Savoir décider en 3 leçons

© Thinkstock

Décider, un jeu d’enfant ? En réalité, il s’agit avant tout d’une question d’entraînement. Et de connaissance de soi. Petite initiation.

Leçon 1Faire confiance à l’irrationnel

 » Le circuit émotionnel est plus rapide que le rationnel, affirme Patrice Ras. Un jour, lors d’une psychorandonnée dans le désert, une femme m’a fait part de ses hésitations à quitter son mari pour un autre homme. Je lui ai dit de réfléchir mais, en réalité, j’étais persuadé qu’elle avait déjà opté, en son for intérieur, pour la séparation. Une semaine plus tard, elle m’annonçait qu’elle partait avec son amant. Elle avait mis sept jours à rationaliser cette alternative mais je suis sûr qu’elle était déjà en elle !  » Et les scientifiques abondent dans le même sens…  » Les recherches récentes menées en neurosciences nous révèlent que les décisions intuitives sont souvent les meilleures, en particulier lorsqu’elles concernent un domaine que nous connaissons bien ou une situation d’urgence « , affirme Isabelle Fontaine, auteure de Développer votre intuition pour prendre de meilleures décisions (Editions Quotidien Malin), dans un de ses articles, publié sur www.huffingtonpost.fr. Donner voix au chapitre à son intuition est donc le premier pas à franchir par l’apprenti-décideur.

Leçon 2Se poser la bonne question

Le plus important, en matière de décisions, est de ne pas se tromper de cible et de ne pas se disperser en questionnements inutiles.  » Ceux qui tergiversent transforment les  » quoi ?  » en  » comment ? « , ce qui devient une excuse pour ne pas se prononcer « , observe Filip Vandendriessche, psychologue qui signe un modèle de management diffusé au sein de son académie (www.fvdacademy.com) et décrit dans le livre Diriger sans imposer (Editions Eyrolles). Une explication un peu compliquée mais qui peut très facilement s’imager : au lieu de décréter que vous voulez déménager (pour vous rapprocher de votre travail, pour partir à la campagne, pour avoir une chambre de plus…), vous commencez par vous demander comment vous allez payer votre nouvelle habitation, comment vous allez l’annoncer à vos proches, comment vous vous rendrez au travail, etc. Six mois plus tard, submergé d’interrogations, vous en êtes au même point… Il faut dès lors garder en tête qu’opérer un choix est un acte de l’esprit qui détermine un objectif final à atteindre. Cette pensée va, ensuite, engendrer des actions, étalées dans le temps, menant au but ultime défini. Inutile de planifier toutes ces actions avant de trancher.

Leçon 3Accepter de se tromper

 » Beaucoup de personnes (occidentales) se posent cette question : qu’est-ce que je  » dois  » faire ? Comme s’il n’y avait qu’une seule bonne décision, qu’une solution unique qui ne nous appartenait pas et était écrite quelque part, en dehors de nous… « , constate Patrice Ras. L’alternative parfaite n’existant pas, il faudra accepter de commettre des erreurs et donc laisser son perfectionnisme excessif au placard, car ce défaut – qui, maîtrisé, est une qualité – est la principale cause d’hésitation ! Pour y arriver, le mieux est de relativiser le risque…  » On se trompe toute notre vie. Finalement, les seuls choix irrévocables sont de donner naissance et de faire mourir. Pour le reste, il est toujours possible de réorienter la donne « , insiste Patrice Ras.  » La recherche de la solution ou de l’exécution parfaite tue la créativité, ajoute Annick Devaux, membre de l’académie Filip Vandendriessche. Le perfectionnisme est un concept artificiel inventé par l’homme et sans rapport avec le vivant. Il est basé uniquement sur la comparaison externe. L’harmonie existe, pas la perfection.  » Décomplexant.

Par Fanny Bouvry

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content