Vêtements et accessoires: notre guide complet pour les entretenir et les faire durer
La durabilité, ça commence par ce qu’on achète, mais aussi par la durée de vie de ces acquisitions. Dix experts nous expliquent comment prendre soin de ses vêtements, chaussures, bijoux et sacs à main. Suivez le guide!
Sommaire
Comment prendre soin de ses chaussures?
- A quelle fréquence faut-il nettoyer ses chaussures en cuir ?
- Comment protéger (efficacement) ses sneakers ?
Soie, laine, jeans: à chaque matière son entretien
- Comment et à quelle fréquence fréquence laver ses sous-vêtements ?
- Comment entretenir la laine ?
- Comment prendre soin de la soie ?
- Comment conserver la forme et la couleur d’un jeans ?
Comment laver correctement son linge?
- Qu’apporter au nettoyage à sec ?
- Que laver et sécher en machine ?
- Comment combattre les odeurs (vintage) ?
Rien d’accessoire: bijoux et sac au top !
Comment prendre soin de ses chaussures ?
A quelle fréquence faut-il nettoyer ses chaussures en cuir ?
Antoon Van den Ecker est cordonnier et gérant de Toni Taloni, à Anvers.
« Une chaussure en cuir mal entretenue se salit plus vite. Si le cuir a été saturé avec un produit de soin, il suffit de frotter les tâches pour ne pas qu’elles s’incrustent. Il faut idéalement entretenir ses chaussures au moins une fois par mois, avec un produit non agressif et adapté au type de cuir : de cette façon, le cuir devient imperméable, on peut éviter les petites déchirures sur le cuir verni et il n’est plus nécessaire de renforcer sa semelle en cuir – un label de qualité pour de nombreux créateurs de chaussures – avec une semelle en caoutchouc.
Utilisez des produits de qualité pour le nettoyage : pas les petits pots de produits chimiques vendus à bas prix dans les supermarchés, mais des marques de référence, comme Saphir Médaille d’Or, qui utilisent des ingrédients naturels. Evitez aussi absolument les produits auto-lustrants : ils bouchent les pores du cuir, ce qui fait que celui-ci ne pourra plus respirer et que la chaussure va s’user et se fissurer de l’intérieur. L’ammoniac sur une éponge à lustrer fera effectivement briller vos souliers, mais il les asséchera aussi à la vitesse grand V.
Ne portez pas vos chaussures plus longtemps qu’une seule journée et laissez-les sécher pendant 24 heures en y plaçant un embauchoir de façon à ce qu’elles ne perdent pas leur forme. Utilisez également l’embauchoir lors du nettoyage afin d’atteindre tous les recoins et investissez dans une brosse à lustrer en crin de cheval, dont les poils éliminent les produits résiduels des chaussures. Nettoyez ensuite la brosse avec un vieux tee-shirt. »
Comment protéger (efficacement) ses sneakers ?
Steve ‘Boo’ Ladani est le cofondateur Sixsixsix, une boutique bruxelloise de vêtements et de sneakers vintage.
« Je remarque que la qualité des grandes marques de sneakers a baissé ces dernières années. Raison de plus pour prendre soin correctement de ses chaussures. L’entretien, c’est une question de bon sens. Si vous sortez en boîte ou que vous allez promener le chien dans les champs, ne portez pas de chaussures blanches, et évitez le nubuck s’il pleut des cordes. Quand je rentre chez moi, j’utilise des embauchoirs, qui préservent la forme « crisp » des chaussures. Ensuite je les range dans leur boîte d’origine, à l’abri de la lumière du soleil et de l’humidité, parce qu’il n’y a rien de plus néfaste que les contextes humides.
Même si personnellement je n’ai jamais essayé – parce qu’on peut aussi considérer une semelle de sneakers jaune comme une patine intéressante – au sein de la sneakercommunity, le dentifrice est une bonne astuce pour redonner de la blancheur aux semelles. Je consacre toujours une ou deux heures chaque mois à l’entretien de toutes les sneakers que je porte. Un produit comme ceux de Jason Markk ou Crep Protect, une brosse à chaussures souple et un chiffon en microfibre suffisent. Et pour finir : ne serrez surtout pas trop vos lacets : non seulement c’est un grand fashion faux pas, mais en plus ce n’est pas très confortable et ça bousille la forme de vos chaussures. »
A lire aussi: À quelle fréquence faut-il laver ses vêtements?
Soie, laine, jeans: à chaque matière son entretien
Comment et à quelle fréquence laver les sous-vêtements ?
