Bohuslän, à la découverte d’une Suède littorale des plus paisibles

Strömstad côté port... © PHOTOS : NICOLAS BALMET

La côte sud-ouest de la Suède est un petit bijou intemporel fait de ports paisibles et de villages aux façades colorées. Nous avons parcouru ses 200 kilomètres de haut en bas, en quête de ses saveurs marines et de ses lumières divines.

Svenning et Hellström, célèbres compositeurs du cru.
Svenning et Hellström, célèbres compositeurs du cru.© PHOTOS : NICOLAS BALMET

La petite ville de Ström-stad, située à la pointe nord du Bohuslän, sommeille à une vingtaine de kilomètres à peine de la frontière norvégienne. Quand on y pose les pieds à l’aube, on a presque l’impression de la réveiller. Sur le port, quelques marins sont pourtant déjà sur le pont, prêts à profiter d’une météo clémente et d’un ciel bleu qui donne une teinte brillante aux fjords dessinant l’horizon. La réputation des lieux date de la seconde moitié du xviiie siècle, lorsque la grande époque de la pêche au hareng permit à la région de prospérer. Aujourd’hui, c’est une paisible station thermale qui, à l’embouchure de la rivière Strömsan, séduit les passants par ses jolies maisons basses et, surtout, ses terrasses agréables en front de mer, où l’on sert des assiettes de crevettes ou de homards en provenance directe des eaux du large…

... et Strömstad côté ville.
… et Strömstad côté ville.© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Des richesses côtières ultraprotégées

Depuis Strömstad, une excursion s’impose vers les îles Koster. On s’y rend en bateau, le temps d’un court trajet parmi un archipel aux contours entaillés et aux rochers arrondis. Sur place, la balade se fait à pied ou en vélo, puisque aucune voiture n’est autorisée sur ces innombrables îlots reculés, et pour cause : c’est ici que se déploie le magnifique et précieux archipel de Kosterhavet, dont la faune et la flore sont soigneusement préservés. En 1909, la Suède fut le premier pays d’Europe à établir des parcs nationaux, et celui-ci reste à ce jour l’unique territoire marin protégé de la nation. Formant une famille de 6 000 espèces – dont 200 endémiques -, les coraux d’eau froide, les oiseaux, les brachiopodes ou les papillons s’observent en silence près des plages ou des criques escarpées. Pour la pause, direction le Kosters Trädgardar, sur l’île d’Usholmen, qui propose une carte slow food dont chaque épice ou légume est cultivé dans son propre jardin.

Les gravures mystiques de Tanum

Bohuslän, à la découverte d'une Suède littorale des plus paisibles
© PHOTOS : NICOLAS BALMET

En reprenant la route vers le sud, on comprend mieux pourquoi le Bohuslän est la côte préférée des Suédois qui, au moindre week-end de beau temps, s’y ruent pour goûter ses charmes. D’un côté, le paysage est bucolique. De l’autre, le rivage rocheux se découpe comme si le vent et les embruns l’avaient façonné selon leurs humeurs. Les villages, eux, apparaissent ici ou là pour ajouter de vivaces couleurs au tableau, avec leurs maisonnettes en bois peintes de rouge, de jaune, de vert ou de bleu. Celui de Grebbestad, notamment, mérite une halte : ses pêcheurs aiment rappeler qu’ils appâtent à eux seuls 90 % des huîtres qui sont consommées en Suède…

Tanum, remarquable site rupestre.
Tanum, remarquable site rupestre.© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Le bitume nous emmène ensuite vers Tanum, où une histoire très ancienne se raconte à même la pierre. Si les gravures rupestres sont courantes en Scandinavie, celles du Bohuslän figurent parmi les plus nombreuses et les mieux conservées du nord de l’Europe. Inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, elles sont considérées – historiquement – comme des témoins du passé aussi importants que les pyramides d’Egypte ou le Taj Mahal indien. Plusieurs lieux montrent à quoi ressemblaient les dessins de nos aïeuls de l’âge du bronze. Evoquant la vie d’antan – la chasse, la guerre, les croyances, les objets du quotidien ou de transport… -, les oeuvres apparaissent parmi les arbres ou les champs, immortalisées sur des centaines de dalles qui sommeillent là depuis plus de 3 000 ans. Les sites clés à inscrire sur le carnet de route : Tanum – épicentre de cette exposition à ciel ouvert -, mais aussi Vitlycke, Fossum ou Asperberget.

Sur les pas de Camilla Läckberg

Bohuslän, à la découverte d'une Suède littorale des plus paisibles
© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Encore plus au sud, c’est l’incontournable Fjällbacka qui apparaît. Blotti contre la roche, ce village de pêche a été construit au xviie siècle dans le creux d’un fjord. Dès qu’on y entre, on y ressent une atmosphère empreinte d’un doux mystère et, sans qu’on sache trop pourquoi, on s’y promène en se disant que, malgré le calme apparent, il va s’y passer quelque chose. Peut-être parce que Fjällbacka, en suédois, signifie  » derrière la montagne « , suggérant une promesse de secrets bien cachés. Sans doute parce que les toits en tuiles et les rues étroites menant presque toutes vers le port forment une curieuse scène de contrastes, surtout lorsque les nuages bas s’invitent au décor. On comprend pourquoi l’écrivaine Camilla Läckberg, née ici durant l’été 1974 sans savoir qu’elle deviendrait la plus célèbre des romancières suédoises, s’inspire nuit et jour de son patelin natal pour imaginer ses récits policiers. En dix ans, elle y a écrit dix histoires pour autant de best-sellers. Et à chaque fois, sans exception aucune, c’est ce lieu qui sert de paysage à l’intrigue.

