Qui est le sulfureux prince Andrew ?
Le prince Andrew est au coeur d’une des pires crises qui secoue la famille royale britannique depuis des décennies. Il vient d’annoncer « mettre fin à ses engagements publics ». Voici le portrait du troisième enfant de la reine Elisabeth II, qu’on surnomme parfois Andy le Tombeur.
Le duc d’York fait la Une des journaux depuis une longue et calamiteuse interview télévisée sur ses relations avec le financier américain Jeffrey Epstein, qui était accusé d’avoir exploité sexuellement des jeunes filles mineures des années durant et s’est suicidé en prison.
Pour rappel, Jeffrey Epstein avait été arrêté et inculpé début juillet pour avoir organisé, pendant plusieurs années, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles sous son emprise, certaines collégiennes, avec lesquelles il avait des rapports sexuels dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride. Ce membre de la jet-set américaine, dont l’entourage a compté un temps Bill Clinton, Donald Trump ou encore le prince Andrew, sollicitait très régulièrement des « massages » qui, selon l’enquête américaine, pouvaient tourner aux rapports sexuels forcés. Virginia Giuffre, une des victimes présumées, a déclaré en 2016 avoir eu des relations sexuelles avec le prince alors qu’elle était mineure. Le palais de Buckingham a démenti à plusieurs reprises tout comportement inapproprié du prince. Pourtant, dès la fin de 2010 et les premiers remous de l’affaire Epstein, on sentait comme un parfum de soufre autour du prince.
Plus tôt cette année, Le Daily Mail avait ainsi publié une vidéo qui montrerait le prince en train de saluer une femme quittant le domicile d’Epstein à New York en 2010.
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Lors de son interview calamiteuse de ce week-end , le duc d’York, 59 ans, s’était contenté de contester les accusations d’une femme recrutée par Epstein qui affirme avoir été forcée d’avoir des relations sexuelles avec lui alors qu’elle était mineure. Censée aplanir les choses, cette interview a eu l’effet exactement inverse.
Le prince s’est vu notamment reprocher de ne pas avoir pris ses distances avec lui, et de ne pas avoir exprimé d’empathie pour les victimes présumées. Depuis la diffusion, les critiques et les défections se sont multipliées, plongeant la famille royale dans ce que certains médias n’ont pas hésité à appeler « une seconde +Annus Horribilis+ », selon une expression d’Elizabeth II. La reine avait utilisé ce terme en 1992 pour qualifier l’année qui avait vu ses deux fils se séparer de leurs épouses respectives, sa fille Anne divorcer et le château de Windsor, résidence royale, brûler.
Lâché de toute part, même par la Reine
Mardi, la banque Standard Chartered et le cabinet de conseil et d’audit KPMG avaient annoncé qu’ils cesseraient de sponsoriser l’association du prince, « Pitch@Palace », qui aide des entrepreneurs et des start-up. Mercredi, le géant britannique des télécoms BT a emboité le pas, indiquant qu’il allait cesser de soutenir un programme de financement d’apprentissage du numérique, iDEA, si le prince Andrew en restait le parrain. Trois universités australiennes, la Bond University de Queensland et les universités Murdoch et RMIT de Melbourne, ont aussi annoncé mettre un terme à leur collaboration avec « Pitch@Palace », entre autres. Une litanie d’autres institutions, dont la banque Barclays ou le géant pharmaceutique AstraZeneca, avaient aussi dit envisager de couper les ponts avec le prince. L’université métropolitaine de Londres a dit qu’elle pourrait lui retirer son titre de parrain et des étudiants de celle de Huddersfield (nord de l’Angleterre) ont voté une motion contre lui, estimant qu’il est « tout à fait impropre à les représenter » en tant que parrain. Le scandale a même fait irruption dans le premier débat télévisé des élections législatives du 12 décembre, opposant le Premier ministre Boris Johnson au leader de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn : tous deux ont exprimé leur « sympathie » et leurs « pensées » pour les victimes. « Comme si cela ne suffisait pas, Andrew est par ailleurs accusé de propos racistes. L’ex-ministre de l’Intérieur de Tony Blair, Jacqui Smith, a ainsi révélé être « restée bouche bée » face à des commentaires racistes du prince sur les Arabes, lors d’un dîner officiel en l’honneur de la famille royale saoudienne. Et un ancien collaborateur des services du Premier ministre, d’origine sri-lankaise, l’a aussi accusé d’avoir employé une expression contenant le mot « nègre ».
Devant le tolé, le prince a donc capitulé et annoncé qu’il se retirait de la vie publique. « Il est devenu clair pour moi ces derniers jours que les circonstances de mes liens passés avec Jeffrey Epstein sont devenues une perturbation majeure du travail de ma famille et du (mien) », explique le prince dans un communiqué. « En conséquence, j’ai demandé à Sa Majesté si je pouvais me retirer de mes engagements publics dans un avenir proche », ajoute le prince, précisant que la reine lui avait »donné sa permission ».
Le second fils de la reine Elizabeth II a dit mercredi « continuer de regretter sans équivoque (son) association mal-avisée avec Jeffrey Epstein » et « compatir profondément avec toutes les personnes affectées » par l’affaire. Il se dit « bien sûr » prêt à coopérer à l’enquête. Ce n’est pourtant pas la première fois que l’homme se trouve dans la tourmente.
