De la simple plaisanterie à un Empire du voyage: rencontre avec le duo derrière la Route du Soleil

© Travelbase/Fille Roelants
Gerlinde De Bruycker
Gerlinde De Bruycker Collaboratrice Weekend.be

Ce qui n’était au départ qu’une blague d’étudiant s’est transformé en une ambitieuse agence de voyage. Charles et Simon ont mis sur pied un concours d’auto-stop sur la Route du Soleil, alors qu’ils étaient encore étudiants. Ceux qui avaient rejoint le monde de l’entreprise après leurs études vont abandonner sans regret une situation financière confortable pour suivre leur passion et devenir tour-opérateurs à plein temps.

Six ans plus tard, l’agence de voyages Travelbase emploie déjà 25 collaborateurs permanents et affiche un chiffre d’affaires annuel de 14 millions d’euros pour 2018. Les Gantois sont à la tête de 4 agences de voyages en Belgique et aux Pays-Bas. « Notre objectif est de vendre des voyages à 1 million de personnes d’ici 10 ans et de devenir le leader du marché européen dans le domaine des voyages actifs « , déclare Charles Van den Bossche (32 ans), co-fondateur.

Et dire que tout a commencé suite à un vol manqué lorsque Charles était encore étudiant. « C’est vrai (rire). Un jour, nous sommes allés avec quatre amis dans le sud de la France, pour rendre visite à un camarade qui était en Erasmus. Ce voyage a un peu dérapé et on a raté notre vol de retour. Nous n’avions pas d’autre choix que de retourner en Belgique en auto-stop. Nous avons décidé d’en faire une course. On s’est bien amusés et ça nous a donné envie de continuer. Une fois à la maison, nous sommes partis à la recherche de 100 personnes qui souhaitaient rejoindre Barcelone en auto-stop. »

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Le grand saut

Ce sont les premières années de Facebook et la réactivité est grande. Après une journée, ils reçoivent près de 150 demandes pour participer. Finalement, 300 étudiants vont quitter Gand pour Barcelone uniquement en levant le pouce: la Route du Soleil était née. Un an plus tard, les jeunes auto-stoppeurs battent le record du monde avec plus de 1000 participants.

En dehors de ce concours d’auto-stop, Charles et son compagnon de voyage Simon Vandeweghe restent deux simples étudiants. L’un en Droit, l’autre se destinant à être ingénieur commercial. Ici et là, ils organisaient bien un voyage de surf ou de ski, mais uniquement comme passe-temps. Car comme beaucoup de leurs pairs, ils sont entrés dans le monde du bureau après l’obtention de leur diplôme. Charles comme banquier, Simon comme commercial. « Ce concours d’auto-stop était un projet d’étudiant. L’intention n’était pas du tout de construire une entreprise autour du concept « , se souvient Charles. Néanmoins, les deux amis d’enfance ont continué à organiser des voyages de surf et de ski, qui vont connaître un succès croissant. Les poussant, un beau jour, à se lancer pour de bon dans l’inconnu.

Transport spécial

« Je me souviens encore de l’incrédulité de nos proches lorsque nous avons abandonné nos emplois bien rémunérés « , sourit Charles. « J’étais sur le point de devenir banquier à New York et ce, à l’âge de 25 ans. Mais notre projet de voyage me démangeait trop. Au début, Simon et moi n’avions ni bureau, ni personnel, ni rien. Mais nous croyions fermement en ce que nous voulions faire : organiser des voyages actifs aux quatre coins du monde. L’incompréhension de certains n’a fait que nous convaincre davantage. »

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Le duo qui a alors dans la vingtaine lance Travelbase autour d’un concept: chaque voyage s’articule autour d’un moyen de transport particulier qui vous permet de découvrir la région. En canoë ou en voilier, en cyclomoteur, en train, à pied, en tuktuk… Nous voulons offrir un contrepoids aux vacances tout compris classiques. Rester deux semaines sur un transat au bord d’une piscine, non merci ! Nos voyages doivent être une véritable expérience, du premier au dernier jour. »

Cela semble bien beau, mais aussi très épuisant. Ne revient-on pas complètement crevé de telles vacances ? Charles secoue la tête. « Pas du tout! Mentalement, ça te donne un énorme coup de boost. Nous encourageons les gens à faire et à expérimenter des choses. C’est la meilleure façon de recharger les batteries. Et de créer des souvenirs. Même sur la toute première Route du Soleil, on reçoit encore des retours. »

Barcelona Express

La célèbre course existe encore aujourd’hui, sous le nom de  » Barcelona Express « . C’est l’un des trente concepts de voyage que Travelbase a déployés entre-temps. Le concours annuel part de trois pays à trois moments différents : Belgique, Pays-Bas et France. Le principe n’a pas changé : 1 000 participants font de l’auto-stop vers Barcelone en cinq étapes. « À chaque arrêt, nous louons un grand terrain où nous entreposons notre barda: tentes, sanitaires, nourriture et boissons », dit Charles. « Nous ne voulons pas nier nos racines. Tout a commencé avec l’auto-stop. »

