Suite à des commentaires sexistes, l' »enfant terrible du ballet » ne dansera pas à l’Opéra de Paris

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L’Opéra de Paris est revenu sur sa décision d’inviter l’Ukrainien Sergei Polounine, « l’enfant terrible du ballet », à venir danser en février après des commentaires sexistes, « grossophobes » et faisant l’éloge de Poutine, qui ont provoqué une polémique sur les réseaux sociaux.

Aurélie Dupont, la directrice artistique de l’une des plus prestigieuses compagnies de ballet au monde, avait distribué le danseur de 29 ans dans le Lac des cygnes, avant de retirer cette invitation ce weekend.

La directrice a salué l' »artiste talentueux » mais estime que ses « propos publics » ne respectent pas les « valeurs » de l’Opéra, a indiqué l’institution à l’AFP, confirmant une information du Figaro.

Surnommé le « bad boy of ballet » depuis qu’il a claqué la porte du Royal Ballet britannique en 2012, Polounine est notamment connu du grand public pour une vidéo réalisée par David LaChapelle, dans laquelle il danse sur « Take Me to Church » de Hozier, un clip vu plus de 26 millions de fois sur YouTube.

Le compte Instagram certifié du danseur, qui a récemment obtenu la nationalité russe, est émaillé depuis novembre de commentaires pro-Poutine et de remarques à connotation homophobe et « grossophobe ».

Ces propos ont provoqué la colère de certains danseurs de l’Opéra qui, fait rare, se sont saisis des réseaux sociaux pour faire part de leurs critiques.

Vendredi, Polounine proposait de « gifler les personnes grosses », affirmant qu’il ne « respectait pas leur paresse ». Un commentaire supprimé le lendemain de son compte, suivi par plus de 170.000 personnes.

« Il faut mieux ne pas prendre un gramme sinon Mr. Polounine ne va pas être content ! », avait réagi la danseuse étoile Ludmila Pagliero.

Fin décembre, Polounine, comparé au début de sa carrière à Rudolf Noureev, s’attaquait au profil « efféminé » de certains danseurs de ballet.

« Il y a déjà une ballerine sur scène, pas besoin d’être deux. Un homme doit être un homme (…) c’est pour cela que tu as des couilles », écrivait-il.

« La honte »

« Tu es une honte @SergeiPolunin. Franchement @operadeparis inviter un type pareil en 2019 à Paris, c’est juste impossible. Notre compagnie prône des valeurs de respect et de tolérance ! Cet homme n’a rien à faire à nos côtés », avait fulminé Adrien Couvez, premier danseur de l’Opéra à réagir publiquement.

Certains internautes ont appelé au boycott de ses soirées, d’autres à distinguer l’homme de l’artiste.

Le compte du danseur ne tarit pas d’éloges en faveur du président russe, dont il s’est fait tatouer le portrait en haut du torse.

« Et si Vladimir Poutine devenait le leader du monde. Je prierai pour que cela s’accomplisse (…) C’est une bonne personne, forte et charismatique », écrivait-il jeudi.

« Je suis heureux de devenir russe et de m’ériger contre des gens méchants et sans scrupules qui créent des révolutions et des guerres en Ukraine (…) », avait déclaré le danseur fin 2018.

Considéré comme l’un des danseurs les plus doués de sa génération, sa popularité a dépassé le monde de la danse classique. Il a fait une incursion à Hollywood en figurant dans « Red Sparrow » puis dans « Le Crime de l’Orient-Express ».

Polounine a été promu en 2010 « principal dancer » par le Royal Ballet (l’équivalent de danseur étoile à l’Opéra de Paris) à seulement 19 ans, soit le plus jeune danseur à atteindre ce grade.

D’une technique de haute volée et d’une présence saisissante sur scène, il avait choqué en quittant la compagnie à une semaine de la première d’un ballet où il devait tenir le rôle principal. La presse avait évoqué une dépression et des problèmes de drogue.

Polounine, qui a souvent plaidé pour une démocratisation du ballet, avait ensuite rejoint le Stanislavski de Moscou.

Il doit se produire prochainement avec le Bayerische Staatsballett de Munich.

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