Armelle: « Le confinement nous a redonné l’émerveillement de notre propre territoire »

© PULP PICTURES
Mathieu Nguyen

 » Ambassadrice  » du tourisme local sur la RTBF, Armelle n’a pas attendu ce drôle d’été pour arpenter le territoire belge, en quête de curiosités à dénicher. Elle se félicite tout naturellement que nombre de nos compatriotes s’apprêtent à redécouvrir les trésors négligés dont regorgent nos contrées.

Le sens premier du mot  » vacances « , ce n’est pas  » aller au bout du monde  » ; c’est un état d’esprit. Ça peut donc être chez soi, avec ses proches, dans le paysage d’où nous sommes. Le tourisme de proximité est capable d’apporter de très chouettes réponses à ces besoins, et la Belgique a énormément de choses à offrir. Grâce à mon métier, j’ai la chance de connaître pas mal de coins et je vous assure qu’il y a de petites pépites partout. Lors de certains tournages, j’ai éprouvé de réelles sensations de vacances, et ça a été un enchantement, tout autant que des paysages à couper le souffle au bout du monde. D’ailleurs, il y en a chez nous aussi.

Des vacances, c’est d’abord des sensations.

Depuis trente ans, on est baignés d’images des quatre coins de la planète.

Et on les a tellement vues qu’en arrivant sur place on se dit :  » Ah ce n’est que ça ?  » Ou  » Enfin ! J’y suis ! « , ça dépend. Est-ce que la démocratisation du voyage a ringardisé les choses qui se trouvaient près de chez nous ? Je ne sais pas, mais il est toujours difficile de faire le poids face aux grands sites mondiaux. Le temple d’Angkor Vat est ouvert depuis trois décennies, et j’en ai rêvé pendant très longtemps – aujourd’hui je l’ai vu, c’est fait, je suis très contente, mais ça reste un voyage exceptionnel. Face à des sites comme ça, évidemment, on peut tout mettre en balance.

La Belgique n’est pas propice au tourisme  » à l’aveugle « .

Il faut un minimum de préparation, car peu de lieux disposent de la structure hôtelière, des petits restos et des gargotes sympas, des ruelles pleines de charme et d’histoire, sans oublier les panoramas spectaculaires – enfin, bien sûr, on a tout ça, malheureusement pas réuni au même endroit.

u003cstrongu003eMais une fois que l’on s’est un peu documentu0026#xE9;, on peut s’attendre u0026#xE0; du0026#xE9;couvrir un terroir d’une incroyable richesse, des personnalitu0026#xE9;s croustillantes, des produits de qualitu0026#xE9; qu’on ne trouve pas ailleurs et de tru0026#xE8;s jolis paysages. u003c/strongu003e

Des vacances, c’est d’abord des sensations, le souvenir d’un bon moment passé à table, d’un plat, d’un jus de sureau, d’un morceau de saucisson, d’un sentier, d’un cours d’eau, d’un petit marché sous le soleil… Et on a tout ça en Belgique. Oui, on peut se sentir en vacances chez nous.

Qu’on soit à Zanzibar, New York ou Taïwan, les hôtels se sont uniformisés avec un look lounge passe-partout.

Moi, ça ne m’intéresse pas de faire 12 heures d’avion pour me retrouver dans un hôtel semblable à ce que je peux trouver près de chez moi. Un établissement standard et aseptisé, avec les mêmes transats en plastique horrible, pour moi c’est un cauchemar, j’ai toujours préféré les petites guest houses, bien plus authentiques et plus représentatives du pays dans lequel je me trouve.

Le paysage de la Citadelle de Namur, si on allait le voir au bout du monde, on l’aurait mérité.

On l’aurait gagné, on aurait fait l’effort d’un billet d’avion, ça aurait été difficile et coûteux d’arriver jusque-là. Or, il est chez nous, à portée de main, alors on ne le voit pas. Le Domaine des Grottes de Han, avec les grottes, les animaux, le train, si on le trouvait à des milliers de kilomètres, on s’y précipiterait ! Le confinement nous a redonné l’émerveillement de notre propre territoire, on a pu se ré-enthousiasmer pour ce qu’on avait chez nous, et on se rend compte que,  » finalement, c’est vraiment pas mal « .

u0022 Les plus beaux souvenirs d’enfance sont u0026#xE0; la hauteur de l’inconfort. u0022

Les plus beaux souvenirs de mes enfants, ce n’est pas les clubs de vacances, c’est le camping.

Ça fait des années que je fais l’apanage du camping. J’étais maman célibataire et je me demandais ce que je pouvais offrir à mes deux petits garçons pour les stimuler et les amuser. Quand on est un peu embourgeoisée, dormir sous tente, c’est pas toujours simple, mais il y a camping et camping, il existe différents registres dans lesquels trouver son bonheur. Je me revois la nuit sous tente avec mes deux petits bonhommes (sic), éclairés par nos lampes frontales, emmitouflés dans nos sacs de couchage, après un petit pique-nique de produits locaux, et je pense que c’est ce qui remplit leur enfance. Bien plus qu’un séjour dans un club formaté où ils ne savent même pas dans quel pays ils se trouvent. J’ai un ami qui dit :  » Les plus beaux souvenirs d’enfance sont à la hauteur de l’inconfort.  » Il a bien raison : faire dormir quinze gamins dans une chambre de quatre, c’est génial, ça fait des souvenirs.

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