Tine Prophete vend de la lingerie et des maillots de bain chez Underwear, à Bruxelles.
“On croit souvent qu’il vaut mieux ne pas laver trop régulièrement son soutien-gorge. Pour la plupart des vêtements, c’est vrai, mais pour un soutien-gorge, c’est le contraire. Aucune autre pièce de votre dressing n’est aussi proche de votre peau. La plupart des gens en portent un pour le soutien justement et la tonicité, et en espaçant les lavages, des facteurs extérieurs affectent les fibres, l’élasticité et donc le soutien. Si vous ne faites qu’« aérer » votre lingerie, la transpiration, les peaux mortes et les résidus de crèmes pour le corps auront le champ libre. Ne portez pas un soutien-gorge plus de trois jours d’affilée et lavez-le tout de suite après. Si vous avez le temps, le lavage à la main est une option. Personnellement, j’estime qu’un programme de lavage délicat, à 30 degrés, est suffisant.
N’utilisez jamais d’adoucissant – pas besoin de fibres amollies dans un vêtement censé soutenir– et si vous lavez à la main, essorez toujours dans une serviette de bain, à nouveau dans le but de protéger les fibres. A la machine, ne lavez pas votre lingerie avec un jeans ou un vêtement muni de Velcro. Utilisez un sac de lavage pour que tout reste bien ensemble. Ajustez les bretelles après chaque lavage et laissez au minimum un poing d’espace libre dans le tambour de la machine – un conseil qui vaut d’ailleurs pour tous les cycles de lavage.
C’est difficile d’estimer la durée de vie d’un soutien-gorge en général parce que les modèles avec gros bonnets doivent offrir plus de soutien et sont donc plus sollicités qu’une bralette, mais si on fait alterner et qu’on lave régulièrement quatre ou cinq soutiens-gorge, ils tiendront en moyenne un an et demi. »
Comment laver la laine et éviter qu’elle ne bouloche ?
Justine Glanfield est designer en tricot et travaille surtout pour des maisons de mode comme Burberry et Lacoste. Elle est la cofondatrice de The Knit Archive, une archive du tricot dont les marques s’inspirent.
“Le fait que la laine bouloche est la conséquence des frottements sur une fibre naturelle. Mais c’est aussi lié à la qualité : une laine tricotée de manière plus lâche pèse moins lourd et est donc moins chère, mais dans un tricot plus lâche, les fils ont plus d’espace pour bouger et la matière va donc pelucher plus rapidement. La laine de qualité a souvent des poils plus longs et donc moins d’extrémités qui vont s’effilocher. Comme un rasoir électrique anti-bouloches élimine certes les bouloches mais abîme aussi la matière, je coupe les grandes bouloches comme celles de la laine d’alpaga avec des ciseaux. Pour le reste, j’utilise très prudemment une lame de rasoir. Placer un pull au congélateur pour éliminer les peluches, ça ne marche pas.
J’utilise la surgélation seulement contre les insectes et leurs œufs. J’ai une peur terrible des mites, donc chaque pièce vintage destinée à The Knit Archive passe d’abord trois semaines au congélateur avant d’intégrer la collection. En principe, une semaine suffit. Placer toujours vos vêtements dans un sac plastique – détacher un pull congelé, ce n’est pas évident du tout.
Vu que les mites n’aiment pas la lumière, il vaut mieux ne pas ranger la laine dans les recoins sombres. Suspendez-la de temps en temps dehors et accrochez dans l’armoire des plaquettes de bois de cèdre. Les mites n’aiment pas non plus l’encre : j’emballe mes pulls les plus chers dans du papier journal, même s’il vaut mieux ne pas le faire pour des vêtements clairs, pour éviter les transferts d’encre.
Je lave mes propres vêtements en laine à la machine en utilisant le programme spécifique. Les nouveaux appareils sont tellement sophistiqués que ces programmes sont le plus souvent parfaits : la température est stable, pas de risque de rétrécissement dans une eau trop chaude. Après le lavage, j’essore l’excédent d’eau avec une serviette et je laisse sécher à plat, parce que la laine a tendance à s’élargir si on la suspend mouillée. Le rangement se fait aussi à plat. »
Comment prendre soin de la soie ?
Florence Cools est conceptrice et cofondatrice de La Collection, une marque de mode belge utilisant de nombreuses matières de luxe comme la soie dans ses collections.
