A Barcelone, des touristes bien décidés à rester malgré le chaos des manifestations

Manifestants sur la Via Laietana le 20 octobre 2019 à Barcelone

« Pourquoi partir? Tout va bien ici et en plus il fait beau! »: au lendemain de scènes de chaos dans le centre de Barcelone, la vie reprend son cours avec des touristes « bien décidés » à rester.

Installé à une terrasse à quelques mètres de la place de Catalogne, Henrik Broyer, un Danois de 37 ans profite du soleil en sirotant sa bière « made in Cataluña ».

Les violences de la veille, au cinquième jour de la mobilisation contre la condamnation de dirigeants indépendantistes? Pas de quoi l’inquiéter. « Franchement, moi je ne vois pas le problème. La journée il n y a aucune violence, on visite, on découvre la ville, ses jardins… C’est formidable! », affirme-t-il.

Mais après 20H00, lui, sa femme et ses deux filles ne sortent plus de leur hôtel. « On ne sait jamais ce qui peut se passer, surtout quand vous avez des groupes de jeunes énervés… Il vaut mieux ne pas être au mauvais endroit au mauvais moment. »

Pour autant, pas question d’écourter leurs vacances à Barcelone planifiées il y a plusieurs mois. « Regardez autour de vous, c’est propre, tout fonctionne. Il n’y a aucun problème », abonde son épouse Lisbet.

Sur la place même, où les conséquences des violences ne sont presque plus visibles, deux touristes américains se prennent en photo devant un feu de circulation calciné. « Aux Etats-Unis on n’a pas ça! », ironise Mike, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, grand gaillard de 27 ans originaire de Miami. « Ca nous fait un souvenir de la ville… et du pays », complète son ami du même âge, Marc.

« Les pavés volaient au-dessus de ma tête »

Le souvenir d’une nuit qui aurait pu virer au drame, Laura Martin, Française de 23 ans de passage à Barcelone pour voir des amis, s’en serait bien passée. La veille, elle s’est retrouvée bloquée entre des manifestants et un cordon de policiers prêts à charger. « J’ai eu la peur de ma vie. C’était un peu comme être entre deux trains à grande vitesse prêts à se rentrer dedans », décrit-elle, encore chamboulée.

Ce n’est qu’avec l’aide de deux inconnus et d’un policier qu’elle a pu se mettre à l’abri. « Les pavés volaient au-dessus de ma tête, il y avait une énorme barricade en feu. C’était impressionnant ».

Malgré cette mauvaise expérience, « hors de question » pour elle de quitter Barcelone. « Pourquoi partir? il faut juste faire plus attention que d’habitude et surtout se tenir loin des anarchistes catalans. Ceux là ne plaisantent pas! A côté, les Gilets jaunes, c’est rien du tout. »

Même discours chez Mary, touriste irlandaise de 28 ans qui refuse catégoriquement de quitter la Catalogne: « si les violences s’amplifient, je me poserai la question mais pour l’instant ça ne me paraît pas dangereux ».

Quelques mètres plus loin, dans la Via Laietana, les stigmates de la veille demeurent malgré le travail intensif des agents de la ville.

Vitrines brisés, pavés manquants, mobilier urbain détruit et slogans anticapitalistes inscrits partout, surtout l’acronyme ACAB (All Cops Are Bastards, « tous les flics sont des bâtards »).

Malgré tout, touristes et habitants déambulent normalement dans les rues comme si les événements de la veille n’étaient qu’un lointain souvenir. « On commence à avoir l’habitude maintenant », explique Albert, qui vit près de la place de Catalogne. « On aurait tort d’arrêter de vivre à cause de ça d’autant que rien ne nous dit que ça ne repartira pas de plus belle ce soir ».

De quoi inquiéter les commerçants déjà touchés par cinq jours consécutifs de violences. « On a mis plus d’une heure à ramasser les décombres devant notre enseigne afin de pouvoir ouvrir », déplore Ramiro Diaz, dont l’épouse tient un kiosque de billets de loterie. « C’est inadmissible (…) Les gens ont peur maintenant ».

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