sa collection. Je n’aurais jamais osé rêver bénéficier d’un tel soutien. J’ai beau avoir lancé ma marque il y a des années, quand je vois une femme qui porte mes chaussures, ça fait toujours battre mon coeur plus vite. Surtout que les femmes qui se chaussent chez Morobé sont toutes des femmes bien habillées et sûres d’elles: ça fait incroyablement plaisir à voir en tant que créatrice. »

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