Christophe Coppens, le styliste devenu metteur en scène d’opéra

© JOAO SANTOS

Il a eu une vie antérieure, durant plus de vingt ans, faite de mode, de chapeaux et d’accessoires. Le voici aujourd’hui au service de l’art lyrique. L’artiste prolifique signe sa troisième mise en scène à l’opéra royal de La Monnaie. Avec Norma de Vincenzo Bellini, Christophe Coppens entre allègrement dans la maturité.

Est-ce parce que l’opéra vous fait pleurer, trembler et mourir par le chant, pour paraphraser Bellini, que vous signez votre troisième mise en scène pour La Monnaie?

En réalité, c’est le seul endroit où, avec une certaine fluidité, tout se rassemble pour moi, toutes les expériences que j’ai vécues, les rencontres que j’ai faites. C’est comme si ma vie dans la mode, ce détour de vingt-et-un ans, mes présentations, mes collections, mes expos étaient aussi une forme d’opéra, que j’ai dû faire ce chemin-là, que tout se préparait pour un âge plus mûr. Et c’est grâce à Peter de Caluwe, le directeur de La Monnaie, qui a pu voir sous toutes mes couches, juste en m’écoutant et en regardant mon travail et qui a eu l’audace de me demander de mettre en scène un premier opéra, Foxie!, en 2017.

Vous pensez à la fois la scénographie, les costumes et les décors. Ne concevez-vous d’embrasser un opéra qu’entièrement ou presque?

Contrairement à l’art, qui est une autre passion, et même une nécessité, mais qui n’est pas forcément agréable – il y a toujours une friction, surtout quand on veut accomplir un travail profond -, l’opéra est un plaisir. J’adore chaque moment, de la première écoute de l’oeuvre aux conversations avec le dramaturge, des premiers croquis aux réunions avec les artisans et puis les répétitions avec les chanteurs, le maestro et l’orchestre, c’est si riche. Et l’intensité me va très bien, j’aime le fait que ce soit tellement court ; il n’y a qu’un mois et demi entre la première répétition et la première représentation. Je vis et respire alors uniquement pour l’opéra. Il n’y a pas d’espace pour autre chose, pas d’autres musiques, pas d’autres rencontres.

Christophe Coppens, le styliste devenu metteur en scène d'opéra
© HUGO SEGERS

Presque 200 ans séparent votre Norma de sa création à La Scala. En quoi cette histoire et cette femme puissante et piégée sont-elles encore d’actualité?

Tout est dans la musique, et cette actualité s’en dégage, il suffit de fermer les yeux et d’écouter, avant même de lire le livret. On constate que le choeur adopte une posture agressive, j’ai donc créé un environnement fermé, dur, opposé aux Lumières. Norma fait partie de cet environnement et de cette communauté, c’est une femme aux multiples facettes: une fille, une mère, une amante rejetée. Mais finalement, le plus important dans cette histoire, c’est le triangle amoureux. Je déteste la modernité pour la modernité, toutes les idées de la mise en scène sont donc au service de l’oeuvre: cette scénographie sèche et brutale, c’est l’oeuvre qui la demande. Et je voulais apporter un côté très humain, voir des personnages sur scène auxquels on peut s’identifier, dans un environnement froid, terrifiant pour une musique pure et de vraies émotions.

A La Monnaie, à 1000 Bruxelles, lamonnaie.be Du 12 au 31 décembre.

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