Une actrice ici adulée.
Une actrice ici adulée.© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Bien sûr, dès lors, les touristes littéraires ne manquent pas dans ce hameau surplombé par une imposante église en granit. En quête de frissons, ils guettent les passants, errent sur les pontons et attendent le crépuscule pour apprécier les faisceaux des guirlandes lumineuses chargées de rendre les hivers moins sombres… Çà et là, se baladent également quelques férus de cinéma hollywoodien : l’actrice Ingrid Bergman a passé la plupart de ses étés sur l’île de Dannholmen, située sur un archipel à l’ouest du village. Une statue rend hommage à la comédienne qui, à la fin des années 50, tomba amoureuse du lieu au point d’y acheter une maison discrète et de demander que l’on répande ses cendres dans les eaux alentour. Définitivement, on se trouve ici dans un monde qui n’est pas tout à fait réel…

Fjällbacka, bijou blotti dans un fjord.
Fjällbacka, bijou blotti dans un fjord.© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Détente au fil des fjords

Pause méritée !
Pause méritée !© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Une bonne heure plus loin, se trouvent encore quelques étapes qui méritent largement des petits ou des grands détours. Direction Lysekil d’abord, où l’on dépose la voiture sur un petit ferry qui emmène vers l’île verdoyante de Skaftö. Après un court trajet entre les prairies où paissent les moutons et les demeures rouges éparpillées dans le décor, on se laisse instantanément absorber par l’élégance de Fiskebäckskil. Figurant sur la liste des plus beaux villages du pays, le lieu ne se contente pas de séduire par son emplacement de rêve au bord d’un fjord tranquille : il possède aussi un arrière-plan fait de calmes quartiers aux rues pentues et aux magnifiques maisons entourées de jardinets. Pour un moment de détente insolite, il faut pousser les pieds jusqu’à l’hôtel de Gullmarsstrand et s’offrir une partie de mini-golf – accessible à tous – face à la mer. Faites-nous confiance : le panorama fait oublier la brise un peu fraîche qui caresse les visages…

Sur une colline de Fiskebäckskil.
Sur une colline de Fiskebäckskil.© PHOTOS : NICOLAS BALMET

Autre halte en forme de carte postale : Grundsund, qui dévoile des petits cottages posés au bord de l’eau. Un célèbre feuilleton suédois – Saltön, pour le citer – est tourné ici depuis une bonne dizaine d’années, et ses adeptes ne se lassent pas de se faufiler par procuration parmi les minuscules chemins en bois qui longent le canal traversant le village. Encore un de ces endroits que l’on quitte avec l’âme sereine et les pieds cotonneux. Un de ces lieux qui, à l’image de Skärhamn, toujours plus au sud, déroulent des reflets bleus qui donnent envie de suivre le fil de la mer pour partir à la découverte des milliers d’îlots emportés par les vagues. De nombreux voyageurs choisissent d’ailleurs de s’y aventurer en… kayak, histoire de tutoyer les côtes et d’observer au plus près l’esthétisme magnétique de l’archipel. Une parenthèse flottante qui rend le retour sur la terre ferme d’autant plus apaisant. Ainsi s’apprivoise le Bohuslän, au gré de ses contours imprécis et de ses excursions improvisées…

La côte en kayak : un must.
La côte en kayak : un must.© PHOTOS : NICOLAS BALMET / HENRIK TRYGG
Le port de Skärhamn.
Le port de Skärhamn.© PHOTOS : NICOLAS BALMET
En pratique Se renseigner

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Brussels Airlines propose des vols Bruxelles/Göteborg dès 76 euros A/R. www.brusselsairlines.com Se loger

Grand Hotel. Situé à Lysekil, cet hôtel est l’un des plus anciens de la côte ouest suédoise : depuis 1878, son décor pittoresque, ses chambres charmantes et sa superbe salle de petit-déjeuner régalent des hôtes en quête de calme. Pour les amateurs, le lieu possède également son propre vignoble…

www.grandhotellysekil.se

Stora Hotellet Bryggan. A deux enjambées du port de Fjällbacka, un hôtel au design inspiré, à la fois moderne et exotique. Le top : un restaurant avec vue panoramique sur le détroit de Skagerrak.

www.storahotelletbryggan.se Conseils

Notre compte-rendu part du nord vers le sud, mais bien sûr, il fonctionne dans l’autre sens. La région se découvre en voiture. On conseille d’éviter l’été, car la côte est alors très prisée par les vacanciers suédois et les touristes. Le mieux, c’est le printemps, lorsque les enseignes rouvrent leurs portes après l’hiver. Quoi qu’il en soit, si vous avez le temps, profitez-en pour passer quelques jours à Göteborg, une ville très agréable, dynamique, verte et pleine de bonnes adresses food.

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