Walter Van Beirendonck: ‘comme un criminel sans bracelet électronique’

© Belga

‘Je me sens comme un criminel à qui on n’aurait pas posé de bracelet électronique’. Walter Van Beirendonck prend enfin réellement la parole. C’est la première fois, depuis la fermeture de sa boutique anversoise et le dépôt de bilan de son sprl. ‘Les grands noms du monde de la mode sont abattus les uns après les autres,’ confie le styliste belge.

‘C’est la première fois que j’arrive à en parler sans pleurer’ : Walter Van Beirendonck a ouvert son coeur. ‘J’avais l’impression que les gens me regardaient comme un lépreux,’ a précisé le styliste aux journalistes du quotidien ‘De Morgen’. ‘En rue, on me regarde comme si j’étais un fantôme. Les gens me dévisagent tant et si bien qu’ils en feraient un accident: regardez, c’est l’homme qui a fait faillite.’

Dépôt de bilan
Flashback. Il y a quelques mois, Walter Van Beirendonck était contraint de fermer les portes de sa boutique anversoise, W.A.L.T.E.R., à cause d’un différent de loyer. La sentence rendue ensuite par le tribunal fut sans appel : le styliste devait déposer 80.000 € sur la table sans délai. ‘Je n’en avais pas les moyens et je ne voulais pas les avoir,’ livre Walter Van Beirendonck. Par conséquent, un huissier de justice débarqua bientôt à la boutique pour tout inscrire. ‘Il n’y avait plus rien à faire, si ce n’était de déposer le bilan de la sprl W.’

Sentiment d’impuissance C’est à partir de ce moment précis que Walter Van Beirendonck entama sa traversée des enfers. ‘Impuissant, terrorisé, regardé comme un fantôme’ : c’est en ces termes que le styliste décrit son état d’esprit de ces trois derniers mois dans les pages du ‘Standaard’. ‘Je me sens comme un criminel à qui on n’aurait pas posé de bracelet électronique.’

Curiosité médiatique
‘Je ne fais plus confiance aux médias,’ confie Walter Van Beirendonck. ‘A un moment donné, j’ai reçu le coup de fil d’un journaliste du Nieuwblad. Je n’avais pas envie de faire la conversation. Ce qui s’est passé ensuite est hallucinant : le journaliste s’est mis à fouiner dans notre comptabilité annuelle. Le lendemain, le journal titrait ‘Walter Van Beirendonck a fait faillite’. Ma banque a immédiatement clôturé tous les comptes, mes crédits de caisse ont été annulés et ma garantie bloquée. Je n’ai pas encore pu réutiliser mes cartes de paiement. Dans des moments pareils, on perd confiance.’

La mode actuelle

‘Les emblèmes du monde de la mode sont abattus un à un’, confie Walter Van Beirendonck. ‘Alexander McQueen était un créateur sublime, plein d’énergie, qui vivait pour son métier. Que dis-je ? Qui est mort pour son métier. Galliano aussi a été achevé.’

Même privé de sa boutique anversoise, Walter Van Beirendonck continuera à créer. Pour lui-même d’abord, mais également pour des promoteurs canadiens et japonais, pour JBC. Sans oublier Amnesty International.

‘J’ai changé en tant que personne,’ confie le styliste. ‘J’ai renoncé à faire quoi que ce soit pour la bonne cause, à resurgir sans cesse et à être constamment à l’écoute. J’ai bien l’impression que tout cela m’est un peu passé.’

EE

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