Marie-Antoinette avait-elle un amant ?

Des scientifiques sont parvenus à décrypter des passages raturés de la correspondance entre Marie-Antoinette et un « homme qui lui était cher », le comte de Fersen. De quoi lever un coin de voile sur un des nombreux mystères qui entourent encore la reine guillotinée ?

Le décryptage de la correspondance entre Marie-Antoinette et un homme qui lui était cher, le comte de Fersen, a permis de révéler une partie de ses secrets selon une étude publiée dans une revue scientifique américaine.

Le Suédois Axel von Fersen, né en 1755 comme Marie-Antoinette, fréquente la cour de Louis XVI à partir de 1778, et devient l’un des proches de la reine de France. Il la soutient avec ferveur après la Révolution de 1789. Marie-Antoinette est alors exilée du château de Versailles à Paris, où elle est assignée à résidence avec son mari au palais des Tuileries, ce qui ne l’empêche pas d’entretenir une correspondance enfiévrée, mais secrète avec son tendre ami et amant présumé, le comte suédois Axel von Fersen.

Axel de Fersen
Axel de Fersen© Getty

Ces lettres ont refait surface en 1877, en Suède. Un certain baron Rudolf Maurits von Klinckowström annonce la publication d’une soixantaine de lettres qu’aurait échangées son grand-oncle, le comte Axel de Fersen, avec la reine, entre juin 1791 et août 1792. Le conte sera un fidèle parmis les fidèles et sera l’un des organisateurs en 1791 de la fuite manquée du couple royal, arrêté à Varennes. Le 13 février 1792, il parviendra à rencontrer secrètement, aux Tuileries, le couple royal et même à passer la nuit au palais. Ce sera la dernière fois qu’il va rencontrer sa reine.

Elle est guillotinée à Paris en 1793, et lui massacrée par une foule hostile à Stockholm en 1810.

Marie-Antoinette avait-elle un amant ?
© RMN-GRAND PALAIS/GÉRARD BLOT

Jusqu’à présent, on ne savait pas exactement ce que Marie-Antoinette avait écrit dans les lettres puisque de larges passages de lettres avaient été rendus illisibles par un censeur inconnu qui avaient ajouté ratures ou réécrit des passages. Les modifications apportées à cette correspondance ont laissé les historiens perplexes pendant près de 150 ans.

Une partie du mystère levé grâce à la science

Les Archives nationales françaises avaient indiqué en juin 2020 qu’une étude par « spectroscopie de fluorescence des rayons X (XRF) » avait rendu lisible des passages caviardés.

Dans leur étude publiée dans Science Advances, trois chercheurs français détaillent la méthode grâce à laquelle ils ont pu dévoiler, dans huit lettres, ce qui était écrit sous les ratures, parce qu’il y avait deux encres différentes. Dans sept autres, cela s’est révélé impossible.

Le travail n’est pas fini, soulignent-ils: « La transcription de la totalité des paragraphes qui ont pu être divulgués sous les caviardages est en cours, supervisée par des curateurs et des historiens. Ce sera le sujet d’une autre publication ». Cette transcription « est sujette à interprétation », précisent-ils.

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La principale découverte présentée dans Science Advances est que les caviardages dans les lettres de 1791 et 1792 sont de sa main à lui. Le comte de Fersen « a décidé de garder ses lettres secrètes plutôt que de les détruire, mais en censurant certains passages, ce qui indique qu’il voulait protéger l’honneur de la reine (ou peut-être aussi ses propres intérêts) », estiment les chercheurs, Anne Michelin, Fabien Pottier et Christine Andraud. En effet, « les passages de nouveau lisibles sont largement sentimentaux », explique la revue. Du genre : « Adieu ma bonne amie, jamais je ne cesserai de vous adorer » ou encore « Je ne veux pas être lié. Vous voir, vous aimer et vous consoler est tout ce que je désire ».

La nature exacte de la relation reste impossible à déterminer

Si l’attachement mutuel des deux correspondants est flagrant, la nature exacte de leur relation reste impossible à déterminer. Beaucoup d’historiens sont convaincus qu’ils ne peuvent qu’avoir été amants, d’autres rétorquent qu’il n’y a aucune preuve. « Le choix du vocabulaire (bien-aimé, tendre ami, adorer, follement) atteste d’une relation particulière entre Marie-Antoinette et Fersen, même s’il y a une influence du tourbillon révolutionnaire, qui favorise une certaine intensité des émotions », selon les auteurs.

Les 88 lignes manquantes réparties dans quinze textes n’ont donc pas formellement dévoilé l’existence d’un amour physiquement consommé entre Fersen et la reine.

Les éditions Michel Lafon publient le 21 octobre « Marie-Antoinette et Axel de Fersen, correspondance secrète ». Une soixantaine de lettres y sont commentées par une historienne et conservatrice ayant travaillé au projet de décryptage pour les Archives nationales, Isabelle Aristide-Hastir.

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