Les voyageurs chinois pour sauver le tourisme arabe

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Les pays arabes comptent sur les voyageurs chinois et sur l’expansion du tourisme interne pour redynamiser leur secteur touristique qui a souffert des attentats jihadistes, ont indiqué des ministres du Tourisme réunis à Madrid.

A peine remis de l’impact des révoltes du Printemps arabe de 2011, les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont vu leurs réservations chuter l’an dernier après les attaques terroristes qui ont frappé la Tunisie et l’Egypte, faisant fuir de nombreux vacanciers des plages et des sites historiques.

Le nombre de touristes chinois a cependant grimpé en flèche l’année dernière en Egypte, le gouvernement ayant autorisé les vols charter en provenance du géant asiatique, a relevé le ministre égyptien du Tourisme Hisham Zaazou.

Grâce à cela, le nombre de touristes chinois en Égypte a plus que doublé, de 60.000 en 2014 à 135.000 en 2015, « au cours d’une année pendant laquelle nous avons beaucoup souffert », a-t-il souligné, lors d’une conférence en marge du Salon international du tourisme qui s’achevait dimanche Madrid.

En septembre, huit touristes mexicains avaient été tués par erreur par les forces de sécurité égyptiennes dans le vaste désert occidental.

Le mois suivant, un avion russe s’était écrasé dans le désert du Sinai, peu après avoir décollé de Sharm el-Sheikh, tuant les 224 passagers et membres d’équipage.

L’organisation Etat islamique (EI) avait revendiqué cet attentat et des dizaines de milliers de touristes étrangers avaient dû patienter dans la station balnéaire, leurs vols retour ayant été annulés pour raisons de sécurité.

L’Egypte a par ailleurs intensifié la promotion de son tourisme en Arabie saoudite et dans d’autres pays du Golfe persique, avec succès, et s’efforce aussi d’intensifier son « tourisme interne », a fait valoir Hisham Zaazou.

« Les touristesvont revenir »

Le pays compte sur « la mémoire courte » des voyageurs, qui étaient par exemple revenus en Egypte après le massacre de Louxor en 1997 (60 morts, surtout suisses et japonais). « Je crois que 2016 sera l’année du retour des touristes en Egypte et dans notre partie du monde », a conclu le ministre.

A l’instar de l’Egypte, le Maroc s’efforce de développer son tourisme interne pour compenser les fluctuations des arrivées d’étrangers, a déclaré le ministre marocain du Tourisme, Lahcen Haddad said.

Le marché domestique représente actuellement 33% de l’activité touristique totale, contre 25% en 2012. « Plus il y a tourisme interne, plus une destination devient solide et résiliente (…) car les gens voyagent dans leur propre pays quoi qu’il arrive », a-t-il fait valoir.

« Cela a aussi incité un grand nombre d’investisseurs à rester au Maroc pour investir davantage », affirme le ministre marocain. « Nous avons été capables d’attirer plus d’investissements en dépit de la crise qui avait débuté à la mi-2014. Nous avons aussi constaté que davantage d’emplois étaient créés et davantage de chaînes hôtelières intéressées par le Maroc », tel le groupe suisse Movenpick qui a ouvert, fin 2015, son troisième hôtel dans le pays, à Marrakech.

Encourager le tourisme local

A l’exception d’une attaque contre des touristes en 2011 à Marrakech –plus grand centre touristique du pays– le Maroc aura connu la tranquillité au cours de la dernière décennie. Mais le secteur a subi une baisse du nombre de visiteurs, l’an dernier, après l’attaque survenue dans la Tunisie voisine, à Sousse, où 38 personnes – essentiellement des vacanciers britanniques – ont été abattus en juin.

« Quand les temps sont difficiles, c’est le tourisme interne qui te maintient à flots. Et nous avions négligé notre tourisme local », remarque le ministre jordanien du Tourisme, Nay ef Al-Fayez.

L’organisation mondiale du Tourisme des Nations unies, basée à Madrid, prévoit que le nombre de touristes étrangers voyageant vers le Moyen Orient et l’Afrique du Nord va tripler jusqu’à atteindre 195 millions en 2030.

Mais son dirigeant, l’ancien ministre jordanien du Tourisme Taleb Rifai, avertit que l’amélioration de « la situation sécuritaire et l’image de la région constituent un grand défi ».

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