Les incontournables pour un citytrip de 72 heures à Vienne
Freud y vécut, Sissi y régna et Mozart y mourut. Barbara, elle, chanta mieux que personne l’atmosphère qui se dégage de la capitale autrichienne, entre sa beauté impériale et sa mélancolie fatale. Petite balade entre les musées, les parcs, les cafés… et les fantômes.
Jour 1
10 heures – La cathédrale Saint-Etienne
Le centre de Vienne est très couru, autant par ses visiteurs sereins que par ses pèlerins minutés qui, face à la majesté du tableau, tentent de respecter leur copieux programme de visites. La splendide capitale autrichienne bat des records de fréquentation d’année en année, et en 2019, elle risque de connaître un boom sans précédent, après avoir été élue » ville la plus agréable du monde » par le magazine britannique The Economist. Aussi, pour apprécier l’aura de certains endroits, il vaut parfois mieux se lever tôt. On pense aux musées, mais aussi à la monumentale cathédrale Saint-Etienne, emblème de Vienne qui, depuis 1433, s’impose comme une véritable résistante – même la Seconde Guerre mondiale ne la dépouilla que de 45 % de sa chaire. Sa somptueuse toiture, habillée de 230 000 tuiles formant une sorte de tapis d’Orient vernissé, contraste avec son architecture gothique. A l’intérieur, on croise notre premier fantôme : celui de Wolfgang Amadeus Mozart qui, en 1782, épousa Constanze Weber sur l’autel baroque, avant d’y faire baptiser ses deux enfants…
Nicolas Balmet
11 heures – L’Opéra national
Le long du fameux Ring qui encercle le centre historique, se trouve l’un des plus vieux opéras du monde. Inauguré en 1869 avec le Don Giovanni de… Mozart, le lieu fêtera ses 150 ans en 2019 avec une programmation qui fera résonner Verdi, Strauss ou Berlioz à travers les murs de sa magnifique façade néoromantique. Des expositions sont également prévues, ainsi que des représentations projetées à l’extérieur, en live et gratuitement, sur un écran géant de la place Herbert von Karajan – du nom de l’un de ses éminents anciens directeurs. Pour vivre un moment unique dans le berceau de la musique classique, difficile de trouver mieux. D’ici là, les visites guidées se déroulent en journée pour 9 euros à peine.
Nicolas Balmet
12 h 30 – Street food
Déjeuner street food au Bitzinger Würstelstand, juste à côté du musée Albertina, pour déguster une institution locale. En version fumée, au fromage ou épicée, servie sur assiette ou en sandwich, la saucisse viennoise est ici grillée comme il se doit… et on s’en lèche les doigts. Pour ceux qui n’aiment pas manger debout, le très joli parc de Burggarten se trouve juste à côté.
1, Albertinaplatz.
13 h 30 – Karlskirche
Au sud du Ring, à quelques rues du fringant hôtel Impérial où dormirent aussi bien Charlie Chaplin que Michael Jackson, un petit détour s’impose par l’église Saint-Charles pour admirer le reflet du bâtiment sur le bassin d’eau situé juste devant. Plutôt rare : à l’intérieur, se trouve un ascenseur permettant d’aller tutoyer les fresques en trompe-l’oeil du dôme, mais aussi d’accéder à un espace extérieur offrant un très beau panorama sur la ville. Cela dit, si vous êtes sensible au vertige, oubliez ça tout de suite…
15 heures – Le Belvédère
Toujours plus au sud, il faut monter en pente douce jusqu’au musée du Belvédère, situé dans un somptueux palais baroque construit à la demande du valeureux prince Eugène de Savoie qui, en son temps, libéra l’Europe centrale de l’occupation ottomane. Le bâtiment est divisé en deux châteaux : l’inférieur – pour les expos temporaires – et le supérieur, où se déploie l’une des collections les plus enviées du globe, avec des oeuvres se promenant du Moyen Age à nos jours. Ses hôtes les plus réputés se nomment Egon Schiele, Oskar Kokoschka et bien sûr Gustav Klimt. Ce dernier a légué ici pas moins de vingt-quatre tableaux, dont le fougueux Baiser que l’Autrichien peignit à l’apogée de sa période dorée, et qui est en permanence assailli par des visiteurs qui ont bien du mal à en décoller les yeux…
Nicolas Balmet
Jour 2
9 heures – Landstrasse
Du côté Est, très loin de la majesté des palais, se trouve un quartier surprenant signé par l’architecte viennois Friedensreich Hundertwasser, élève appliqué d’un certain Gaudí. C’est lui qui a dessiné les plans de la Kunsthaus Wien, où l’on s’arrête boire un café pour profiter d’un décor écolo-psychédélique tout droit sorti d’Alice au pays des merveilles. C’est également lui qui a imaginé l’étrange immeuble aussi déglingué que coloré de la Kegelgasse, qui fut bâti dans les années 80 et qui permet à ses hôtes de gribouiller ou orner eux-mêmes leurs façades. Un faux chaos architectural où, par endroits, la végétation semble littéralement sortir des murs…
Nicolas Balmet
10 h 30 – Le Prater
Longue promenade indispensable sur les rives du Danube, et plus particulièrement parmi les multiples surprises du Prater, ancienne réserve de chasse impériale reconvertie en parc. Les Viennois adorent venir flâner parmi ses bosquets, s’asseoir au bord de ses plans d’eau, déguster un jambonneau grillé à la Schweizerhaus – l’un des huit restaurants du domaine -, visiter le musée du Chocolat ou celui de Madame Tussauds, et bien sûr prendre de la hauteur dans la célèbre grande roue empruntée par James Bond dans Tuer n’est pas jouer et sur laquelle se déroule l’une des scènes clés du film Le Troisième Homme avec Orson Welles. Un lieu gigantesque – une journée ne suffirait pas pour en faire le tour – mais d’une quiétude agréablement désuète. Bien sûr, quand le fleuve apparaît, c’est Johann Strauss qui renaît, avec son Beau Danube bleu qui, un siècle et demi après sa composition, demeure la plus gracieuse des valses viennoises…
Nicolas Balmet
13 heures – À table
A deux pas du quartier des musées, le Glacis Beisl affiche un menu varié qui invoque les spécialités autrichiennes, parmi lesquelles un excellent goulash de boeuf et une copieuse escalope viennoise (créée en son temps pour épater le maréchal Joseph Radetsky). Par beau temps, c’est sur la terrasse arborée, décorée de lampions, qu’il faut absolument réserver.
