Le photographe Michael Kenna, maître du paysage, dévoile une série de nus

Michael Kenna © AFP

Michael Kenna, photographe anglais maître du paysage en noir et blanc, s’apprête à dévoiler à l’occasion de la foire Paris Photo « Rafu », une série inédite de nus féminins réalisés au Japon. « J’approche un nu comme un paysage, avec respect et admiration. »

A 65 ans, le photographe célèbre pour ses images de paysages minimalistes, où l’humain brille toujours par son absence, exposera pour la première fois une sélection de ses nus sur le stand de sa galerie parisienne « Camera Obscura » à Paris Photo du 8 au 11 novembre.

Michael Kenna
Michael Kenna© AFP

« Mon intérêt pour le nu en photographie remonte à mes années d’études au London College of Printing » dans les années 70, déclare-t-il à l’AFP. Son projet photographique de l’époque était en couleurs et portait sur le corps en mouvement.

Depuis, il n’avait plus réalisé « d’études de nu aussi concentrées » jusqu’à cette série en noir et blanc intitulée « Rafu », qui signifie « femme dénudée » en japonais, et qui fera l’objet d’un livre à paraître fin novembre (Ed. Nazraeli Press).

– « La possibilité d’une image » –

« Cela faisait trente ans que je me rendais régulièrement au Japon pour y photographier des paysages, poursuit-il, « là-bas, en 2008, j’ai recommencé à faire des nus jusqu’en 2017. »

Il en a réalisé des milliers. Les Japonaises, qui ont pris pour lui la pose sont « des amies ou des relations d’amis », employées de bureau, danseuses, actrices, photographes. « Elles voulaient goûter à la sensation de nudité devant un appareil photographique », dit-il, saluant au passage « la confiance » qu’elles lui ont accordée.

Les images sont très épurées, dénuées d’érotisme, en plans serrés sur certaines parties du corps. « Aucune des modèles n’était professionnelle », souligne-t-il, »certaines se sont d’ailleurs laissé photographier nues pour la première fois ».

Face au paysage, il se dit « à l’affût d’une résonance », trouve que « ce n’est pas tellement différent quand je photographie un nu ». Il cherche « les caractéristiques individuelles dans les corps, leur silhouette, leur unicité ».

Michael Kenna autorise les modèles à « s’exprimer » en trouvant des poses et des angles intéressants. « Certaines ont besoin de direction, d’autres sont contentes de bouger comme elles le souhaitent et je les interromps quand j’entrevois la possibilité d’une image ».

Michael Kenna
Michael Kenna© AFP

– Rétrospective à Tokyo –

« J’ai travaillé dans des lieux très variés, des maisons, restaurants, fabriques de saké, partout où je trouvais des traces du Japon traditionnel », explique-t-il. Il réalise lui-même tous ses tirages argentiques, dans sa chambre noire, chez lui à Seattle, où il vit depuis 1977.

« Le corps humain est absolument extraordinaire et, de mille façons, constitue un étonnant miracle », dit-il, précisant qu’il souhaiterait aussi photographier des corps masculins. La représentation du nu a une histoire d’une richesse exceptionnelle dans tous les Beaux-Arts.

Sa série « Rafu » n’ajoutera « peut-être rien ou pas grand-chose à l’immensité des trésors de l’Art, et peu importe », dit-il, content de marquer une « bifurcation » sur son cheminement personnel.

Le Tokyo Photographic Art Museum, au Japon lui consacrera une rétrospective « A 45 year Odyssey (1973 -2018) » du 1er décembre au 27 janvier 2019. Une grande exposition est également en préparation au Musée Guimet, à Paris.

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