Delphine Kindermans

Femmes au pouvoir: la bataille des invisibles

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

« Tant dans la réalité qu’à l’écran, et malgré quelques mécanismes mis en place pour y remédier, la faible présence féminine dans les sphères du pouvoir reste une évidence. Parce qu’elles sont trop peu nombreuses à tenir la caméra, la plume ou le micro? Sans aucun doute. »

Le biopic a le vent en poupe, a fortiori quand il s’agit pour le cinéma d’évoquer des destins politiques. C’est qu’on y trouve un vivier quasi inépuisable de parcours fascinants, au point que certains dépassent ce que les scénaristes oseraient coucher sur papier s’ils avaient à inventer leurs personnages. Pourtant, tant dans la réalité qu’à l’écran, et malgré quelques mécanismes mis en place pour y remédier, la faible présence féminine dans les sphères du pouvoir reste une évidence. Parce qu’elles sont trop peu nombreuses à tenir la caméra, la plume ou le micro? Sans aucun doute. Parce qu’on les voit trop peu participer au débat public, et qu’elles s’y font plus rares encore en tant qu’expertes et non victimes? Certainement. Ce n’est pas pour rien que la RTBF lance, ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, une plate-forme dédiée à la réflexion sur l’égalité entre les genres. Réfutant le qualificatif de canal militant, Safia Kessas, sa responsable, confiait dans la récente édition de Journalistes, le mensuel s’adressant à la profession, vouloir « des contributrices externes qui sortent d’un regard formaté, des regards multiples sur la société ». Selon le Projet mondial de monitoring des médias (GMMP), étude comparant, à intervalles de cinq ans, la place des femmes dans l’info, celles-ci ne représentaient toujours « que 24% des personnes vues, lues ou entendues » lors du dernier recensement, en 2015… soit un contingent sensiblement identique à celui de 2010. Et la Belgique ne tire malheureusement pas son épingle du jeu.

Tant dans la ru0026#xE9;alitu0026#xE9; qu’u0026#xE0; l’u0026#xE9;cran, et malgru0026#xE9; quelques mu0026#xE9;canismes mis en place pour y remu0026#xE9;dier, la faible pru0026#xE9;sence fu0026#xE9;minine dans les sphu0026#xE8;res du pouvoir reste une u0026#xE9;vidence.

De son côté, la conseillère en diversité de la radio-télévision francophone tape sur le clou: « Le besoin était assez évident (…), les questions en la matière sont récurrentes, ce n’est pas un effet de mode ». Un constat partagé par plusieurs associations de défense de la cause, qui rappellent que l’affaire Weinstein ou le phénomène #metoo ont seulement mis en lumière un état de fait tu par le passé. Et insistant, elles aussi, sur l’importance de role models dont la visibilité et la prise de parole puissent lever des verrous pour susciter des vocations.

Pour toutes ces raisons, Une femme d’exception (On the basis of sex, en VO) actuellement en salles et retraçant le combat mené, dès les années 50, par Ruth Bader Ginsburg pour se hisser jusqu’aux hautes strates de la justice américaine, est remarquable. Car au-delà de la carrière d’exception, c’est l’engagement de celle qui devint la première juge à la cour suprême américaine pour s’imposer dans un univers machiste qui est ici mis en évidence par la réalisatrice Mimi Leder. A l’heure où Brett Kavanaugh vient d’être nommé auprès de la même institution en dépit des accusations d’agressions sexuelles portées contre lui, sa bataille n’a rien perdu de son actualité.

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