Nicolas Balmet

On s’est entraîné au Certificat d’Etudes du 1er degré (CE1D)

Nicolas Balmet Journaliste

De son petit nom, on l’appelle le CE1D, et les ados le craignent encore plus qu’une mauvaise connexion Wi-Fi ou des légumes dans leur assiette. Sauf que voilà : pour passer en 3e secondaire, il faut se le farcir et, pire, le réussir. En pleine période de révision, en tant que père modèle, je décide de ne pas laisser ma fille dans la mouise et lui propose de s’entraîner avec les épreuves de l’année dernière.

 » Attends, papa, je termine d’abord de lire Critique de la raison pure, puis j’arrive « , ne me répond-elle absolument pas, néanmoins enthousiaste à l’idée de me voir me vautrer. Pendant qu’elle se plonge dans les sciences, je choisis l’examen de français. En tant que journaliste désormais respecté et auteur d’un best-seller passé à deux doigts du Goncourt ( Les 73 amis Facebook insupportables, en vente dans toutes les bonnes boutiques Amazon), je me dis que je ne prends pas trop de risques. Et de fait, les premières questions sont plutôt simples. Prénom ? Nicolas (les doigts dans le nez). Nom ? Balmet (c’est les maternelles, ici, ou quoi ? ) Le niveau monte d’un léger cran à l’exercice suivant, avec un texte de huit pages racontant l’histoire d’un gars qui s’en va dans le désert, devient copain avec le vent et doit affronter un seigneur en mobylette qui veut lui voler de l’or.

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Passons sur l’intérêt très relatif de ce récit abracadabrantesque ( » Eh ouais ma fille, t’as vu ? Ton père, il connaît des mots de 18 lettres, et tu peux toujours essayer d’écrire ça en langage SMS ! « ) Compréhension, argumentation, compte-rendu critique, appréciation personnelle : c’est à ma portée, et j’en suis tout émoustillé. Néanmoins, le challenge ne se révélant pas très relevé, je décide de passer aux sciences. Parce qu’à l’école, à ce niveau-là, je me situais quelque part entre une huître et un électeur du Vlaams Belang (je sais : ce n’est pas sympa pour les huîtres).

En découvrant le questionnaire, un étrange vertige envahit mon être. D’abord à cause de Frédéric, qui a couru 5 kilomètres et dont il faut identifier les substances permettant à ses muscles de fonctionner (quelle idée, aussi, de vouloir courir à une époque où des gens se sont cassé la tête à inventer Netflix ! ) Ensuite à cause d’Amélie, qui a décidé de troquer son énergie fossile contre des liquides caloporteurs afin de chauffer son eau (sinon, lave-toi à l’eau froide, Amélie ! Et tant que tu y es, mange des poneys crus ! ) J’en passe, et des plus énervants, de sorte que ma frustration se fait ressentir au fil des minutes. Aussi, quand ma progéniture, imperturbable, me demande mon avis sur les organes reproducteurs de la fleur, je lui rétorque :  » Prête-moi ton compas, je m’attaque à l’épreuve des maths ! Et ce soir, je te préviens, on mange des légumes.  »

Pour télécharger les épreuves (et les correctifs) : www.enseignement.be

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