Andy le tombeur
Andrew Albert Christian Edward d’Angleterre, duc d’York, est né le 19 février 1960 à Londres. Il est le troisième enfant – après le prince Charles (né en 1948) et la princesse Anne (née en 1950) – de la reine Élisabeth II d’Angleterre et du prince Philip d’Édimbourg. Il commence sa scolarité à Buckingham avant de rejoindre la Heatherdown Preparatory school à Ascot et la Gordonstoun School en Écosse. Après son bac, il intègre directement la Royal Navy en 1979. Celui qui va servir en 1982 durant la guerre des Malouines sera décrit comme intrépide et courageux. Le prince va effectuer une longue carrière au sein de la Royal Navy avant de se consacrer, à partir de 2001, aux activités publiques de la famille royale. En tant que représentant spécial de la Grande-Bretagne pour le commerce international et de l’industrie britannique, il va parcourir régulièrement le monde, mais aussi se forger une réputation peu flatteuse.
Ses nombreux passages sur les greens des golfs les plus prestigieux de la planète aux frais du contribuable lui avaient déjà valu le sobriquet de « Air Miles Andy » (Andy le collectionneur d’Air Miles). Son train de vie fait aussi froncer de nombreux sourcils. D’autant plus que celui-ci se fait aux frais du contribuable. Si le prince n’était pas rémunéré pour ses missions, ses frais étaient par contre remboursés. Entre 2001 et 2010, ils se seraient élevés à 4 millions de livres en hôtel et avion pour 76 déplacements. Ce à quoi on doit ajouter le coût des policiers affectés à sa sécurité, soit une dizaine de millions de livres. Un autre sobriquet va aussi rapidement faire son apparition : celui de « Randy Andy », Andy le Tombeur. Le prince traîne une solide réputation de play-boy qui « s’entourait régulièrement lors de ses voyages officiels de starlettes et de reines de beauté pas précisément distinguées », dit encore Le Monde. Mais c’est surtout son cercle d’amis peu recommandables qui va mettre le feu aux poudres. On retrouve parmi ses proches de l’époque des fils et beaux-fils de dictateurs comme Ben Ali et Kadhafi ou d’autocrates du Caucase. Sauf que ce sont ses liens amicaux avec le riche Jeffrey Epstein, condamné pour pédophilie, qui vont vraiment faire trembler le palais dès 2011.
Ses écarts, et donc surtout les premiers remous de l’affaire Epstein, vont lui coûter sa position en juillet 2011. Le Premier ministre d’alors, David Cameron, va supprimer le poste d’Andrew, lui laissant comme lot de consolation un rôle dans le cadre de la formation professionnelle des jeunes. La promotion des exportations britanniques sera confiée à William et Kate, nouvelles stars de la dynastie.
Une histoire tortueuse avec Fergie
Un autre sujet de ragots est sa relation tortueuse avec Sarah Ferguson, son ex-femme. Le 23 juillet 1986, à l’abbaye de Westminster, il épouse en grande pompe celle qu’il connait depuis l’enfance, mais qu’il ne fréquente que depuis un an, devant 500 millions de téléspectateurs.
Ils auront deux filles : Beatrice née en 1988 et Eugénie née en 1990. Ils se séparent en 1992 après la « Une » du Daily Mirror qui montre Sarah Ferguson se faisant lécher les pieds au bord d’une piscine par un autre homme. Le divorce ne sera officiellement prononcé qu’en 1996. Cela n’empêche pas les anciens époux de rester en très bons termes. Au grand dam du Prince Philip qui désapprouve ce comportement et reproche à son ex-belle fille d’avoir sali l’image de la famille. Et certains agissements de Fergie, véritable électron libre, tendront à lui donner raison. Par exemple lorsqu’elle tente de se refaire une santé financière en monnayant l’accès au prince auprès de businessmen un peu louches. Elle avouera ainsi avoir fait « une gigantesque erreur » en acceptant 15 000 livres du fameux Epstein pour l’aider à payer ses dettes.
Néanmoins, pas de quoi fâcher définitivement les deux anciens amants. Ils sont « officiellement divorcés, mais jamais vraiment séparés », comme aime le dire Sarah Ferguson. « On se respecte mutuellement, la seule chose c’est qu’il a des petites amies et moi des petits copains. » Divorcés depuis vingt-cinq ans, le prince Andrew et son ex-femme semblent à nouveau inséparables. Fergie a d’ailleurs emménagé chez Andrew au Royal Lodge à Windsor il y a quelques années et ce dernier a aussi épongé ses dettes.
De quoi faire bruisser la rumeur d’un possible remariage imminent. Leur complicité a encore éclaté cet été, car c’est ensemble qu’ils étaient à Balmoral en compagnie de la Reine. Et c’est aussi ensemble qu’ils se sont ensuite rendus sur la Costa del Sol au Sotogrande Resort, un luxueux complexe hôtelier, pour fuir le scandale. Cette dernière aurait juré « prendre soin » d’Andrew et « montrer au monde qu’elle le soutient » dans cette villa de grand standing estimée à 38 millions d’euros. Toujours selon le Daily Mail, les divorcés y séjournent tous les étés, depuis 2009.
Ce répit n’aura cependant été que de courte durée. George VI qualifia un jour la famille royale de « La firme ». Élisabeth II suit à l’évidence la même politique de PDG puisqu’elle n’hésite pas à « couper les branches mortes au sein de sa propre famille », dit encore Le Monde. Et cette affaire Epstein qui ne cesse de rebondir a semble-t-il donné le coup de grâce définitif au prince.
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