Le géant chinois du tourisme en faillite

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Rouge écarlate: criblé de dettes, le conglomérat chinois HNA, géant du tourisme et de l’aviation plombé par la pandémie, a annoncé vendredi son placement en procédure de faillite, au moment où Pékin serre la vis au secteur privé.

HNA est l’un des plus gros groupes privés chinois. Il a un temps revendiqué 400.000 emplois et est notamment la maison-mère de Hainan Airlines, compagnie aérienne très connue en Chine et vitrine du groupe.

En France, HNA est surtout connu pour son fondateur, Wang Jian, 57 ans, qui s’était tué en 2018 après une chute, en voulant se faire prendre en photo à Bonnieux (Vaucluse).

Fondé en 2000, le groupe HNA s’est développé rapidement à coup d’acquisitions tous azimuts au point de devenir un gigantesque conglomérat diversifié, présent non seulement dans l’aérien mais aussi dans le tourisme et la logistique.

Ces secteurs ont été fortement pénalisés par l’épidémie de coronavirus.

Criblé de dettes, HNA a indiqué dans un court communiqué vendredi que ses créanciers avaient demandé son placement en faillite et une restructuration.

« Le groupe ne pouvait pas rembourser ses dettes », précise le document.

HNA a promis de coopérer avec la justice et de défendre les droits des créanciers.

Pour renflouer sa trésorerie, l’entreprise dont le siège se trouve dans l’île tropicale de Hainan (sud), s’efforce de réaliser des cessions et de se désengager de coûteux actifs immobiliers.

Elle reste cependant endettée à hauteur de 75 milliards de yuans (9,6 milliards d’euros), d’après l’agence d’information financière Bloomberg.

HNA est qualifié par les autorités de « rhinocéros gris », c’est-à-dire une grosse entreprise à l’endettement alarmant et présentant un risque financier systémique.

Le groupe s’était par le passé distingué par des investissements massifs et prestigieux à l’étranger, prenant des participations notamment dans la Deutsche Bank et les hôtels Hilton.

Mais Pékin a forcé HNA ces dernières années à se défaire d’une grande partie de ces actifs pour réduire son endettement.

Labyrinthe de filiales et endettement

D’une manière générale, les régulateurs chinois sont préoccupés par l’ampleur des prêts contractés par les grands conglomérats du pays, à l’image de Wanda (immobilier, cinéma, parcs d’attraction), Fosun (tourisme, divertissement) et Anbang (assurance, hôtellerie).

Pékin s’inquiète particulièrement de leur poids, du labyrinthe de filiales enchevêtrées et surtout des risques financiers associés à leur niveau d’endettement.

Plus récemment, les autorités ont stoppé in extremis la colossale entrée en Bourse à Hong Kong du géant du paiement en ligne Ant Group, fondé par Jack Ma, pionnier du e-commerce en Chine avec son groupe Alibaba.

L’opération aurait dû permettre de lever plus de 34 milliards de dollars et devenir la plus grosse introduction en Bourse de l’histoire.

Jack Ma a pu froisser le régime communiste en critiquant publiquement les régulateurs financiers de brider l’innovation.

La Chine a par ailleurs lancé une vaste campagne anti-corruption en 2012, après l’arrivée du président Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois (PCC). Depuis, plus d’un million et demi de cadres du PCC ont été sanctionnés.

Cette opération, populaire auprès de l’opinion, est également soupçonnée de servir à écarter les personnalités opposées à la ligne du président, notamment dans le monde des affaires.

Lai Xiaomin, ancien patron d’un fonds d’investissement accusé d’avoir touché pour plus de 215 millions d’euros de pots-de-vin, a été exécuté vendredi matin, a annoncé la télévision publique.

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