« La soie est la meilleure des matières pour votre peau : anti-allergénique, antibactérienne, et grâce à ses propriétés de régulation de la température, elle vous apporte de la chaleur en hiver et de la fraîcheur en été. Cela étant dit, l’eau et la soie ne font pas bon ménage. Je déconseille de courir sous la pluie : les gouttes vont laisser des cernes. C’est pour cela que je recommande de toujours apporter ses vêtements en soie au pressing. Pour limiter les coûts, perso, je porte souvent un débardeur en coton sous une robe en soie : comme ça, c’est cette couche-là qui va capter la sueur et non la robe. Une fibre naturelle comme la soie est en plus très respirante, et il vaut dès lors mieux ne pas porter un vêtement deux jours de suite mais en profiter pour le laisser s’aérer une journée.
La vapeur est une bonne solution, aussi bien pour rafraîchir que pour défroisser. Ne mettez jamais la matière en contact avec de la vapeur chaude et défroissez sur la face intérieur, cela permet d’éviter les dégâts d’une éventuelle goutte d’eau.
Si votre vêtement est censé rester dans l’armoire pendant un long moment, rangez-le bien lavé, comme la laine. Les mites sont attirées par les vêtements déjà portés. Remuez de temps en temps le contenu de votre armoire et suspendez-y des plaquettes de bois de cèdre. »
Comment conserver la forme et la couleur d’un jeans ?
Ségolène Jacmin est la cofondatrice de Façon Jacmin, une marque de vêtements spécialisée dans le denim.
“La qualité du denim dépend de la densité du tissage et du nombre de bains de teinture que le tissu a effectué – plus il y en a eu, mieux c’est -, mais c’est sûr que le denim va toujours perdre sa couleur au fil des lavages. C’est une patine que certains apprécient et d’autres moins. Lavez votre jeans toujours sur l’envers pour éviter que le produit de lessive ne laisse des traces blanches. Ne lavez jamais à plus de 30 degrés et n’utilisez pas d’adoucissant mais du vinaigre : ça adoucit le linge, ça fixe mieux la couleur indigo et en plus c’est bon aussi pour la machine à laver. En ce qui me concerne, je ne lave mon jeans que lorsqu’il est vraiment taché. Si vous voulez juste rafraîchir la matière, le suspendre une petite journée dehors fait des merveilles.”
A lire aussi: Cachemire, soie, laine, cuir, velours… comment en prendre soin?
Comment laver correctement son linge ?
Qu’apporter au nettoyage à sec ?
Christine Gillis est gérante de De Geest, un des plus anciens pressings du pays, avec des établissements à Bruxelles, Anvers et Gand.
“Le nettoyage à sec est un traitement qui utilise des solvants, la plupart du temps le perchlo, qui dégraissent les vêtements. En fait, tous les habits peuvent être traités avec de l’eau, on utilise surtout le nettoyage à sec pour préserver la forme : quand on le lave avec de l’eau, un vêtement peut perdre de sa rigidité. Ça vaut surtout pour les costumes, qui sont doublés avec un tissu de renforcement, les cravates et certaines robes – haute couture -, pour ne pas abîmer les finitions.
Le nettoyage à sec peut enlever les taches, mais pour avoir plus de chance que ça marche il est important de ne pas les frotter, ce qui risque d’endommager la couleur, surtout sur le coton, le lin ou la soie. Les taches qui transpercent sur l’autre face du tissu sont toujours les plus difficiles à éliminer, et c’est pour ça qu’une tache de vin ne part quasiment jamais avec un simple lavage. Des détachants agressifs peuvent aussi faire des dégâts.”
Que mettre dans la machine à laver et le sèche-linge ?
Natalie Van Laere enseigne la coupe à l’Académie d’Anvers, où elle accompagne les étudiants en 2e bachelier. Elle a été styliste chez Ann Demeulemeester et Scapa et l’est aujourd’hui chez Cesar Casier.
“Je suis toujours les indications de lavage de la marque. Elles sont imprimées par le fabricant, qui a conservé toutes les informations de production et a mené des tests de lavage. On voit parfois l’indication « dry clean only » sur un vêtement en coton parce que les consommateurs lavent souvent avec moins de soin et qu’une tendance s’est développée dans de nombreuses marques – souvent de designers – de conseiller quand même par précaution le nettoyage à sec.
Alors que le coton est une matière que l’on peut parfaitement laver soi-même. Je trie toujours mon linge par couleur et par matière et j’utilise seulement les produits de la marque Ecover. On peut généralement laver le coton entre 40 et 60 degrés, la laine et la soie à 30 degrés et des matières comme la viscose et le polyester à 40 degrés, mais le mieux est donc de simplement suivre les indications des marques.
