Valentine Witmeur met fin à sa marque après 10 ans: « La réalité de la mode est bien différente de l’image de rêve qu’elle renvoie »

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© Laetitia Bica
Anne-Françoise Moyson

La Bruxelloise Valentine Witmeur a décidé d’arrêter sa marque éponyme. « La réalité du secteur de la mode est bien différente de l’image “de rêve” qu’elle renvoie (…) chaque avancée demande des ressources colossales, une patience infinie et une endurance à toute épreuve », peut-on lire sur Instagram. Le Vif Weekend a demandé à la jeune entrepreneuse, également cofondatrice de la marque de maillots Rhodée, de nous faire part de ses réflexions.

Je vois toujours le verre à moitié plein. Je suis positive. Et j’adore voir la vie de cette manière-là, je ne broie jamais du noir. Je ne sais si c’est une force de caractère mais c’est l’un des traits de ma personnalité. Je veux que les choses avancent. Et je fais tout très vite, la preuve, mon débit de paroles! Mais je ne suis pas stressée, pas du tout, et si j’en ai l’air, c’est juste parce que je suis speed.

On n’a rien sans rien. J’ai été élevée dans une famille qui aime le boulot. Il fallait se lever tôt pour bosser. Mon père dirigeait une grosse agence de pub, mon beau-père était pilote et avait une concession automobile… J’ai cette passion par mon éducation, et mes frères et sœurs aussi, on a une rage du travail et de l’entrepreneuriat. Ce qui me définit donc aujourd’hui, c’est mon métier.

La mode, c’est sexy sur papier. Cela fait rêver. Mais l’envers du décor l’est moins. C’est un métier très dur et un secteur très compliqué. La plus grande difficulté est de parvenir à tenir. Valentine Witmeur Lab fête ses 10 ans, on peut dire que nous sommes résilients. Je cherche aujourd’hui des investisseurs, je veux réussir à en faire un vrai business, pouvoir engager une belle équipe mais le financement des collections coûte un bras et les enjeux sont énormes… Si c’était à refaire, je ne le referais pas. Parce que c’est trop dur et que demain est trop incertain. J’espère que cela ne sonne pas trop pessimiste.

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Avoir un enfant chamboule la vie. C’est du moins ce que l’on prétend mais je ne peux pas dire que la mienne a été bouleversée: j’ai gardé ma hargne du boulot. Même si c’est vrai que ma fille Zhor est désormais ma priorité… Je me rends compte que les moments de qualité sont terriblement importants et que ce sont souvent ceux que je vis avec elle.

J’ai fait une PMA. Et je trouve que la procréation médicalement assistée ne devrait pas être tabou. Je l’ai vécue positivement parce que j’étais médicalement très bien entourée et que c’était la méthode soft, avant la FIV. Je tiens donc à prendre des pincettes, je sais qu’il y a tant de personnes pour qui c’est très dur. Je ne peux parler que de mon ressenti. Et je veux le partager car je constate que beaucoup de femmes y sont confrontées – j’ai réussi à booster plusieurs copines qui n’osaient même pas prendre un premier rendez-vous.

«Je suis hyper confortable avec l’idée de faire des erreurs.»

La Belgique a du talent. Je suis une fan de mon pays. La créativité y est remarquable. Le nombre de Belges qui sont à la tête de grandes maisons de mode, c’est hallucinant, de Raf Simons chez Prada à Pieter Mulier chez Alaïa, Anthony Vaccarello chez Saint Laurent ou Glenn Martens chez Maison Margiela, sans oublier Façon Jacmin, Marie Adam-Leenaerdt et Ester Manas. On a une aura incroyable. Et nos écoles ont formé les plus grands designers. Ce si petit pays, qu’on voudrait scinder en deux voire en trois, a un tel rayonnement à l’international. Je suis patriote à mort.

Je ne suis pas activiste. Ni militante. Je ne descends pas dans la rue pour crier mon opinion, parce que j’ai l’impression que ce n’est pas ma place et que d’autres font ça beaucoup mieux que moi. Si je voulais être vraiment écologiste, j’arrêterais ma marque, j’arrêterais de produire des vêtements, il y en a déjà assez… Je sais, je vis une contradiction. Alors je mets des choses en place, notamment avec le Made in Europe, puisqu’on travaille avec des ateliers familiaux au Portugal. J’essaie de faire les choses bien. Et à ma petite échelle, je tente de consommer mieux.

L’échec n’est pas négatif. Et si, demain, ma marque devait s’arrêter, je ne le verrais d’ailleurs pas comme un échec. Je n’en ai pas du tout une vision négative: je vois toujours ce qu’on a réussi à accomplir, pas ce que l’on a raté. Je suis donc hyper confortable avec l’idée de faire des erreurs. J’ai un peu le mindset américain, il n’y a pas vraiment d’échec, juste de l’apprentissage. Et puis life goes on.

valentinewitmeurlab.com

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