Est-ce que l’ancien banquier lève toujours le pouce lui-même ? « Ces dernières années, je dois l’admettre, cela a un peu diminué. Mais j’essaie de faire par moi-même chaque voyage que nous offrons. Je reviens tout juste d’Islande, où nous avons tracé un itinéraire de marche. C’était une lutte contre la neige et la pluie, mais, oh!, si belle. »

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Millenials

Aujourd’hui, Charles passe un tiers de son temps sur la route pour tester de nouveaux voyages. Un travail de rêve, semble-t-il, mais qui n’est pas des vacances pour autant. Travelbase est également de plus en plus actif à l’étranger, certains voyages attirent déjà plus de Français et de Néerlandais que de Belges. « Nous avons vu notre public de voyageurs évoluer énormément « , note Charles. « Au début, nous nous concentrions principalement sur les étudiants et les personnes d’une vingtaine d’années, mais nous voyons que les personnes plus âgées s’intéressent aussi beaucoup aux voyages aventureux. »

On pourrait aussi se demander pourquoi un millénial choisirait une agence de voyages. Avec un smartphone à la main, vous préparez vos propres vacances, n’est-ce pas ? « Les agences de voyages et les voyagistes sont en effet associés à des groupes cibles plus âgés », sourit Charles. « Nous ne croyons pas non plus aux bureaux physiques. La portée de l’Internet est incroyablement plus vaste. Et je pense que c’est aussi plus fiable : j’attache plus d’importance aux critiques de centaines de personnes qu’à l’opinion d’un agent de voyage derrière son bureau. Nous sommes les enfants de notre génération, nous avons vu Facebook et Instagram se développer. Sans les médias sociaux, nous ne serions pas l’entreprise que nous sommes aujourd’hui. »

Hors de sa zone de confort

Mais encore une fois, pourquoi les jeunes devraient-ils faire appel à une agence de voyages ? « Tout d’abord parce qu’ils veulent faire l’expérience du sentiment de groupe « , explique Charles. « Je pars en voyage et je reviens avec 10 nouveaux amis – quelque chose comme ça. Surtout dans les premières années de la Route du Soleil, nous étions vraiment connus pour cela. Tout le monde s’est fait une petite amie lors de nos voyages, nous étions comme un Tinder avant la lettre. (rires) »

« Mais il y a une autre raison plus importante », poursuit-il. « Si vous voulez voyager de façon aventureuse, être un peu guidé est indispensable. Canoë-kayak à travers la Suède, navigation en Croatie, avec le tuktuk à travers le Sri Lanka …. Nous traçons des itinéraires moins évidents et effectuons nos propres travaux exploratoires à l’avance, pour en garantir la qualité. C’est là que réside la valeur ajoutée de notre agence de voyages. »

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Les ambitions pour Travelbase sont clairement élevées, comme l’était la Route du Soleil à l’époque. Pourquoi une telle envie de voir grand ? Charles hausse les épaules. « Si quelque chose vous passionne, on ne compte plus ses semaines ou ses week-ends. C’est la nature des choses, je crois. Et la nature de l’entrepreneuriat. Tu veux toujours rejoindre le niveau supérieur. Simon et moi sommes motivés par la recherche de nouveaux défis. C’est la même adrénaline que celle que nous ressentons en voyage. Si on reste dans sa zone de confort, on risque de rapidement s’ennuyer.

L’avenir de nos vacances

Voyager fait désormais partie intégrante de la vie. Tout le monde le fait, souvent très loin et dès le plus jeune âge. Comment Charles Van den Bossche voit-il l’avenir du voyage ?

« Le climat jouera bien sûr un rôle plus important dans le monde du voyage. Cette question a également fait l’objet de nombreuses discussions internes dans notre pays. Nous transférons les bénéfices de nos concours annuels d’auto-stop à un fonds qui plante des arbres au Kenya. Nous cherchons maintenant à savoir si nous pouvons l’étendre à tous nos projets et, à terme, nous aimerions planter un arbre par voyageur. À mon avis, c’est là que réside l’avenir pour les voyageurs conscients : voir le monde et agir positivement en même temps. Celui qui voyage n’est pas un croque-mitaine ! J’ai l’impression que les gens qui explorent activement le monde sont beaucoup plus préoccupés par l’environnement que ceux qui restent dans leur jardin. Par exemple, nous avons beaucoup de végétariens parmi nos voyageurs : environ 15 à 20 pour cent.

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Les pays du nord de l’Europe sont une destination d’avenir à laquelle je crois fermement.

Ce sont des lieux d’une grande beauté, où la nature joue un rôle de premier plan. Les personnes revenant de Suède, d’Islande, de Norvège, d’Ecosse, …. sont toujours si enthousiastes. Ces régions sont diamétralement opposées au tourisme classique axé sur le soleil comme l’Espagne et la France. Sur ma propre liste, il y a deux pays que j’aimerais visiter à court terme : Madagascar, qui doit être l’un des pays les plus particuliers au monde en termes de biodiversité, et la Jordanie, où j’aimerais faire une promenade dans le désert. Je n’aime pas retarder de tels rêves de voyage : l’année prochaine, ils seront devenus réalité ! »

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