Pour les taches sur le coton, je suis une méthode à l’ancienne : une combinaison de Wipp Express et de détergent pour cols et boutons de manchettes, sur laquelle je laisse ensuite agir une cuillerée de carbonate de sodium. J’enlève comme ça même les taches les plus tenaces, comme le sang ou la sueur jaunie sur les tee-shirts. Et la plupart des taches de graisse s’enlèvent en les brossant avec un peu de détergent avant de les mettre à la machine.
J’utilise le sèche-linge seulement pour les tee-shirt en coton, les slips, les chaussettes, le linge de lit et les serviettes de bain, parce que le séchage use plus rapidement les vêtements. Ça se voit dans le filtre du séchoir, qui est très vite bourré de fibres. Il vaut mieux pendre les pantalons et les robes à une corde à linge et les chemises mises à sécher sur un cintre vous éviteront du repassage.
Je garde les vêtements que je porte très peu dans des housses en Tyvek (NDLR: le Tyvek est une matière non acide que les archivistes de la mode utilisent aussi pour sa stabilité). Je déconseillerais les sacs sous vide, sauf pour les combinaisons de ski ou les couettes en duvet : ça ne respire pas et je ne peux pas garantir qu’il soit possible d’éliminer certains plis après 6 mois d’hibernation.
Comment combattre les petites odeurs (vintage) ?
Els Keymeulen est rédactrice en chef de Gaël et confondatrice de la boutique vintage en ligne Le Freddie.
“Les vieux vêtements et matières qui ne peuvent pas être lavés commencent, après un certain temps, à dégager une odeur de… passé. Le meilleur remède est un mélange de deux tiers d’eau et d’un tiers de vodka bon marché. Avec un vaporisateur, pulvérisez ce mélange à 30-40 centimètres sur les vêtements et après une journée les mauvaises odeurs, y compris par exemple celles de renfermé des armoires ou de fumée de cigarette, sont neutralisées. Mais tenez bien compte de la distance : il s’agit de vaporiser, pas d’envoyer un jet de liquide.
Laver les vêtements est d’ailleurs un processus complètement surévalué. On met vraiment trop souvent le linge à la machine, avec le risque de ternir les couleurs et d’abîmer le tissu, même quand on fait ça correctement. Optez donc plutôt pour du « spot cleaning » – un nettoyage localisé – avec du savon au fiel de bœuf naturel. »
Rien d’accessoires: des bijoux et des sacs au top !
Comment préserver son sac à main ?
Toni Taloni, la cordonnerie d’Antoon Van Den Ecker, est également spécialisée dans l’entretien et la réparation des sacs à main.
“Pour les longues périodes, rangez votre sac à main en plaçant quelque chose à l’intérieur, du papier bulle par exemple, pour éviter qu’il ne s’affaisse et suspendez-le pour éviter les déformations irrémédiables en veillant à ce qu’il ne soit pas en appui contre quelque chose : pour sa forme, mais aussi pour qu’il ne se décolore pas en étant en contact par exemple avec du métal. Le mieux, c’est de le placer dans un sac anti-poussière. S’il arrive que le sac se décolore malgré tout, il est possible de le recolorer. Mon associé est spécialisé dans le mélange des couleurs afin de faire des retouches avec la teinte exacte. C’est un métier particulier et peu de gens savent que ça existe.”
Comment redonner de la brillance à un bijou ?
Jennifer Elliot est créatrice de bijoux et fondatrice de la marque belge de bijoux Elliot & Ostrich.
“Etant donné que, exactement comme les vêtements, les bijoux sont constamment en contact avec la saleté, le mieux est de les laver régulièrement. Chez Elliott & Ostrich, nous avons développé un « Sparkle Bath » : après un trempage de deux ou trois minutes dans la petite boîte, on peut nettoyer la saleté qui se détache des bijoux.
Brossez surtout en dessous des pierres précieuses, parce que c’est là que s’accumulent les peaux mortes et les résidus de produits de beauté qui atténuent la brillance des pierres. Une astuce de grand-mère : faites tremper le bijou dans un petit récipient avec de l’eau chaude et une cuillerée de soda puis brossez doucement avec une brosse à dents et du Dreft ou du dentifrice.
L’or est un matériau plus tendre que les pierres précieuses. Avec le temps, les rayures qui s’accumulent ternissent sa couleur. Je conseille de ne pas faire polir le bijou plus d’une fois par an chez un bijoutier. Le polissage abîme la qualité de l’or et c’est surtout dangereux pour les montures : plus il y a de rayures, plus elles deviennent fragiles et plus la pierre risque de tomber. Evitez donc les surfaces dures et surtout le sable marin. »
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