4, Breite Gasse.
SDP
14 h 30 – Le quartier des musées
C’est en l’an 2001 que Vienne a inauguré l’un des plus grands complexes culturels du monde qui, sur 60 000 m2, fait rayonner aussi bien la peinture que le théâtre, la danse ou le cinéma. Mention spéciale au musée Leopold, qui abrite la plus grande collection d’originaux d’Egon Schiele – dont Le danseur et la Femme nue -, mais aussi au très beau Mumok et ses oeuvres contemporaines mélangeant le pop art, le photoréalisme, l’expérimentation sonore ou visuelle, ainsi que le modernisme incarné par Picasso ou Mondrian. A l’extérieur, sur la place où se trouvaient jadis les écuries de la Cour impériale, on s’installe en mode bohème sur l’un des divans design posés sur les pavés, non loin du piano » libre d’accès » où des anonymes viennent parfois s’autoriser quelques notes – ici, vous pensez bien, tout le monde est un peu musicien.
Jour 3
8 h 30 – Hofburg
A la fois magnifique et ultratouristique, le palais de Hofburg est une occasion unique de traverser six siècles de pouvoir autrichien, tout en se rappelant que Vienne fut longtemps la capitale de l’un des plus influents Etats de l’histoire européenne. Rien d’étonnant, donc, au fait que tout respire ici la grandeur. Entre la salle du Trésor impérial, la bibliothèque nationale, la serre à papillons ou la collection d’argenterie montrant à elle seule à quoi pouvaient bien ressembler les dîners somptueux de jadis, il y a de quoi se rincer les yeux durant de longues heures. A ne pas louper : la visite des appartements de l’empereur François-Joseph et de son épouse Elisabeth – alias Sissi – dont les esprits hantent les chambres, les salons ou les salles d’audience. Dans le cabinet de sport, on apprend même que la célèbre impératrice était une férue de… gymnastique, comme en témoigne la présence d’une barre fixe, d’espaliers et d’anneaux. Le tout à côté d’opulentes tapisseries qui étaient fabriquées à Bruxelles.
Nicolas Balmet
12 heures – Brasserie
Dans un cadre délicieusement bourgeois, le Plachutta Hietzing aime les traditions gastronomiques. Aussi, cette brasserie d’un autre temps est spécialisée dans les pot-au-feu, servis avec élégance dans des poêlons en cuivre. Entre deux visites de palais, on fait plaisir au nôtre !
1, Auhofstrasse.
14 heures – Schönbrunn
Quand les Habsbourg avaient besoin de se détendre, c’est ici qu’ils venaient profiter d’un immense domaine fait de tapis de fleurs, de bassins ou de répliques de ruines romaines. Passionnés de botanique, ils rapportaient des arbustes et des plantes des quatre coins du monde, qu’ils entretenaient dans la serre de Palmenhaus, aujourd’hui riche de quelque 4 000 végétaux. Parfois, ils s’en allaient dire bonjour aux lions, aux zèbres et autres bêtes exotiques ramenées de leurs explorations. Fondé en 1752, Tiergarten est désormais le plus vieux zoo du monde encore en activité – avis aux amateurs : on y croise même des pandas. Et un jour, pour célébrer une victoire contre la Prusse, les Habsbourg firent même bâtir la Gloriette, un gigantesque portique à colonnades qui trône tout au fond de leur » jardin « . Bien sûr, le palais en lui-même est un véritable bijou qui, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, régale d’appartements impériaux aux décors raffinés. On comprend pourquoi Sissi adorait venir y passer ses étés, mais aussi pourquoi les visiteurs aiment s’y rendre en hiver : sur la douzaine de marchés de Noël organisés à Vienne, celui qui se pose à l’entrée du palais de Schönbrunn est forcément d’un romantisme irrésistible…
SDP
En pratique
Se renseigner
Pour les visites, les bonnes adresses et l’actualité des événements, le meilleur guide en ligne est ici : www.wien.info/fr. On conseille vraiment leur City Card (à partir de 17 euros) donnant accès aux transports en commun et incluant un tas de réductions.
Y aller
Austrian propose des vols Bruxelles/Vienne à partir de 105 euros A/R. Compter 1 h 40 de vol.
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet
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